Quatre jours après l’annonce du meurtre du leader des jeunes d’Ensemble, Dido Kakisingi, les versions se suivent et se contredisent. Il apparait que les dirigeants de cette formation politique ont réagi délibérément dans la précipitation. Et ce avant de connaitre les circonstances exactes du décès de ce membre d’Ensemble. Mauvaise foi?
Le mensonge est-il (toujours) la première force qui mène le monde, comme l’avait écrit JF Revel dans son excellent ouvrage « La connaissance inutile »? Près de cinq mois après la mort non-élucidées, à ce jour, de l’ancien ministre et député Cherubin Okende Senga, porte-parole désigné du parti de Moïse Katumbi Chapwe, les Katumbistes – Moïse entête – s’étaient empressé d’accuser le régime de Felix Tshisekedi. Sans aligner des éléments probants. Actori incumbit probatio, disent les latinistes. La charge de la preuve incombe à celui qui affirme.
Le même scenario a eu lieu dès l’annonce, mardi 28 novembre, de la mort de Dido Kakisingi. Cette fois-ci c’est le gouverneur du Maniema, Idrissa Mangala, qui est pointé du doigt dans une cacophonie des versions. Il semble que le cortège de l’ancien gouverneur du Katanga aurait été « lapidé ».
Dans un tweet posté mercredi 29 novembre, @moïse_katumbi assure que le responsable des Jeunes de ce regroupement politique, Dido Kakisingi « est tombé sous mes yeux ». Et de préciser: « Hier à Kindu, la violence et l’intolérance d’une poignée de fanatiques instrumentalisés par l’autorité provinciale ont conduit à la mort injuste d’un innocent ». « Son seul crime a été de se retrouver à mes côtés et de croire qu’un nouveau Congo est possible ».
HERVE DIAKESE
L’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo – qui s’est rallié au candidat à la Présidence Katumbi – d’enchainer que sieur « Dido » « a été tué par le véhicule du gouverneur [Mangala]. Des personnes et des balles ont été tirées ».
Olivier Kamitatu, dir-cab de Katumbi, lui, croit savoir que la victime « a été lapidé par des fanatiques embusqués dans la résidence du gouverneur du Maniema ». Christian Mwando de renchérir: « A Kindu, ce gouverneur illégitime et meurtrier vient encore de tuer. Dico Kakisingi vient de tomber sous les balles d’intolérance dans cette campagne électorale ».
Nouveau porte-parole d’Ensemble, c’est un Hervé Diakesse méconnaissable qui s’hasarde à donner sa version « des faits » au cours d’un point de presse. Selon lui, l’infortuné cadre de Ensemble « a été mortellement touché par balles lors de l’arrivée de Moïse Katumbi à Kindu ». Pourquoi « Dido » et pas Katumbi?
Pour boucler la boucle des versions émises par Ensemble, la parole est donnée à Jacky Ndala qui ne se reconnait plus à cette formation politique tout affirmant haut et fort son attachement à Moïse Katumbi. Intervenant jeudi à l’émission « Face à l’opinion » de Congo Buzz, « Jacky », n’a pas usé de circonlocutions en affirmant que Dido Kakisingi « est tombé sous les balles des policiers ».
« INQUALIFIABLE LÉGÈRETE
Dans une réaction plutôt rationnelle, l’avocat lushois Hubert Tshiswaka Masoka, directeur de l’ONG IRDH (Institut de recherche en droits humains) a publié un communiqué daté de jeudi 29 novembre 2023. « Contrairement à l’annonce selon laquelle il [Dido Kakisingi] serait mort par balles de la police, il revient qu’il a succombé suite aux jets de pierre qu’avaient percuté à la tête », écrit-il. D’après lui, des jeunes proches du gouverneur de la Province de Maniema « auraient tenté de barrer la route à ceux de Ensemble. Il s’en est suivi des jets de pierres dont l’une avait atteint mortellement » Dido Kakisingi.
Comme dans l’affaire Okende, les dirigeants d’Ensemble se sont comportés, dans le cas Dido Kakisingi, avec une inqualifiable légèreté. Les versions divergentes qui précèdent mettent à nu non seulement une mauvaise foi certaine mais surtout une immaturité politique. Une question reste sans réponse: quelles sont les circonstances exactes de la mort de ce juriste? Mystère!
B.A.W.