Kinshasa: Charles Baya détenu à l’ANR ?

Le Bruxellois Charles Baya, fils de feu Charles Waza Banga Mbombo Ya Butu, ancien élu du Nord Ubangi, n’a plus été vu en public. Selon ses amis et proches, il serait détenu depuis…plus de trois mois dans un cachot de l’Agence nationale de renseignements (ANR) au lieu-dit « Trois Zoulous », une allusion au bâtiment située sur l’ex-avenue des « Trois Z », derrière la Primature. Que lui reproche-t-on ? Dans une interview accordée à Congo Indépendant, début mai 2019, l’homme n’avait pas fait mystère de ses ambitions politiques à l’horizon 2023.

Dans la matinée de samedi 19 mars, l’auteur de ces lignes reçoit un coup de fil. Le correspondant appelle de Kinshasa. Le message est alarmant: « Charles Baya est porté disparu. Après des recherches, il se confirme qu’il est détenu à l’ANR. Sa famille n’a pas accès à lui. Elle ignore totalement les faits qui lui sont reprochés ».

Selon une source kinoise, « Charles » s’était rendu au pays afin de récupérer les « biens spoliés » de son feu père. Aurait-il croiser le fer avec un des « puissants du moment »? La source croit savoir que Baya, qui est un passionné de la politique, serait victime d’une « cabale« . Une cabale montée par qui? Pourquoi? Une certitude: le « jeune homme » serait « gardé » dans un cachot aux « Trois Zoulous » dans la commune de la Gombe.

Samedi après-midi, la rédaction de Congo Indépendant reçoit des larges extraits d’un journal kinois en ligne. « Pour une dispute familiale, Charles Baya Waza Banga est détenu depuis plusieurs mois à l’ANR », lit-on en titre. Que fait matériel lui reproche-t-on ? Mystère !

Après plusieurs coups de fil, un correspondant joint à Kin dit haut et fort son exaspération: « Charles Baya est tombée dans un traquenard. Une bien triste histoire. ANR ezongeli makambu na bango ya kala! ». Traduction : « L’ANR renoue avec ses mauvaises habitudes ».

Charles Baya avait confié à quelques amis et proches sa volonté de « relancer » le Mouvement Populaire de la Révolution (MPR). Parent et admirateur du feu Maréchal, Baya croit dur comme fer que Mobutu a été un « incompris ». Il cite, en guise de preuves, tous ces comédiens et autres humoristes congolais qui prennent le plaisir d’imiter le parler et les postures du « Grand Léopard« .

Dans une interview accordée à Congo Indépendant, en mai 2019, le fils Waza Banga est allé droit au but en avouant sa ferme résolution de « descendre dans l’arène politique ». « J’ai été confronté à certaines réalités qui m’ont interpellé. Je souhaite me lancer en politique pour servir ce peuple qui a été, pendant très longtemps abusé et manipulé », martèle-t-il.    

Sans passer par la Base de Kitona ou EFO (Ecole de formation d’officiers) à Kananga comme son défunt frère aîné, « Charles » fut « incorporé » dans la Division Spéciale Présidentielle (DSP). Il a évolué dans une « unité spéciale » dénommée « les Mamba verts ». Celle-ci était commandée à l’époque par le capitaine Kongolu Mobutu. Ce « régiment » s’est « évaporé » avec la chute du régime du Maréchal.       

Partisan de « l’ordre et la discipline », Baya se définit comme un « nationaliste panafricaniste ». Chez lui, il y a comme une pointe de « nostalgie » de l’époque de Mobutu. Il s’en défend : « Nostalgique moi ? Pas du tout !». Il admet néanmoins que « la personne et les idées » du maréchal Mobutu constituent pour lui « une sorte d’axiome qui ne se démontre pas ». Concluant l’entretien, il lance : « Depuis le départ du maréchal Mobutu du pouvoir, le 16 mai1997, il n’y a rien de nouveau sous le soleil… ».

On apprenait que Baya avait l’habitude de tenir des « réunions de réflexions » en vue de la « renaissance du MPR ». D’après une dernière source, « il n’est exclu que ces réunions aient été assimilées au commencement d’exécution d’une action de déstabilisation« . Pour les amis et proches, il n’y a plus de doute, « Charles est victime d’une cabale politique ».

« Cabale politique » ou pas, c’est le lieu de rappeler le prescrit des alinéas 4 et 5 de l’article 18 de la Constitution : « La garde à vue ne peut excéder quarante-huit heures » ; « A l’expiration de ce délai, la personne gardée à vue doit être relâchée ou mise à la disposition de l’autorité judiciaire compétente ». C’est à tort que les « services » se croient en droit d’invoquer une « dérogation » à cette disposition de la Charte suprême. Affaire à suivre.

B.A.W.

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