La République Démocratique du Congo dispose d’une superficie de 2.345.000 km² dont 35% jugés propres à l’agriculture, d’un sous-sol très riche et d’une population d’environ 90 millions d’habitants. Le pays possède plus de 128 millions d’hectares de forêts naturelles dont la majeure partie n’est pas encore touchée. Ces forêts représentent près de 10% de l’ensemble des forêts tropicales du monde et plus de 45% de celles de l’Afrique. En dépit d’énormes potentialités naturelles, qui s’élèvent à près de 25.000 milliards de dollars, sa population est confrontée à une extrême pauvreté. Près de 80% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le Rapport Mondial 2020 du PNUD sur le développement humain situe l’indice de développement humain à 0,480 ce qui classe la RD Congo au 175ème rang mondial sur 189, parmi les pays à faible développement humain.
Pourquoi certains pays se développement et d’autres pas?
Il est établi que c’est la bonne gouvernance qui permet aux pays de fonctionner de façon effective et d’améliorer les conditions de vie de la population. Suivant la Banque mondiale, la gouvernance est le processus et les institutions par lesquels l’autorité est exercée dans un pays, à savoir primo, le processus par lequel les gouvernements sont sélectionnés, tenus redevables, surveillés et remplacés; secundo, les capacités des gouvernements à gérer les ressources et à fournir les services efficacement, ainsi qu’à formuler et mettre en œuvre de bonnes politiques et réglementations; tertio, le respect des institutions qui gouvernent les interactions économiques et sociales.
Ainsi donc, la gouvernance est bonne quand, intégrant les exigences d’efficacité et d’efficience, le fonctionnement de différents services permet, à l’instar d’un puzzle, que tout s’agence, que tout s’imbrique pour donner une forme ou un résultat cohérent et satisfaisant.
Dans ce cas, faisant partie d’un ensemble, chaque service ou institution se voit assigné un rôle précis à jouer, en fonction des attributions claires lui reconnues et selon les règles établies pour garantir l’harmonie de l’ensemble et pour obtenir les résultats escomptés ou atteindre les objectifs poursuivis.
Les indicateurs mondiaux de bonne gouvernance portent sur la stabilité politique et l’absence de violences, l’efficacité des pouvoirs publics, la qualité de la réglementation, l’Etat de droit, la maîtrise de la corruption ainsi que le respect des droits politiques, civils et les droits de l’homme. Un professeur d’économie nous enseignait à l’époque que si vous vivez dans un pays où tout est difficile et compliqué, cela veut tout simplement dire que vous vous retrouvez dans un pays sous-développé.
Les crises en RD Congo sont les conséquences de la mauvaise gouvernance
La mauvaise gouvernance est à l’origine des crises multiformes et multisectorielles en RD Congo. Elle n’a en effet pas permis aux richesses du pays d’améliorer les conditions de vie du plus grand nombre. Elle a plutôt entraîné la déconfiture de l’État, précipitant le pays dans des guerres et dans la pauvreté. Les institutions ont évolué longtemps dans un climat de dysfonctionnement total et de corruption généralisée. Ce qui a empêché toute perspective de prospérité et de développement économique.
Pour s’en sortir, il faut réformer l’Etat. Des actions prioritaires doivent être menées par le gouvernement dans plusieurs domaines. Il s’agit de la réforme du secteur de sécurité (forces armées, police, justice), de la transparence dans la gestion de la chose publique (industrie extractive, exploitation forestière) d’une bonne gestion des finances et des entreprises publiques, de la réforme de l’administration publique (recensement, mise à la retraite et formation des fonctionnaires), du transfert effectif du pouvoir vers les provinces par la décentralisation, de l’amélioration du climat des investissements et de la réforme des entreprises publiques qui sont susceptibles d’entraver la reprise économique du pays.
C’est le cas notamment de la SNCC (Société Nationale des Chemins de fer du Congo), de la SCTP (Société Congolaise des Transports et des Ports), de la SNEL (Société Nationale d’Electricité) et de la REGIDESO (Régie de Distribution d’Eau). Le budget de l’Etat a été géré pendant plusieurs années sans programmation des dépenses publiques, à savoir l’application intégrale des instructions et directives relatives à l’exécution du budget de l’Etat. L’avantage d’une bonne programmation des dépenses réside dans la diminution des dépenses imprévues qui sont souvent sources de gaspillages des ressources de l’Etat. Une bonne programmation permet de renforcer le rôle de l’Etat dans sa politique de développement économique et d’amélioration des conditions de vie des populations. Une bonne maîtrise des dépenses publiques n’est possible que quand il existe une réelle volonté politique.
Malheureusement, elle a souvent fait défaut. La conséquence en est que le budget de l’Etat n’est pas exécuté dans l’esprit de la loi. Les dépenses imprévues continuent à bousculer le budget, hypothéquant toute croissance de l’économie et le partage équitable des bénéfices sociaux.
Dans le même temps, le budget des voies et moyens de l’Etat est faible. Souvent, les recettes fiscales et douanières ne parviennent pas à rencontrer les besoins par suite d’une assiette trop étroite, de la diminution du revenu national officiel ainsi que de la corruption systématique des agents et dirigeants des régies financières. Il devient impérieux d’augmenter les recettes budgétaires. Les statistiques des exportations minières ne traduisent pas du tout la réalité à cause d’une fraude documentaire et qualitative massive.
Dans le secteur minier, les produits sont exportés sous des appellations qui ne sont pas conformes aux usages, le poids des produits est sous-estimé dans des proportions qui dépassent tout entendement. En effet, une quantité de produits pesant 33 tonnes peut, par la volonté d’un fonctionnaire, être réduite à 3,3 tonnes. La conséquence de ces deux failles agit négativement sur les recettes de l’État.
Parfois, les taux d’imposition sont réduits au détriment du Trésor public par les ministres ayant les Mines et les Finances dans leurs attributions, en violation flagrante de la Constitution et de la loi.
Gaston Mutamba Lukusa