Arrivée à Kinshasa ce mercredi 1er août dans la matinée, le président du MLC (Mouvement de libération du Congo) Jean-Pierre Bemba Gombo a retrouvé « l’ambiance policière » propre à toute république bananière. Sur ordre de « Joseph Kabila », le chairman ne peut pas loger dans leur résidence familiale située sur l’avenue Pumbu dans la commune de la Gombe. Motif: proximité avec la résidence du « raïs ». On est où là! Sommes-nous dans une monarchie ou une République?
« J’espère juste qu’il n’y aura pas de débordements et que tout se passera le mieux possible. J’espère qu’il n’y aura pas de provocations non plus ». L’homme qui parle n’est autre que le leader du MLC, Jean-Pierre Bemba Gombo. Il l’avait tenu ces propos dans l’interview parue dans le quotidien bruxellois « Le Soir » daté du 31 juillet.
Comme à l’accoutumée, les policiers kinois se sont livrés à leur jeu favori consistant à lancer des gaz lacrymogènes sur les militants et sympathisants de cette formation politique venus accueillir l’ex-pensionnaire de la prison de Scheveningen. Des sources font état des tirs à balles réelles. On dénombrerait plusieurs blessés graves et un mort.
L’avion transportant Jean-Pierre Bemba Gombo et sa suite dont son épouse « Lilia » et Jean-Jacques Mbungani Mbanda, secrétaire national chargé des Relations extérieures du MLC a atterri à l’aéroport de Ndjili aux environs de 10h30, heure de Bruxelles. Les cadres du MLC n’étaient pas autorisés à organiser l’accueil au bas de l’avion.
Bien que « content d’être de retour » dans son pays, « Jean-Pierre » a sans doute compris qu’il ne se trouvait plus aux Pays-Bas ou en Belgique où il règne une ambiance globalement libérale. Il a compris qu’il se trouve désormais dans l’ancienne « Kinshasa la belle » que les « libérateurs » autoproclamés du 17 mai 1997 ont transformée en une « prison à ciel ouvert », dixit le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya.
Patron de la très peu professionnelle police kinoise, Sylvano Kasongo veillait au grain. Il est venu à l’aéroport de Ndjili pour surveiller l’application stricte des « directives ». Le cortège du chairman devait rouler à une vitesse de 40 km à l’heure. Tout bain de foule est proscrit. Ce n’est pas tout.
« SITE PRÉSIDENTIEL »
Plus surprenant, « Sylvano » a fait savoir que le chairman est « interdit de séjour » dans la résidence… de sa famille sise avenue Pumbu. Au motif très fallacieux que cette habitation serait situé dans un périmètre considéré comme faisant partie du « site présidentiel ». Sur décision du « raïs », Bemba doit aller à l’hôtel ou ailleurs. Inimaginable! L’exercice d’un pouvoir sans limites ni contrôle a-t-il rendu fou l’homme qui « trône », sans mandat, à la tête du Congo-Kinshasa? L’Etat congolais serai-il devenu le bien personnel de la fratrie « Kabila »?
En grattant un peu, il apparaît aisé de deviner la motivation de ce climat pour le moins hostile.
Dans les interviews qu’il a accordées aux médias congolais et occidentaux, Bemba a quelque peu chambré le pouvoir kabiliste en présentant le bilan de celui-ci sous la forme d’un « désastre » au plan sécuritaire, économique et social. Le chairman a dénoncé, dans la foulée, la « tribalisation » de certains grand corps de l’Etat. C’est le cas notamment de l’armée, de la police et des services secrets.
Il a insisté dans l’entretien avec « Le Soir » sur la nécessité pour l’opposition de désigner un « candidat qui va gagner et qui va permettre que ce pays change de gestion et de gouvernance ». Tous ces propos ont été perçus par les « mandarins » de la « Kabilie » comme une déclaration de guerre.
Ces critiques auraient mis le « raïs » dans tous ses états. Celui-ci serait d’autant plus « déçu », disent certains kabilophiles, qu’il rêvait d’une improbable « union sacrée » avec son ex-challenger de 2006. L’homme espérait qu’après dix années de prison, « JPB » était prêt à toutes les compromissions en vue de se refaire une « santé financière ».
Selon le programme établi, Bemba Gombo devrait se présenter ce jeudi 2 juillet à la CENI (Commission électorale nationale indépendante) afin de déposer son dossier de candidature à l’élection présidentielle. On croise les doigts en espérant que les « Imbonerakure » du PPRD ne vont pas se comporter en agents provocateurs.
En attendant, le débat continue à faire rage dans les milieux pro-kabilistes. Un seul thème: Qui est éligible et qui ne l’est pas? La « subornation » de témoins est assimilée, ici, à la corruption. Chaque « éminent » professeur de droit y va avec sa thèse, Personne ne pipe mot sur les subterfuges que multiplie « Kabila » pour briguer un troisième mandat. Et pourtant, ce dernier est frappé d’inéligibilité depuis le 19 décembre 2016.
Baudouin Amba Wetshi