Selon le « Rapport bilan OMD 2000-2015 Evaluation des progrès accomplis par la RDC » du PNUD, aucun des objectifs n’a été atteint.
Gaston Mutamba Lukusa
Les 18 et 19 septembre s’est tenu à New York le Forum politique de haut niveau pour le développement durable, organisé sous les auspices de l’Assemblée générale des Nations Unies. Les objectifs de développement durable (ODD) sont un ensemble de 17 objectifs adoptés par les Nations Unies en 2015. Ils sont un appel mondial à agir pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir que tous les êtres humains vivent dans la paix et la prospérité d’ici à 2030.
Ces objectifs sont les suivants: Pas de pauvreté; Faim « zéro »; Bonne santé et bien-être; Éducation de qualité; Égalité entre les sexes; Eau propre et assainissement; Énergie propre et d’un coût abordable; Travail décent et croissance économique; Industrie; innovation et infrastructure; Inégalités réduites; Villes et communautés durables; Consommation et production responsables; Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques; Vie aquatique (exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines); Vie terrestre (lutter contre les changements climatiques); Paix, justice et institutions efficaces; Partenariats pour la réalisation des objectifs.
Lors de ce Forum, une Déclaration politique a été adoptée visant à accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Les chefs d’État et de gouvernement ainsi que les hauts représentants des États Membres ont été d’accord que l’élimination de la pauvreté constitue le plus grand défi auquel est confrontée l’humanité et une condition indispensable au développement durable. Ils ont constaté, « avec une vive inquiétude, à mi-parcours de l’échéance de ce programme, que la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) est en péril ». Ils ont affirmé que les progrès réalisés pour la plupart des objectifs sont soit beaucoup trop lents, soit en régression par rapport à la situation de départ en 2015. A peine 15% des cibles sont en voie d’être atteints.
Pour sa part, le Secrétaire général de l’ONU a jugé que les ODD nécessitent un « plan de sauvetage mondial ». Il s’est dit « profondément encouragé » par l’engagement à améliorer l’accès des pays en développement « au carburant nécessaire à la réalisation des ODD », à savoir le financement. Il s’est félicité de l’appui des États membres à un plan de relance des ODD d’au moins 500 milliards de dollars par an, assorti d’un mécanisme d’allègement de la dette, ainsi qu’à la réforme d’une architecture financière internationale « dépassée, dysfonctionnelle et injuste ». Il a enfin proposé aux États une liste concrète des tâches à accomplir.
Avant les objectifs de développement durable, il y eut les objectifs du millénaire pour le développement
Suivant la Banque mondiale, la République démocratique du Congo demeure l’un des pays les plus pauvres du monde, avec environ 62% de la population vivant avec moins de 2,15 dollars par jour. Cette pauvreté se présente sous plusieurs facettes: faible revenu, insatisfaction des besoins alimentaires, incapacité d’accéder aux soins de santé et à la scolarisation, incapacité de se loger décemment etc. L’indice de développement humain reste en dessous de la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne. Avant les ODD actuels, il y avait les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qui avaient été définis lors du Sommet du Millénaire de septembre 2000 à New York.
A cette occasion, les dirigeants du monde entier avaient fixé des objectifs globaux afin de réduire, d’ici à l’an 2015, la pauvreté ainsi que ses causes et manifestations. Ces objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) furent les suivants: réduire de moitié l’extrême pauvreté et la faim, réaliser l’éducation primaire universelle et l’égalité des sexes, réduire de deux tiers la mortalité des enfants de moins de 5 ans et de trois quarts la mortalité maternelle, inverser la tendance en matière de propagation du VIH/sida et du paludisme, réaliser un développement durable et assurer la viabilité de l’environnement. Ils comprenaient aussi l’objectif de l’établissement d’un partenariat mondial pour le développement, avec des objectifs pour l’aide, les échanges et l’allégement de la dette. A l’échéance en 2015, très peu de pays ont atteint les OMD.
La RDC n’avait atteint aucun des objectifs du millénaire pour le développement
Selon le « Rapport bilan OMD 2000-2015 Evaluation des progrès accomplis par la RDC » du PNUD, aucun des objectifs n’a été atteint. « Les importantes réformes réalisées durant cette dernière décennie ont permis au pays de normaliser sa situation politico-sécuritaire, de stabiliser son cadre macroéconomique, de relancer et de consolider la croissance de son économie, de renverser le rythme de décroissance de son indice de développement humain et d’améliorer le niveau de vie de sa population. Ces progrès qui positionnent la RDC aujourd’hui parmi les pays les plus dynamiques d’Afrique subsaharienne ne doivent occulter des défis persistants dans les domaines de développement humain. Toutefois, ils ont permis d’enregistrer des avancées considérables dans la réalisation de tous les OMD, particulièrement pour l’Objectif visant à assurer l’éducation primaire pour tous… » De manière générale, l’évaluation des Objectifs du millénaire pour le développement a démontré une baisse de l’incidence de la pauvreté, une diminution de la malnutrition et une certaine augmentation du pouvoir d’achat. Mais la création de nouveaux emplois a stagné malgré un taux de croissance économique élevé. Des inégalités ont continué à persister non seulement entre les villes et les campagnes mais aussi entre les provinces. La pauvreté demeure plus grande dans les zones rurales que dans les villes. Elle continue à s’accroitre. Dans certaines contrées, la population vit dans une extrême pauvreté et dans la précarité. Elle ne mange pas à sa faim, elle souffre de maladies endémiques, elle n’a pas accès à l’eau potable, à l’électricité et à l’éducation. Enfin, elle loge dans des taudis si pas dans la rue.
Cette paupérisation n’est pas due uniquement aux conflits armés, à la corruption et à la mauvaise gouvernance. Il y a aussi l’insuffisance et l’inefficacité des dépenses publiques, un accès insuffisant aux marchés dans les pays développés et une diminution de l’aide publique au développement. Ces dernières années, il y a une certaine amélioration des conditions de scolarisation et d’apprentissage des enfants grâce à la mise en œuvre de la gratuité de l’enseignement primaire. Aussi, dans le cadre du Programme de Développement Local des 145 territoires, il y a réhabilitation et construction des écoles. En matière de santé, il y a des tentatives de couverture sanitaire universelle et un début de prise en charge des soins de maternité. Le gouvernement est aussi préoccupé par des questions écologiques et d’environnement.
Tous ces projets exigent malheureusement de l’argent dont le pays ne dispose pas suffisamment malgré ses richesses naturelles. Le chemin à parcourir dans la réalisation des objectifs de développement durable reste donc très long.
Gaston Mutamba Lukusa
