Le 26 janvier 2017, « Joseph Kabila » a totalisé seize années de présence à la tête de l’Etat congolais. C’est la moitié du temps accompli par le président Mobutu Sese Seko. En dehors de « quelques routes goudronnées » (dixit Etienne Tshisekedi), le progrès économique et social n’est pas au rendez-vous. L’Etat de droit, non plus. Au lieu de prendre ses cliques et ses claques, l’homme s’accroche au pouvoir.
« Kabila » est-il conscient de son impopularité? « Il s’en fout! ». C’est la réponse teintée de condescendance qui fuse dans certains milieux proches de la Présidence de la République.
Peut-on décemment gouverner un Etat sans se soucier des attentes de la population? « Joseph Kabila » serait-il chargé d’une mission occulte qui consisterait à maintenir l’ex-Zaïre « à genoux » pour permettre aux pays de ses mentors de « rester debout »?
Né à « Hewa Bora II », la seule localité qui n’a jamais existé au Congo-Kinshasa, le successeur de Mzee n’a pas grandi dans le pays. Il est donc illusoire de lui demander de manifester de l’attachement psychologique à l’égard d’une « terre » qui ne l’a pas vu naître et grandir.
Plus grave, en vingt années de présence sur le sol zaïro-congolais, « Joseph Kabila » et sa fratrie rechignent à s’intégrer dans ce pays qui leur a tout donné. La « famille » vit dans une sorte de citadelle assiégée sous la protection des soldats étrangers. Elle évite tout contact avec la population.
« Joseph Kabila » a trouvé un allié de poids pour « dompter » les Congolais. Cet allié a pour nom la vénalité. En clair, l’homme a compris la « fragilité » du politicien congolais face à l’argent. Celui-ci est prêt à se laisser acheter au mépris de la morale. Le politicien congolais, à quelques rares exceptions près, n’a aucun idéal. Il n’a aucune conviction en des valeurs.
Le politicien congolais est prêt à adorer aujourd’hui ce qu’il avait immolé la veille. Le même politicien congolais claironne des principes sur la démocratie et le respect des droits de l’homme tant qu’il broie du noir dans les rangs de l’opposition. L’homme devient un adepte du conservatisme dès qu’il gravit les marches du pouvoir.
Depuis le 1er septembre dernier, l’Etat congolais n’est plus administré. Le pays est paralysé. En cause, le personnel politique « dialogue ». Un dialogue qui est généralement suivi du partage des postes.
Formatées par les années Mobutu – où un remaniement ministériel intervenait quasiment tous les six mois -, les masses congolaises ont leur attention focalisée sur ce forum. Il suffit de scruter les échanges à travers les réseaux sociaux pour réaliser l’attraction que la politique politicienne exerce sur les ex-Zaïrois. On spécule sur qui sera quoi.
Après le dialogue « non inclusif » piloté par le Togolais Edem Kodjo, les évêques catholiques ont pris le relais dans la quête de « l’inclusivité ». « Joseph Kabila » se considère toujours comme étant le maître du jeu politique. Il prend son temps.
Les négociations sordides qui se déroulent au Centre Interdiocésain sur le partage des postes risquent de porter un coup fatal à la crédibilité des forces du progrès.
Dans un entretien avec l’hebdomadaire « Jeune Afrique » n°2901-2902 daté du 14 août 2016, Zoé « Kabila » qui parlait, sans doute par procuration, a déclaré que sa fratrie n’entend en aucun cas « abandonner le pouvoir à n’importe qui ». Au motif que « leur père » LD Kabila, « a versé son sang pour ce pays ».
Parlant toujours par procuration, Zoé n’a pas dissimulé son mépris à l’égard des acteurs politiques congolais qui ne seraient animés, selon lui, que par un « esprit opportuniste » et des « intérêts égoïstes ».
Le 19 décembre 2015, le « Front citoyen 2016 » a vu le jour simultanément à Bruxelles et à Kinshasa. « Non au glissement », était le maître-mot. Cette organisation avait un grand espoir pour le changement.
Le 10 juin 2016, le « Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement » est né à Genval, en Belgique. Les participants ont exprimé une exigence majeure: « L’organisation des élections dans le délai constitutionnel et de l’élection présidentielle avant le 19 décembre 2016 (…) ».
Au risque de donner raison à la fratrie « Kabila », la plupart des ténors du « Front Citoyen » et du conclave de Genval sont devenus les meilleurs défenseurs d’une « cohabitation » avec un « Joseph Kabila » dont le départ du pouvoir devait intervenir le 19 décembre dernier.
Il n’est pas trop tard pour le personnel politique congolais de s’amender. Une seule condition: revenir aux fondamentaux en refusant toute compromission avec le dictateur « Kabila », un homme du passé.
Baudouin Amba Wetshi