La RD Congo parmi les pays les plus corrompus, selon Transparency International 

Le rapport 2024 classe la République Démocratique du Congo au 163ème rang mondial sur 180 pays, avec un score de 20. Il n’y a pas de progression par rapport à l’année 2023. Cependant, en 2021, le pays était classé au 169ème rang mondial avec un score de 19. La corruption demeure endémique dans le pays en dépit de tout le tintamarre fait autour des enquêtes de l’Inspection générale des finances (IGF) qui dépend de la présidence de la République et qui empiète sur les missions de l’Assemblée nationale, du Sénat et de la Cour des comptes.

Gaston Mutamba Lukusa

Comme chaque année, l’ONG Transparency International a rendu public, le mardi 11 février son rapport mondial sur l’indice de perception de la corruption (IPC). Cette association, dont le siège se trouve à Berlin, est entièrement vouée à la lutte contre la corruption dans le monde. Le dernier rapport est intitulé « Indice de perception de la corruption 2024: La corruption joue un rôle dévastateur dans la crise climatique ». Suivant Maria Martini, Directrice générale de Transparency International, « Nous devons éradiquer la corruption urgemment avant qu’elle ne rende impossible une action climatique significative. Les gouvernements et les organisations multilatérales doivent intégrer des mesures de lutte contre la corruption dans leurs efforts en faveur du climat afin de préserver les financements, de rétablir la confiance et de maximiser leur impact. Aujourd’hui, des forces corrompues non seulement dictent bien souvent les politiques, et elles démantèlent les contre-pouvoirs, réduisant au silence les journalistes, les activistes et toutes les personnes qui se battent pour l’égalité et la durabilité. Une véritable résilience face aux changements climatiques nécessite de s’attaquer directement et résolument à ces menaces. Les personnes vulnérables du monde entier ont désespérément besoin d’une telle action ».

L’indice de perception de la corruption (IPC) 2024 a noté 180 pays et territoires suivant les niveaux perçus de corruption dans le secteur public. Le calcul est fait en se référant à 13 sources de données provenant de 12 institutions différentes. Les perceptions du niveau de corruption dans chaque pays sont faites par des experts et des hommes d’affaires au cours des deux dernières années. Le score 100 signifie très peu corrompu, et zéro indique que le pays est très corrompu.

La corruption demeure endémique par manque de volonté politique

La RD Congo est actuellement confrontée à une instabilité accrue. Dans son rapport 2021, Transparency International signalait que la corruption, les conflits et les problèmes sécuritaires sont profondément liés. Les malversations, les détournements et les vols de fonds publics ont pour effet de priver les institutions en charge de la protection des citoyens, du respect de l’État de droit et du maintien de la paix, des ressources nécessaires pour remplir ces missions essentielles. Le rapport 2024 classe la République Démocratique du Congo au 163ème rang mondial sur 180 pays, avec un score de 20. Il n’y a pas de progression par rapport à l’année 2023. Cependant, en 2021, le pays était classé au 169ème rang mondial avec un score de 19.

La corruption demeure endémique dans le pays en dépit de tout le tintamarre fait autour des enquêtes de l’Inspection générale des finances (IGF) qui dépend de la présidence de la République et qui empiète sur les missions de l’Assemblée nationale, du Sénat et de la Cour des comptes. A noter qu’une des missions du parlement congolais est d’exercer un contrôle sur le gouvernement, les entreprises publiques, les établissements et services publics par la question orale ou écrite avec ou sans débat non suivie de vote, la question d’actualité, l’interpellation, la commission d’enquête et l’audition par les Commissions. De même la Cour des comptes n’exerce pas correctement son travail qui consiste à assurer le contrôle de gestion des finances de l’Etat, des biens publics ainsi que les comptes des provinces, des entités territoriales décentralisées ainsi que des organismes publics. A côté de l’IGF, il y a l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption (APLC), qui dépend aussi de la présidence de la République mais qui est inefficace, inopérante et accusée de corruption. Dans la lutte contre la corruption, il existe aussi des associations sans but lucratif qui sont financées par l’extérieur mais dont les dénonciations ne sont pas prises en compte par le gouvernement. Enfin il y a les Cours et Tribunaux qui sont eux-mêmes gangrenés par la corruption. Trop souvent les auteurs de corruption et de détournements des deniers publics sont relaxés.

Un classement indicatif

Les 10 pays les moins corrompus dans le monde sont les mêmes qui se retrouvent depuis quelques années dans le top 10 de l’IPC. Il s’agit par ordre du Danemark (90), de la Finlande (88), de Singapour (84), de la Nouvelle-Zélande (83), du Luxembourg (81), de la Norvège (81), de la Suisse (81), de la Suède (80), des Pays-Bas (78), de l’Australie (77) et de l’Irlande (77).  Plus loin, la Belgique (69) est alignée au 22ème rang mondial, la France (67) se retrouve à la 25ème position tandis que les USA (65) sont classés au 28ème rang. Au bout de la queue, les 10 pays les plus corrompus sont le Soudan avec un score de 15, le Nicaragua (14), la Guinée Equatoriale (13), l’Erythrée (13), la Lybie (13), le Yémen (13), la Syrie (12) le Venezuela (10), la Somalie (9) et le Soudan du Sud (8). Ce sont les mêmes pays qui sont cités depuis des années comme étant les plus corrompus. Les pays africains considérés comme étant les moins corrompus sont les Iles Seychelles avec un score de 72 au 18ème rang mondial, le Cap Vert au 35ème rang mondial avec un score de 62. Le Botswana est au 43ème rang mondial avec un score de 57, ex aequo avec le Rwanda, la Namibie au 49ème rang (59). L’île Maurice se retrouve au 51ème rang mondial (56). L’Afrique du Sud se trouve, quant à elle, classée au 82ème rang mondial avec un score de 41. Pour rappel, la République Démocratique du Congo se retrouve au 163ème rang mondial sur 180 pays, avec un score de 20 seulement. Il faut noter que des entreprises et des Etats se basent sur l’IPC pour déterminer leur décision d’aide publique ou d’investissements.

Gaston Mutamba Lukusa

5 commentaires sur La RD Congo parmi les pays les plus corrompus, selon Transparency International 

  1. « Indice de perception », voilà comment on nous gave avec des termes savants pour détruire tous les efforts qui sont entrepris pour combattre ce fléau qui détruit notre pays. Cette corruption dont on parle a connu son apogée dans les années 70-80 lorsque Mubutu avait demandé de façon solennelle aux congolais en disant: boyibaka muke muke. Comme chez nous, la parole du chef a force de loi, cette déclaration a permis aux plus malins qui avaient en charge le pouvoir de gérer les finances du pays de prendre le « guide timonier  » au mots. Les gradés dans la police et dans l’armée se sont donnés à cœur joie. Les cadres du pays dans tous les secteurs ont emboîté le pas. La majorité d’entre eux qui avaient de nombreuses maîtresses ont trouvé là le moyen d’entretenir leur ribambelle d’enfants. L’arrivée de L.D.Kabila n’a pas changé la donne, les libanais et les indo-pakistanais sont devenus des véritables pachas. Celui qui se fait appeler Kabila a tout simplement institutionalisé la corruption avec les chinois avec lesquels il a signé des dizaines de contrats leonins. Aujourd’hui, seul le FMI qui a un regard critique sur la gestion du pays peut objectivement donner des chiffres et des éléments d’appréciation adéquats. Les rapports de transparency international alimenté par les associations du genre ( odep, licoco, ) n’ont aucune crédibilité parce que la plupart de ces associations qui vivent d’expédients ne sont là que pour régler des comptes.

  2. Cher GML,
    Votre article m’a inspiré PLAIDOYER POUR UNE JUSTICE INTERNATIONALE CONTRE LA CORRUPTION EN RDC. Je le partage avec tous ceux qui veulent contribuer pour le porter plus loin.
    La corruption en RDC n’est pas une fatalité. Elle est maintenue par un système d’impunité, de complicité et d’inaction internationale. Il est temps d’aller au-delà des simples rapports de dénonciation comme le fait ce rapport de Transparency International et de mettre en place des mécanismes concrets pour que justice soit faite. Nous appelons les organisations internationales, les gouvernements occidentaux, la société civile et tous les citoyens engagés à se mobiliser pour exiger des actions immédiates contre les détournements de fonds publics et la restitution des richesses volées au peuple congolais. La prospérité et la dignité du Congo en dépendent.
    Depuis l’indépendance en 1960, notre pays est minée par ce fléau qui gangrène toutes ses institutions : la corruption. Ce cancer économique et social a plongé des générations entières dans la misère pendant que les élites dirigeantes s’enrichissent de manière scandaleuse, pillant les ressources nationales à leur seul bénéfice. Malgré les multiples rapports d’ONG comme Transparency International, les enquêtes de l’Inspection Générale des Finances (IGF) et d’autres structures de contrôle, l’impunité demeure la règle, et les fonds détournés finissent systématiquement dans les banques occidentales, servant à financer des styles de vie luxueux aux dépens du peuple congolais.
    La corruption en RDC n’est pas un simple dysfonctionnement institutionnel. Elle est une stratégie de maintien au pouvoir et un instrument de domination qui empêche tout développement économique et social durable. Face à cette situation, il est impératif de proposer des solutions concrètes permettant à nos populations lésées d’agir et de récupérer les richesses volées.
    1. Instauration d’un cadre légal international contraignant pour la restitution des fonds détournés.
    Il est inacceptable que les milliards de dollars issus de la corruption en RDC soient domiciliés dans des banques occidentales, investis dans l’immobilier de luxe en Europe ou en Amérique du Nord, sans possibilité de traçabilité et de restitution. Nous exigeons :
    • La mise en place d’un mécanisme international de restitution des avoirs illicites, sous l’égide des Nations Unies ou d’une institution spécialisée, qui permettrait aux populations spoliées de se constituer partie civile.
    • L’application stricte des lois anti-blanchiment dans les pays occidentaux afin d’empêcher le dépôt de fonds issus de la corruption.
    • Une coopération judiciaire renforcée entre la RDC et les juridictions internationales pour identifier et rapatrier les avoirs détournés.
    2. Sanctions ciblées contre les corrompus et complices.
    L’impunité des dirigeants congolais corrompus est facilitée par l’inaction des pays dans lesquels ils placent leurs richesses. Nous demandons :
    • L’établissement d’une liste noire des politiciens et hauts fonctionnaires congolais impliqués dans la corruption, avec interdiction de voyager et gel de leurs avoirs à l’international.
    • L’application de sanctions économiques individuelles, inspirées du Magnitsky Act américain, contre toute personne reconnue coupable de détournement des fonds publics.
    • L’ouverture d’enquêtes sur les banques, avocats et intermédiaires financiers qui facilitent ces transactions illégales.
    3. Transparence et participation des citoyens congolais dans la lutte contre la corruption.
    La société civile congolaise doit jouer un rôle central dans la dénonciation et la récupération des fonds détournés. Nous plaidons pour :
    • Le renforcement des mécanismes de protection des lanceurs d’alerte et journalistes d’investigation qui dénoncent la corruption.
    • La création d’une plateforme de veille citoyenne qui documente les détournements et alerte les instances internationales.
    • L’obligation pour les gouvernements et entreprises partenaires de la RDC de publier les contrats miniers, pétroliers et d’infrastructures afin d’assurer une gestion transparente des ressources.
    MIKE MUKEBAYI N’EST PAS UN CORROMPU !

  3. Pas etonnant. Allez donc voir la mafia au sommet inclu notre gros-jouisseur, sa femme et leurs familles respectives, sans parler de la bande UDPS-USN inclu frappeurs ex-Matonge.

  4. Presque partout en Afrique, politique du ventre oblige, le poste de Président de la République est celui qui offre le plus grand potentiel de prédation au sein de l’Etat. A cet égard, il n’y a rien de plus naïf pour le législateur que de faire dépendre de la présidence de la République une institution aussi vitale pour la nation que l’Inspection générale des finances (IGF).

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