Kinshasa: les gangs criminels font la loi

Il s’agit des kulunas. La population ne trouve son salut que dans la fuite. Les policiers dont le commissariat squattait un container exécutèrent aussi un « repli stratégique ». Les kuluna sont souvent des enfants en déperdition scolaire. D’après mon ami qui sait tout, si on n’y prend garde le Congo risque de devenir un second Haïti.

Gaston Mutamba Lukusa

Il est dangereux de vivre ces jours-ci dans Kinshasa ou ce qu’il en reste. A côté des embouteillages, des coupures d’eau et d’électricité, de la pollution sonore, des inénarrables pasteurs des églises de réveil, des tracasseries policières, des taxi-motos, un phénomène prend de plus en plus de l’ampleur. Il s’agit des kuluna (jeunes délinquants). Ils se répandent comme des rats. D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, la violence urbaine est omniprésente. Aucune commune n’est épargnée. Stupeur et tremblements!

Les kuluna sont généralement âgés de 12 à 20 ans. Leurs gangs se sont affublés de différents surnoms: Américains, Arabes, Chinois, Vietnamiens, Lionceaux, Zaïrois, Rouges, Salopards etc. Ces bandits sont souvent tatoués et sniffent des stupéfiants. Ils s’affrontent à toute heure de la journée à coups de machettes, de barres de fer, de tournevis, de bâtons, de pierres, de bouteilles cassées, de marteaux, de couteaux, de lames de rasoir… Un simple regard, un geste déplaisant suffit à mettre le feu aux poudres. Les bagarres en bande sont fréquentes pour défendre les territoires. Parfois c’est pour les beaux yeux d’une dulcinée. En ces moments-là, ils cassent tout sur leur passage, ravissent les biens d’autrui. Sapristi! Ils volent à la tire, ils pillent, ils violent des filles. Ceci expliquant cela, il y a des blessés et des morts. Entre chien et loup ou de grand matin quand les rues sont désertées, ils rançonnent de paisibles citoyens. Saperlipopette!

Il leur arrive de défoncer les portes des maisons et les fenêtres pour voler des télévisions, les meubles, l’argent, les appareils de communication… Malins comme des cancrelats, ils percent parfois les murs ou passent à travers le toit. En cas de résistance, ce sont des menaces, des voies de fait ou des coups et blessures. Ils commettent des forfaits lors des deuils, des fêtes ou des attroupements. Comme si cela ne suffisait pas, dans un quartier qu’ils avaient mis en coupe réglée, la population ne trouva son salut que dans la fuite. Les policiers dont le commissariat squattait un container exécutèrent aussi un repli stratégique. Enfer et damnation!

Mon ami qui est devenu fou espère que les politiques trouveront vite une solution. Selon lui, on a affaire non pas à un cercle vicieux mais plutôt à un vice encerclé. Il veut que tous les kuluna soient arrêtés et envoyés dans des camps de rééducation à Kanyama Kasese, dans la province du Haut-Lomami, pour y être reformés et intégrés au Service national.

D’après mon ami qui sait tout, si on n’y prend garde le Congo risque de devenir un second Haïti. Près de 45% de la population de notre pays convoité par tous les pays voisins et la Chine, est composé de jeunes de moins de 15 ans. C’est une bombe à retardement. Les kuluna sont souvent des enfants en déperdition scolaire. La pauvreté et la malnutrition subséquente entraîne des séquelles physiques et mentales. Des enfants connaissent alors des retards dans l’évolution du cerveau. Ils abandonnent l’école pour rejoindre les gangs. Saperlipopette!

En Haïti, pays très pauvre d’outre Atlantique, voisin des riches USA et indépendant depuis le 1er janvier 1804, les gangs armés ont dramatiquement gagné en influence. Ils contrôlent environ 80% de la capitale, Port-au-Prince. Face à eux, la police haïtienne est impuissante. Le pays a été pillé et corrompu pendant 220 ans. L’Etat confetti est plus que jamais affaibli. La nature a horreur du vide. Que cela soit clair aux nouveaux élus politiques engendrés et non pas créés par la machine à voter infernale de Kadima, dénommée pudiquement « Dispositif électronique de vote ».

On dit chez nous que la prospérité viendra, mais il faut commencer par peu de choses.

GML

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