Judith Suminwa Tuluka, c’est le nom du nouveau, pardon, de la nouvelle Première ministre de la République démocratique du Congo. Ministre du Plan dans le gouvernement sortant, elle remplace Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, élu député national. « Mama Judith » est mariée à Roger Tuluka.
« Je crois que c’est un poisson d’avril ». L’homme qui parle est un ami. Il venait d’apprendre la nouvelle par la « twitosphère ». Ceux qui n’avaient pas suivi le direct de la RTNC depuis la Cité de l’Union Africaine ont eu à suspecter un gros poisson d’avril. Hélas, non!
Le président Felix Tshisekedi Tshilombo a commencé, dans un geste empreint de noblesse, par recevoir le Premier ministre sortant. De quoi ont-ils parlé? Sama Lukonde est parti discrètement sans se confier à la presse. Après la divulgation de l’information tant attendue, Judith Suminwa est entrée, à son tour, au salon présidentiel.
A-t-elle été surprise par la nouvelle de sa nomination? On pourrait en douter. Depuis quelques jours, son nom revenait sans cesse dans le « hit-parade » des premiers ministrables. D’aucuns « suspectent » Top Congo d’avoir été dans le « coup » en invitant l’ancien ministre du Plan à son émission « Le débat ».
Ceux qui avaient suivi « Mama Judith » chez Christian Lusakweno ont remarqué la maitrise des dossiers d’un ministère technique. Ils avaient remarqué aussi l’humilité.
A sa sortie du « colloque singulier » avec le chef de l’Etat, la nouvelle « Première » est apparue égale à elle-même: intelligente, modeste. S’adressant à la presse, elle a remercié le Président de la République tout en l’assurant de sa loyauté. Elle a par la suite rendu grâce à Dieu « le Maître des temps et des circonstances ». Ses priorités tiennent en deux mots: Paix et Développement.
Enseignement: a)Licence économie appliquée (Fucam) à Mons; b) licence sciences du Travail ULB
Autre: coordinatrice adjointe du Conseil présidentiel de Veille stratégique (CPVS);Fonctionnaire au PAM (Programme alimentaire mondial) et au PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement). Elle a servi à Madagascar en tant que fonctionnaire international des Nations Unies.
Certains observateurs n’ont pas manqué de pousser un « Ouf! » de soulagement en apprenant cette nomination. Une certaine lassitude commençait à poindre à l’horizon. En cause, il a fallu attendre 70 jours – après l’investiture du Président de la République – pour (enfin) voir la fumée blanche s’échapper du côté de la primature. Quid de la formation du gouvernement au cours de laquelle les leaders politiques espèrent recevoir un nombre de portefeuilles « proportionnel » à leur « poids politique ».
Le drame est que le marchandage habituel prend rarement en compte deux critères: la compétence et l’expérience. Est-ce faire l’éloge de l’analphabétisme? Assurément pas! Qu’on ne se leurre pas: les titres académiques constituent une présomption indiscutable de connaissance et non un certificat de compétence. Sous d’autres cieux, le candidat ministre ou membre de cabinet est criblé de questions lors d’une interview.
Osons espérer que les ministères régaliens (Intérieur, Affaires étrangères, Justice, Finances, Budget, Défense nationale, Economie, Communication et médias, Mines, Agriculture et Environnement) échapperont à la convoitise des « particrates », réputés « médiocres ».
Dans une tribune publiée dans l’hebdo « Jeune Afrique » daté du 31 janvier 2020, l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair écrivait notamment: « Celui qui veut tout faire, ne fait rien ». Selon lui, tout gouvernement doit se fixer quelques priorités. Pas plus de trois. « A quoi reconnait-on un bon leader », s’interroge-t-il? Et de répondre: « Il faut certes savoir bien s’entourer, mais aussi définir les priorités, savoir placer sous-évaluation régulière ses collaborateurs… ».
Il ne reste plus qu’à souhaiter plein succès à Madame la Première ministre Suminwa en espérant qu’elle veillera à ne pas confondre la communication avec l’action. Elle sera jugée sur ce qu’elle fait et non sur ce qu’elle dit. Reste que la nomination d’une femme à ce poste stratégique est perçue comme un message d’espoir.
B.A.W.
Texte revu: le 02 avril 2024 à 15.52