La nouvelle grille tarifaire du transport en commun n’est pas du tout respectée par les chauffeurs.
L’hôtel de ville de Kinshasa a rendu public ce 7 janvier 2025 un arrêté portant sur la nouvelle grille tarifaire du transport en commun dans les bus, minibus et taxis-bus sur toute l’étendue de la capitale congolaise. Ce document avait été signé depuis le 17 décembre dernier par le gouverneur Daniel Bumba Lubaki. Ces mesures diminuent sensiblement les tarifs pratiqués jusques là par des chauffeurs selon leur bon vouloir. Stupeur et tremblements!
Pour faire respecter la nouvelle grille tarifaire, Daniel Bumba a concocté quelques mesures intimidantes: affichage obligatoire à l’intérieur du véhicule des tarifs et des itinéraires, paiement par le passager uniquement le prix fixé par l’arrêté du gouverneur, interdiction pour le conducteur d’embarquer des personnes dans le coffre, interdiction formelle pour le conducteur de taxi d’embarquer plus de quatre personnes, interdiction pour le conducteur de recourir aux pratiques de sectionnement d’itinéraires (demi-terrain, abonnés, solola bien ou direct). Comme si cela ne suffisait pas, tout conducteur contrevenant sera puni d’une amende de 50 à 200 dollars. Enfer et damnation!
Toute action entraîne une réaction égale ou opposée. C’est la troisième loi de Newton. Ceci expliquant cela, les propriétaires des véhicules souvent brinquebalants, les chauffeurs et « les chargeurs » (rabatteurs) font de la résistance. D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, la nouvelle grille tarifaire du transport en commun n’est pas du tout respectée par les chauffeurs. Plus ça change plus c’est la même chose! Pour s’assurer que les passagers ne paient pas suivant l’arrêté du gouverneur, il faut montrer patte blanche avant de prendre place à bord du véhicule. Des policiers sont mis à contribution pour faire payer les tarifs imposés par les chauffeurs. Ils perçoivent en retour des espèces sonnantes et trébuchantes. Saperlipopette!
Les chauffeurs évoquent le mauvais état des routes ainsi que le temps et les carburants perdus dans les bouchons sans compter le versement journalier aux propriétaires des véhicules. L’argent est le nerf de la guerre. A ce fléau, il faut ajouter les chargeurs. Ceux-ci fixent d’autorité les prix des trajets en partant de certains algorithmes: affluence des voyageurs, embouteillages, pluies, distance, état de la chaussée publique, enfin tutti quanti. Rien d’étonnant dès lors que le jeudi 9 janvier dans la matinée, il y eut 2 morts et 11 blessés graves après un affrontement, au rond-point Ngaba, entre les membres de l’Association des chauffeurs du Congo (ACCO) et l’Association des chargeurs du Congo (ACHACO). L’ACCO sensibilisait sur les parkings (arrêts des bus) les chauffeurs pour l’application de la nouvelle grille tarifaire. Ce qui n’était pas du goût des chargeurs. Ce qui ne devait pas arriver, arriva. Une bagarre s’ensuivit. La police et l’armée intervinrent pour départager les « gladiateurs ». Des coups de feu furent tirés en l’air. Comme toujours, on ne sait pas par quel effet d’énergie cinétique, les tirs en l’air sèment souvent la mort dans notre pays convoité par tous les pays voisins et la Chine. Il y eut mort d’homme, des blessés et une panique généralisée.
Ceci expliquant cela, il est temps que la ville de Kinshasa s’organise et investisse dans le transport urbain. Ceci est nécessaire pour améliorer la qualité de vie et le bien-être des habitants. Devant la faillite de l’Etat, le transport urbain se trouve entre les mains des privés. Ceux-ci peuvent désinvestir si le secteur n’est pas rentable. Avec la diminution de l’offre de véhicules, il y aura encore plus de citoyens marchant à pied pour rejoindre leurs lieux d’occupation et de travail. C’est bon pour la santé mais pas pour le moral.
On dit chez nous que toute personne qui n’a jamais commis d’erreur n’a jamais tenté d’innover.
GML
Bien sur qu’il faut fixer les régler concernant le transport urbain dans cette ville tentaculaire de plus de quinze millions d’habitants. Mais cela doit se faire en concertation avec les entreprises de transport et les usagers. Les décisions autoritaires et administratives seront sans aucune efficacité et be feront qu’aggraver les maux qu’on cherche à combattre car, les propriétaires des moyens de transport urbain ne sont pas des philanthropes, ils doivent rembourser les crédits contractés, payer les salaires du personnel et surtout l’amortissement des engins qui sont soumis à des conditions d’utilisation très difficiles étant donné l’état des routes à Kinshasa. C’est vrai qu’il y a l’indiscipline et l’incivisme des certains opérateurs dans ce secteur, mais c’est par la concertation qu’on peut y arriver. Ceux qui veulent faire croire que le délabrement des rue de Kinshasa date d’aujourd’hui sont des menteurs. J’étais étudiant dans les années quatre-vingt, le transport pour accéder au campus de Kinshasa était dantesque car, il fallait s’entasser dans des Camions transformés appelés fula fula. On arrivait délabré, fatigué, le retour à la maison était encore inimaginable. Bref, la problématique du transport urbain à Kinshasa ne trouvera de solutions par des injonctions bureaucratiques mais par l’éducation civique et la concertation.