Suite à une avarie, un aéronef de l’Armée de l’air française de type « Transall » est immobilisé depuis vendredi 18 novembre à l’aéroport international de Kisangani/Bangboka (Province de la Tshopo). Les commentaires sont allés dans tous les sens. L’événement tombe mal au moment où l’image de la France d’Emmanuelle Macron parait plutôt « brouillée » en ce moment où le Congo-Kinshasa est occupé à compter « ses véritables amis » pour l’aider à rétablir l’intégrité de son territoire.
Dans un communiqué daté du mardi 22 novembre 2022, la RVA (Régie des voies aériennes) a calmé – osons l’espérer – les esprits tant à Kisangani qu’à Kinshasa. Sans doute aussi dans la diaspora congolaise. Et ce suite à l’atterrissage pour le moins inhabituel d »un aéronef de l’Armée de l’air française à l’aéroport de Bangboka à Kisangani Boyoma. Selon les usages, l’appareil « en détresse » a dû atterrir « au premier aéroport le plus proche ».
Contrairement aux « informations » diffusées sur les réseaux sociaux à ce sujet, la direction de cette Régie – qui a en charge la gestion des installations aéroportuaires aux quatre coins du pays -, est formelle: l’avion ne contenait aucune arme. Il y avait une vingtaine de personnes dont un pilote de sexe féminin.
Dans son briefing hebdomadaire, mardi 22 novembre, le ministre de la Communication et médias, porte-parole du gouvernement, n’a pas dit autre chose. Après avoir balayé d’un revers de main les allégations circulant sur les réseaux sociaux, Patrick Muyaya Katembwe a déclaré que « l’un des moteurs [de cet aéronef, Ndlr] menaçait de prendre feu ». C’est ainsi que le pilote a décidé d’atterrir à l’aéroport le plus proche.
Trois questions taraudent les esprits. Quelle est le pays de provenance de cet aéronef? Quelle est la nature de sa cargaison? Quid de sa destination? Le ministre Muyaya « pense » que l’avion provenait de la Réunion, un département français d’outremer « dans un vol de routine ». Il devait se rendre à Bujumbura avant d’atteindre N’djamena, au Tchad. Selon lui, l’inspection effectuée par les services de la DGM (Direction générale de Migrations), il y a neuf passagers, quatre membres d’équipages et cinq pilotes qui devaient se relayer. « Aucune trace d’armes », a-t-il souligné? Comme à l’accoutumée en pareil cas, l’équipage attend l’arrivée de « dépanneurs ».
Expert en aéronautique et accident, Simon Diasolua Zitu d’expliquer: « Lorsque l’avion fait face à une avarie en plein vol, le pilote interroge le MEL [Minimum equipment list]. Il s’agit de s’avoir s’il faut poursuivre le voyage ou rebrousser chemin ». Pour l’ancien instructeur et commandant de DC10 d’Air Zaïre et LAC, le pilote est obligé de poser l’aéronef « sur le premier aéroport pouvant le recevoir ». Pour Diasolua, aucun avion ne peut survoler un pays qu’il y ait eu, au préalable, communication du plan de vol et l’obtention l’autorisation de survol.
Cet « incident aérien » survient au moment où l’image de la France est quelque peu écornée au niveau de l’opinion congolaise. A tort ou à raison, celle-ci suspecte l’Hexagone de faire partie des membres du Conseil de sécurité empêchent la RDC d’user de son droit souverain pour s’approvisionner en armes.
Pas plus tard que mardi 22 novembre, des députés et des sénateurs appartenant à l’Union Sacrée de la Nation – la mouvance qui soutient le président Félix Tshisekedi – ont appelé le gouvernement du Premier ministre Sama Lukonde à « suspendre » la participation du Congo-Kinshasa à l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie). Au motif notamment que la Rwandaise Louise Mushikiwabo, la secrétaire générale, est loin de garder l’église au milieu du village.
Aux dernières nouvelles, les « passagers » du Transall de l’Armée de l’air sont logés dans un hôtel boyomais. Il est vrai que jusqu’à preuve du contraire, la France n’est pas réputée comme un pays hostile. Un certain doute a fait jour…
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B.A.W.