La RDC navigue vers l’inconnu: Au secours les Américains!

Qui l’eût cru? La présidente du Bureau de l’Assemblée nationale a dégagé une enveloppe de 37 mille dollars américains au profit de Greystone Global Strategies. Jeanine Mabunda escompte ainsi bénéficier de l’appui de ce cabinet de lobbying basé aux Etats-Unis, un soutien dans l’effort de valorisation de la place du parlement congolais dans l’ossature structurelle politique du pays, tel qu’édicté par la Constitution. Mais le plus important pour la speaker de la chambre basse semble être le triomphe des options politiques de l’Assemblée congolaise auprès des élus américains.

Un coup d’épée dans l’eau

Le contrat signé le 30 juillet dernier a, en principe, pris corps le 1er août et court jusqu’au 31 décembre prochain. Selon Foreign Agents Act (FARA), la caisse de l’Assemblée nationale vomira 7.500 dollars mensuellement au bénéfice de Greystone Global Strategies pour une opération d’influence auprès du Congrès américain.

Initialement, ce deal ne devrait susciter aucune réaction, d’autant qu’il s’inscrit dans la tradition au niveau des Etats à travers le monde. Libre à Jeanine Mabunda, à la tête d’une importante institution du pays, de recourir à une opération de charme et de percée diplomatique pour des raisons données. L’interrogation naît simplement lorsqu’on décortique les grandes articulations de ce contrat. Il est, en effet, de notoriété universelle que le lobbying est une entreprise coûteuse à laquelle accède peu d’institutions, voire d’Etats. Que ce deal se tisse sur une modique somme de 37.000 dollars, on s’interroge sur le sérieux, mais surtout sur les dividendes à escompter d’un tel montage.

Deuxième inquiétude. Mabunda, cadre du Front commun pour le Congo (FCC), famille politique majoritaire au Parlement, travaille certainement pour le compte de son camp. A se demander si la speaker de la chambre basse n’a pas la mémoire courte. N’est-ce pas qu’il y a peu, la majorité présidentielle – mère de l’actuel FCC – était en altercation avec l’administration américaine? Aux revendications du respect des droits de l’homme, du respect de la Constitution quant au nombre de mandats présidentiels… le précédent régime opposait la souveraineté du peuple congolais. Et patati patata!

Divorce fracassant

Aurait-on oublié aux Etats-Unis toute la verve oratoire déversée contre les « impérialistes » nostalgiques de l’ancien Congo par le porte-parole du gouvernement d’alors, Lambert Mende. Nombreux autres caciques du régime précédents se disputaient la vedette contre des organes des Nations-Unies, des Ongs internationales, des chancelleries occidentales… qui osaient dénoncer le moindre méfait relevé dans la gestion du pays.

Et il y avait plus. Le régime précédent s’était totalement détourné des Américains pour embrasser sereinement la République de Chine, bénéficiaire, par conséquent, du fabuleux patrimoine du sous-sol congolais. Il est connu que ces « sanctions » congolaises ont véritablement creusé le fossé entre la MP d’alors et la nouvelle administration Trump. Pour qui connait les habitudes culturelles des pays occidentaux, il est indiscutable que l’administration Trump court derrière un schéma bien esquissé dans ses relations avec les précédents dignitaires de la RDC.

Encore au pouvoir, ces Yankees seraient-ils disposés à revoir leur copie pour avaler la couleuvre Mabunda, même via un cabinet de pression? Le FCC ne serait-il pas en train d’accuser des signes de panique consécutive à l’évolution de la donne politique sur l’échiquier national et surtout international? La très intelligente présidente du Bureau de l’Assemblée nationale pouvait-elle investir ses espoirs et surtout son prestige dans une entreprise aux racines frivoles?

Une lecture silencieuse des événements aurait pu dissuader Jeanine Mabunda de s’engager dans ce deal. En ce moment précis, l’attention du politique américain est focalisée sur deux cibles principales. Les élections de novembre prochain accaparent la conscience d’un peuple connu pour son attachement primordial et prioritaire au sort de son pays. Mais les Etats-Unis aujourd’hui sont également gangrenés par les affres de la pandémie à coronavirus. Dossier sur lequel prend appui la campagne électorale qui a démarré furtivement; les congressistes n’auraient certainement pas le temps de s’occuper en urgence des tumultes politiques en RDC. Tout au plus, ils peuvent passer le flambeau à la préceptrice Belgique. Quitte à recevoir le rapport au moment opportun. Or l’ancienne métropole non plus n’a pas bon souvenir du régime précédent.

Combat d’arrière-garde

Peut-on vraiment espérer fléchir la position des Américains avec un capital de 37.000 dollars Us? Le FCC devrait rentrer dans sa conscience pour bien apprécier les actions à mener avec succès. Une sagesse de chez moi affirme que le meurtrier a la mémoire courte; il n’en est pas le cas de la personne éprouvée. Le souvenir de la gestion MP est encore frais dans la mémoire collective que l’artillerie sortie actuellement – des marches pacifiques sur le plan national et la pression sur le bloc occidental – semble en déphasage.

Après l’humiliation subie il y a peu, le stratège occidental est certainement entrain d’expérimenter une nouvelle « molécule » pour la défense de leurs intérêts. Toute élégance préservée, on peut estimer que le FCC se conjugue au passé. Dans la sphère occidentale. Par la faute de ses cadres, ayant fait une lecture biaisée des rapports des forces sur la planète et du passé historique de la République Démocratique du Congo. Aujourd’hui, le FCC entreprend de réajuster le tir, en demandant secours aux Etats-Unis. En retard. N’est-ce-pas?

 

Bondo Nsama – Journaliste

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