C’est un aéronef de ce type qui a « crashé » dans la matinée de samedi 30 septembre après son décollage de l’aéroport de Ndolo à Kinshasa. Le bilan des victimes varie selon les sources. Selon une information difficile à vérifier, le chef d’état-major de la force aérienne aurait été arrêté. « Huit morts », c’est le bilan publié par le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. « Vingt à 30 morts », assurent d’autres sources. Selon des riverains, des éléments de la garde prétorienne de « Joseph Kabila » ont été les premiers à se déployer sur le lieu du sinistre. Et ce en lieu et place de la police judiciaire et d’un magistrat du Parquet ou de l’auditorat militaire.
Quelle est la cause du « crash » de l’An-12 de la force aérienne congolaise? Près de vingt heures après ce tragique accident, les sources officielles paraissent, comme à l’accoutumée, très peu loquaces. Et pourtant, la « communication de crise » est régie par une règle d’or: la vérité. Dire la vérité. Toute la vérité et rien que la vérité. A défaut, les médias finiront toujours par débusquer ce que les officiels tentent de dissimuler.
Dans son JT de samedi à 20h00, la télévision d’Etat (RTNC) a « expédié » le sujet à la fin de l’édition. Les spectateurs congolais qui espéraient voir des images ou entendre des témoignages des riverains ont dû déchanter. Rien.
Au Congo démocratique, « Joseph Kabila » s’est arrogé – sans texte – la « compétence exclusive » sur les questions touchant à l’armée, la police et les services de renseignements. Ces grands corps de l’Etat échappent à tout contrôle démocratique. Rien d’étonnant qu’ils se conduisent en milices.
Réputé, à tort ou à raison, d’avoir un « talent » pour travestir les faits, le ministre de la Communication et médias, Lambert Mende Omalanga, a donné sa version. Selon lui, l’appareil se rendait à Bunia, en Ituri, avec un équipage composé de trois Ukrainiens. Cinq militaires congolais étaient également à bord. Ces derniers convoyaient des marchandises dont la nature et la quantité n’ont pas été déterminées. D’après Mende, le bilan est de 8 morts. D’aucuns parlent déjà de « mensonge d’Etat ». Le chiffre a été revu « à la hausse » par le commandant de l’aéroport de Ndolo qui parle de 11 tués.
Selon une source proche de la Régie des voies aériennes (RVA), « l’avion était en partance pour Bukavu, au Sud Kivu ». « Il transportait deux véhicules, des armes et des munitions destinés aux forces loyalistes qui affrontent les miliciens maï maï Yakutumba à Uvira, souligne-t-elle. Quelques minutes après le décollage, la tour de contrôle a perdu le contact avec l’Antonov ».
A en croire certains riverains, l’avion semblait manœuvrer pour regagner son point de départ qu’il n’atteindra pas au moment où survient le tragique accident aux environs de la Nsele, une banlieue située à une soixantaine de kilomètres de la capitale.
Quid du nombre des victimes? Se fondant sur des « sources concordantes », l’AFP fait état de « plusieurs dizaines de morts ». Outre les membres de l’équipage de nationalité russe – et non ukrainienne – et les « convoyeurs » congolais, il y aurait des « passagers clandestins ». Combien? Mystère. Le nombre de tués oscillerait entre « entre 20 et 30 personnes ». D’après cette Agence qui cite un témoin, l’aéronef « tombait » sans qu’il dégage de la fumée.
Une source sécuritaire kinoise n’excluait pas samedi la thèse d’un « sabotage ». Sabotage par qui? Pourquoi? « Les militaires congolais sont fatigués de servir de chair à canon dans des guerres montées de toutes pièces par le raïs lui-même, confie-t-elle. Par le jeu de brassages et mixages, les Congolais sont frustrés de se voir confier des missions dangereuses pendant que les ‘brassés’ et les ‘mixés’ se pavanent dans les lieux paisibles. Cet accident est un signe indien… »
Sous d’autres cieux, le Parquet se serait saisi en dépêchant la police judiciaire sur le lieu du sinistre afin de procéder aux premiers devoirs d’enquête. Saura-t-on la vérité sur ce tragique événement? On peut en douter. Et pour cause, dès l’annonce de la chute de cet appareil, des éléments de la garde prétorienne de « Kabila », les fameux « GR », ont été les premiers à se déployer sur le lieu.
Secret-défense? Allons donc! Secret? Sans doute. Que dire de la défense dans cette armée de parade qui ne cesse d’aligner des contreperformances?
B.A.W.