La mort de Laurent-Désiré Kabila : Une affaire classée ?

Vingt-quatre années après la mort mystérieuse du président Laurent-Désiré Kabila, tous les commentateurs sont passés à « autre chose ». Plus personne ne se pose de bonnes questions : qui a tué LD Kabila ? Quel en est le mobile ? Où est l’arme du crime ? Pourquoi le défunt n’a pas baigné dans son sang alors qu’il avait l’aorte sectionnée ?

« Cold case ». Affaires classées ! C’est ainsi que les Américains nomment les affaires non-résolues par les enquêteurs notamment du FBI. Et ce faute de preuves pour confondre les présumés coupables et leurs complices.

A l’occasion du 24ème anniversaire de la commémoration de la disparition du troisième Président de notre pays, la journée a été proclamée chômée et payée. Ceux qui espéraient assister à des débats sur « l’affaire Kabila » ont dû déchanter. Dans la presse, certains se sont contentés de rappeler les abus commis par les enfants soldats dits « Kadogos » avec des chicottes. « Tumbu yulu », criaient-ils. D’autres, se sont limités à parler du « panafricaniste » que fut Mzee. Pas un mot sur les circonstances de son décès. Rien.

Le 16 janvier 2001, les Congolais ont appris avec stupeur que leur Chef de l’Etat a été tué dans son bureau de travail. Cet événement aurait-il un lien avec la rupture, fin juillet 1998, de la « coopération militaire » entre LD Kabila et les dirigeants ougandais et rwandais qui l’avaient porté au pouvoir un certain 17 mai 1997?

A quoi joue Stavros Papaioannou ?

Dans un récent « tweet » sur « X », l’ancien patron de la compagnie aérienne « Hewa Bora Airlines », citoyen grec de son état, a créé un petit événement. Selon lui, deux heures après la mort de Mzee, il a reçu un appel téléphonique. La personne au bout du fil n’était autre que James Kabarebe depuis Kigali : « Veuillez dire au  ministre Jeannot Mwenze Kongolo que le président Paul Kagame souhaite qu’il succède à LD Kabila ».

Stavros s’est aussitôt précipité au cabinet de Mwenze, alors ministre de la Justice. Quelques heures après, le ministre Mwenze recontacte « Stavros » : « Avez-vous un avion pour aller chercher le général-major Joseph Kabila à Lubumbashi ? »  On connait la suite. L’avion transportant « Kabila » atterrit, dans la nuit du 16 au 17 janvier 2001, à Kinshasa. La ville était en état d’urgence. Le ministre de l’Information d’alors, Dominique Sakombi-Inongo, d’annoncer que « Kabila » assure les fonctions de Président à titre intérimaire. Qui lui a attribué cette fonction?

Dans une sorte de « rétropédalage », sieur Papaioannou publie le 11 janvier 2025 un autre « tweet ». Que lit-on ? « J’ai toujours soutenu que l’assassinat de Laurent-Désiré n’était ni l’œuvre de Paul Kagame, ni encore moins, celle de Joseph Kabila ». L’homme a manifestement été « blâmé ». Par qui ? Poser la question, c’est y répondre. Une certitude : la mort de Mzee est entourée de plusieurs énigmes.   

Enigmes

Ministre de la Santé au moment des faits, Léonard Mashako Mamba a été le premier à examiner le corps sans vie du Président. Il fut surpris de constater que ce dernier avait du sang coagulé derrière l’oreille. Autre constat : l’aorte était sectionnée. Curieusement, la victime ne baignait pas dans son sang.

Aux cliniques Ngaliema, le médecin urgentiste qui examine la dépouille du chef de l’Etat fera le même constat. Pour lui, « la mort était antérieure aux impacts de balles sur le corps ». Vous avez bien entendu: le Mzee était déjà lorsqu’on a tiré des balles sur son corps. Qui a ordonné le transfert du cadavre à Harare, au Zimbabwe ? Mystère !

Dans un article paru dans son numéro 341 de février/mars 2001, le magazine Africa international rapporte que « Mzee a succombé à une crise d’épilepsie au cours d’une soirée arrosée et son corps criblé de balles par les proches pour corroborer la thèse de l’attentat ». Des observateurs furent surpris par le calme et la sérénité qui caractérisaient les proches parmi les proches de Mzee. C’est le cas notamment de Gaétan Kakudji, Abdoulaye Yerodia  Ndombasi et Jeannot Mwenze Kongolo.

Ces trois personnalités ont joué un grand rôle dans l’avènement de « Joseph Kabila » à la tête du pays. Ils ne sont plus de ce monde. Gaétan Kakudji est mort le 21 juillet 2009. Abdoulaye Yerodia Ndombasi, le 19 février 2019 ; Jeannot Mwenze Kongolo, le 28 juin 2021. Morts naturelles? Témoin oculaire autoproclamé du meurtre de Mzee, l’économiste Emile Mota est décédé le 20 septembre 2021.

Jeudi 16 janvier 2025, Marie-Olive Lembe, épouse « Kabila », est allée fleurir la tombe de Mzee. Rien de plus normal. Quelques  « apparatchiks» du FCC (Front commun pour le Congo) étaient présents. On imagine que la commémoration du 24ème anniversaire de la mort de Mzee se passe à la congolaise : on boit, on mange, on chante et on danse.

Les « kabilistes » ont raté l’occasion de manifester leur fidélité à Mzee par l’organisation d’une « journée de réflexion ». Réflexion sur les circonstances exactes de la mort de ce fils du pays. Une belle opportunité de tenter de répondre aux questions qui restent sans réponse. Il apparaît que la mort énigmatique de LD Kabila est une affaire classée y compris au sein de la « Kabilie« …      

B.A.W.

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