Selon nos sources, des « hommes en uniforme » de la police nationale congolaise et de la « GR », la tristement célèbre garde prétorienne de « Joseph Kabila », sont déployés, au début de la soirée de ce samedi 20 janvier, à tous les « points chauds » de la capitale congolaise. Divers témoignages font état d’une multitude de check-points installés au milieu des artères principales. Le « Congo démocratique » du « raïs Joseph Kabila » se mue lentement mais sûrement en un Etat policier. Cette démonstration de la force brutale vise à empêcher la seconde « marche pacifique » que le Comité Laïc de Coordination » (CLC) a prévu dimanche 21 janvier à travers toutes les paroisses.
Régime illégitime et inconstitutionnel, l’oligarchie kabiliste a, dès ce samedi 20 janvier, commencé à restreindre les libertés d’aller et de venir aux quatre coins du pays en général et en particulier à Kinshasa, cette mégalopole de 9.900 km², habitée par plus de 10 millions d’âmes.
Les Kinois devaient samedi montrer « patte blanche » avant d’être autorisés à franchir les points de contrôle érigés ici et là à l’image d’un pays en état de siège. Boulevard du 30 juin (La poste), Kintambo Magasin, By pass, avenue des Huileries, avenue du 24 novembre, Rond-point Ngaba, Boulevard Lumumba sont notamment les endroits surveillés par les sicaires du pouvoir agonisant.
En dix-sept années d’exercice du pouvoir d’Etat, « Joseph Kabila » n’a guère fait remplacer la « Carte pour citoyen » – supprimée par les pseudos libérateurs de l’AFDL – par une carte nationale d’identité. Malheur donc aux noctambules qui ne seraient pas en possession de la carte d’électeur.
PARANOÏAQUE
Le Congo-Kinshasa serait-il menacé par un péril imminent? Un mouvement insurrectionnel tenterait-il de s’emparer du pouvoir? Nullement! En réalité, le Président hors mandat qui continue à trôner à la tête du pays est devenu paranoïaque. Il voit des « comploteurs » partout.
Bien que l’article 26 de la Constitution en vigueur garantit la « liberté de manifestation » et que les organisateurs sont astreintes à la seule obligation « d’informer par écrit l’autorité administrative compétente », le vice-gouverneur de la ville de Kinshasa, Clément Bafima, refuse de « prendre acte » de la lettre lui adressée dans ce sens par le Comité Laïc de Coordination. Face à une administration politisée et partiale, le Comité a décidé de maintenir sa manifestation.
Se croyant malin, Bafiba a invité les organisateurs à venir le rencontrer le vendredi 19 janvier alors qu’un « mandat d’amener » avait été lancé contre les animateurs du CLC. Il s’agissait d’un piège grossier pour permettre aux tortionnaires du chef barbouze Kalev Mutondo à venir cueillir les « protestataires ».
Aux quatre coins du pays, les critiques au ton réquisitorial formulées successivement par le Cardinal Laurent Monsengwo et le révérend François-David Ekofo sont au centre de toutes les conversations. Les deux religieux ont souligné, chacun à sa manière, que l’Etat congolais n’était pas conduit dans la bonne direction. Des avis partagés par l’Imam Shaykh Ali Mwinyi, chef des Musulmans du Congo-Kinshasa qui a estimé que le pays avait besoin d’un « traitement de choc ». Pour lui, la Constitution doit être respectée autant que les « engagements pris ».
HORS-LA-LOI
Dans un communiqué daté du 20 janvier, l’association de défense des droits humains « La Voix des Sans Voix » clame son « soutien » à la seconde « marche pacifique » du CLC. Elle précise que cette manifestation vise à « exiger l’application intégrale de l’Accord de la Saint Sylvestre du 31 décembre 2016, (…) notamment la libération des prisonniers politiques, la fin de l’exil des opposants menacés d’arrestation à leur retour au pays, la libéralisation de l’espace médiatique, la fin du dédoublement des partis politiques, etc… »
La « VSV » invite les autorités congolaises à prendre les « dispositions utiles » pour assurer un encadrement efficient des manifestants par la police.
Comme à son habitude, la mouvance kabiliste et ses alliés sont en quête de prétextes pour justifier la répression. Dans une interview accordée à « Actualités.CD », l’ex-MLC Thomas Luhaka Losendjola, ministre des Infrastructures et des travaux publics a annoncé les couleurs. Il a déclaré qu’ « ils » étaient en possession d’informations faisant état d’une « infiltration éventuelle » parmi les marcheurs.
A moins de vingt-heures des célébrations eucharistiques de ce dimanche 21 janvier, chacun retient son souffle. Le pays est sous état de siège. D’aucuns parlent – à tort? – d’ « occupation ». Une chose paraît sûre: « Joseph Kabila » est plus que jamais dans la situation d’un hors-la-loi. La rupture parait consommée entre lui et la grande majorité du peuple congolais pour lequel il n’a jamais éprouvé que du dédain…
B.A.W.
© Congoindépendant 2003-2018