Titulaire d’un master en informatique et de plusieurs certificats, le Belgo-Congolais Joël Tshimanga est le patron d’une entreprise (SRL) de droit belge spécialisée dans la lutte contre la cybercriminalité. Le mot « cyber » est un préfixe qui renvoie à tout ce qui se passe au niveau de l’Internet. Depuis la création du World Wide Web en 1989, on assiste à l’émergence d’une nouvelle forme de criminalité. Celle-ci a engendré la Cybersécurité. « Benijah Consulting » conseille les entreprises mais aussi les organismes publics pour la protection de leurs données.
« Chouilla Chouilla« , c’est en ces termes que Joël Tshimanga répond lorsqu’on lui pose la question de savoir s’il parle encore l’arabe maghrébin. Le Belgo-Congolais a commencé ses études en Informatique dans la Tunisie de Zine el Abidine Ben Ali avant de les achever à l’Université Libre de Belgique. « J’ai gardé quelques rudiments de cette langue. Un marchand arabe peut facilement me comprendre« .
Après ses études, « Joël » a décroché un emploi dans une « grosse boîte » belge. Ce n’est que le 15 octobre dernier qu’il a décidé de se lancer dans l’entreprenariat. Fils d’un cadre de la Société nationale d’électricité (SNEL), le jeune Tshimanga a passé une partie de sa jeunesse à Kisangani, chef-lieu de l’actuelle province de la Tshopo. Sa mère y gérait une rizerie dénommée « Benijah », une contraction de « Jehova Beni« . Cette entreprise familiale décortiquait le paddy en provenance notamment de Bumba dans l’actuelle province de la Mongala. « Mon entreprise est dénommée Benijah en hommage à ma mère qui a consenti d’immenses sacrifices pour assurer mes études. C’est une manière de lui renvoyer l’ascenseur « .
Sur le plan théorique, un cybercrime est défini comme une infraction pénale susceptible de se commettre au moyen d’un système informatique connecté à un réseau. Quid de la cybersécurité? Selon Tshimanga, « c’est l’ensemble des mécanismes mis en place pour protéger les actifs informationnels. Les informations sont considérées ici comme des ‘actifs de valeurs‘ tant au niveau des entreprises que des administrations publiques« . Pour lui, la mission de la cybersécurité consiste à protéger les informations.
De manière générale, l’entreprise « Benijah Consulting » peut assister une entité sous forme de conseils. Elle peut également auditer le système informatique. « L’objectif est de détecter des failles à travers lesquelles des attaquants peuvent s’introduire« , résume-t-il.
A titre d’exemple, « Joël » cite le cas de l’Iran des Ayatollahs dont le système informatique a fait récemment l’objet d’une attaque. Conséquence: le pays n’était plus capable de garantir l’approvisionnement des stations d’essence en carburant. D’après lui, la société nationale d’électricité (SNEL) au Congo-Kinshasa a connu un sort identique. Le système informatique de cette entreprise publique a été mis « down« . Pour lui, les victimes de ce genre d’agression perdent leur crédibilité auprès de la clientèle.
Comment devient-on spécialiste en Cybersécurité? « Au départ, il faut être un informaticien« , fait-il remarquer. Ce n’est qu’après avoir obtenu son master en Informatique qu’il a débuté un parcours du combattant en suivant plusieurs formations sanctionnées par des « certifications« . « Je ne compte plus le nombre de nuits blanches que j’ai passées pour comprendre le modus opérandi des hackers. Il faut beaucoup de persévérance pour acquérir le savoir-faire dans la lutte contre la Cybercriminalité« .
Grâce à ce parcours, les termes comme phishing, faux en informatique et hacking n’ont plus de secret pour le Belgo-Congolais. Il explique: « Dans le Phishing, l’attaquant ou agresseur vous lance un appât sous forme d’un lien du genre ‘vous avez gagné un I-Phone’. Tant que vous ne cliquez pas sur ledit lien, vous n’avez rien à craindre. Dans le cas contraire, vous ouvrez la porte aux attaques« . Il va sans dire, martèle-t-il, que « l’attaquant ne peut s’introduire dans votre système que si vous mordez à l’hameçon« . « A partir de ce moment, votre système devient vulnérable. L’attaquant va s’attaquer à la confidentialité de vos messages« .
Qu’en est-il de la Falsification informatique? « Il s’agit de l’attaque de l’intégrité des données« , lance-t-il. Un attaquant qui s’introduit dans un système peut modifier les informations. En guise d’exemple, il dit: « j’ai un container à envoyer au Congo-Kinshasa. Il y a le document de facturation établi par la DGDA. L’attaquant peut modifier les chiffres originaux« .
Au total, le Cybercriminel agit généralement sur commande des Etats. En cas de conflit, l’un des protagonistes va chercher à voler les informations du camp adverse. D’après Joël Tshimanga, certains cybercriminels mènent des attaques pour « s’amuser ». Les informaticiens parlent dans ce cas de « kiddies« . « C’est un informaticien qui s’amuse à jauger son niveau« , ricane-t-il.
Selon Joël Tshimanga, la société « Benijah Consulting » est prête à mettre son expertise à la disposition de n’importe quel pays. Le Belgo-Congolais s’est souvenu que le Congo-Kinshasa a lancé récemment son plan national du numérique. « Ce Plan a des impacts. Les entités publiques congolaises vont devoir être numérisées. Elles vont devenir cybernumérisable. A partir de ce moment, les documents en papier vont disparaître. En conséquence, ces entités deviennent vulnérables au cyberattaque« , conclut-il.
Baudouin Amba Wetshi