Dans leur message au ton réquisitorial diffusé le 23 juin 2017, les évêques catholiques de la Cenco (Conférence épiscopale nationale du Congo) ne sont pas allés par quatre chemins en clamant que « le pays va mal! ». Les prélats ont aussitôt pointé un doigt accusateur en direction des « responsables ». Il s’agit, selon eux, d’une « minorité de compatriotes qui a pris le pays en otage ».
« Le poisson pourrit par la tête », dit la sagesse populaire chinoise. Le Congo-Kinshasa va mal. Ce pays va mal parce qu’il est « dirigé » depuis bientôt dix-huit ans par un individu qui n’a jamais été ni préparé, ni qualifié pour assumer la fonction exceptionnelle qu’est celle de chef de l’Etat.
Forcé tant par l’opinion nationale qu’internationale de respecter la Constitution en ce qui concerne la limitation du nombre et la durée des mandats présidentiels, « Joseph Kabila » est en passe de bouter le feu à la « maison Congo ». Il a décidé d’instaurer un « bordel institutionnel » en menant une prétendue « chasse aux sorcières » aux détenteurs d’une nationalité étrangère. L’histoire ne dit pas si l’intéressé et sa fratrie sont concernés par ce qui ressemble bien à un règlement de comptes aux allures mafieuses.
Intervenant récemment dans l’émission kinoise « Equipe nationale », l’ex-MLC Thomas Luhaka Losendjola, devenu un des adorateurs du « raïs » devant l’Éternel, a prononcé sans broncher ces mots: « On a dit à Joseph Kabila de respecter la Constitution. De quel droit, peut-on obliger un Congolais à respecter la Constitution et pas aux autres? » On a compris: le successeur de Mzee refuse de « mourir seul ».
Le chef de l’Etat ou « Chef » tout court ne peut être un pyromane. Le Chef ou « leader » est celui qui montre le chemin. Le chemin qui conduit vers la paix, la justice et le progrès. Le chemin qui conduit vers une vie collective harmonieuse. On ne le dira jamais assez que le premier magistrat d’un Etat est appelé à exercer une fonction de conciliation. Il est, de ce fait, le garant de la paix civile et du bon fonctionnement des institutions.
« Joseph Kabila » est tout le contraire d’un conciliateur et d’homme d’Etat. Cet homme sorti du néant est, en réalité, un voyou. Le mot n’est pas trop fort. Il se prend pour un cow-boy. Pour lui, tout différend politique se règle non pas par la négociation mais à coup de canons comme dans un film de western.
Dénué des ressources morales et intellectuelles, cet homme – qui a réalisé l’exploit de chloroformer les Congolais durant dix-sept ans – a donné toute la mesure de son incapacité à faire le départ entre le bien et le mal; le vrai et le faux; la vérité et le mensonge; la louange et la flagornerie; l’intérêt personnel et le bien commun; la justice et l’injustice. Cet homme considère le pouvoir d’Etat comme un butin voire un simple « rouleau compresseur » pour laminer les têtes qui dépassent. Les Congolais risquent de ne garder de lui qu’un cortège de souvenirs cauchemardesques.
Elu » en 2006 et « réélu » en 2011, le successeur de Mzee a cru et continue à croire que gouverner est assimilable à un jeu. Et que l’élection suffit pour légitimer un pouvoir. Alors qu’en plus du vote, les citoyens attendent des gouvernants de l’efficacité. C’est-à-dire la capacité à écouter et à résoudre les problèmes.
En dix-sept années d’exercice du pouvoir d’Etat, « Joseph Kabila » n’a tenu aucune de ses promesses. Il a évité tout contact avec les vrais gens. Insécurité des personnes et des biens, pauvreté, stagnation économique, prolifération des bandes armées, violation des droits et libertés, corruption, mépris de la vie humaine sont devenus les maux banalisés de la société congolaise. Sur le plan diplomatique, la voix du Congo-Kinshasa a cessé d’être audible.
« Dix-sept ans, ça suffit! », c’est le credo de la grande majorité de Congolais. L’élection est un moment d’espoir. L’espoir du renouveau. C’est l’occasion privilégiée pour les citoyens d’exiger des comptes à la majorité sortante.
En lieu et place de dire aux Congolais les réalisations accomplies en dix-sept années, « Kabila » dont le dernier mandat a expiré le 19 décembre 2016 s’évertue à s’accrocher au pouvoir. Il multiplie des stratagèmes à cette fin. La dernière en date est la désignation d’un « dauphin ». En fait, une future marionnette.
Par les intimidations et la tricherie, « Joseph » a engagé le pari très risqué de refuser aux Congolais le droit de s’autodéterminer. Il voudrait imposer son homme-lige.
En refusant aux Congolais le droit de choisir un autre avenir, « Kabila » est devenu pire qu’un obstacle. C’est un verrou. Un verrou à faire sauter pour sauver le Congo…
Baudouin Amba Wetshi