Mbungani: « Le Mlc n’a jamais frappé à la porte du Fcc »

Secrétaire national chargé des Relations extérieures du Mouvement de libération du Congo (Mlc), Jean-Jacques Mbungani Mbanda est docteur en médecine. Il répond à quelques questions touchant à l’actualité congolaise. Sur la photo, on le voit « murmurer » à l’oreille du « chairman » Jean-Pierre Bemba Gombo lors d’une réunion des leaders de l’opposition.

Comment se porte le Mouvement de libération du Congo?

Le Mlc se porte bien. Le président Jean-Pierre Bemba s’était rendu au mois d’octobre dernier à Kisangani pour commémorer le 21è anniversaire de la création du parti. Tous les cadres du Mlc étaient présents. Il se trouve à Kinshasa où il a procédé à la « redynamisation » de l’exécutif de notre groupe. Comme vous le savez, notre formation politique est présente au niveau des institutions nationales et provinciales. La santé politique du Mlc est au zénith.

A propos de la présence du Mlc dans les institutions, que répondez-vous à ceux qui allèguent que l’élection de Jacques Lungwana au poste de rapporteur adjoint du Bureau de l’Assemblée nationale n’aurait pas été possible sans un « coup de pouce » du Fcc de « Joseph Kabila »?

Pas du tout! J’en profite d’ailleurs pour féliciter Jacques Lungwana pour son élection à ce poste. Il faut savoir que la répartition des fonctions au sein du Bureau de la Chambre basse du Parlement obéit à un quota. Le quota de la majorité et de l’opposition. Le poste de rapporteur adjoint était réservé aux partis et regroupements politiques de l’opposition. Les candidats tant du Mlc que de l’Ensemble du président Moïse Katumbi et autres ont présenté leurs candidatures à leurs collègues députés nationaux qui ont fait un choix libre. C’est une logique propre à l’Assemblée nationale. Il n’y a eu aucune magouille ni messe basse entre le Mlc et la plateforme politique Fcc.

Un quotidien kinois a écrit récemment que « le Mlc frappe à la porte du Fcc ». Votre réaction?

Le quotidien auquel vous faites allusion n’est autre que « Le Potentiel ». Cet organe de presse a voulu désorienter l’opinion congolaise en faisant croire qu’il y aurait une « collaboration » entre le Fcc et le Mlc. C’est totalement faux!

Dans le même registre, vous avez sans doute vu sur les réseaux sociaux une photo où l’on voit Jean-Pierre Bemba « échanger » une chaleureuse poignée de mains avec l’ex-président « Kabila »…

C’est un montage. Un montage utilisé par ceux qui veulent écorner l’image du Mouvement de libération du Congo et de son président Jean-Pierre Bemba. Nos spécialistes ont déjà démonté cette « supercherie ». Il s’agit d’une photo prise entre le président du Mlc et le président de la Commission électorale nationale indépendante, Corneille Nangaa. Derrière Jean-Pierre Bemba, il y a son épouse qui apparaît dans la même proportion que sur la photo originale capturée au siège de la Ceni. Il y a une volonté claire de mettre le Mlc au pilori. Nous dénonçons ces pratiques avec la dernière énergie.

Qui, selon vous, aurait intérêt à nuire à l’image du Mlc?

Nos adversaires sont nombreux. La force que représente le Mlc et la sympathie qu’une partie de la population congolaise témoigne à son Président ne peut que susciter de la jalousie. Le peuple congolais fera la part des choses.

Comment se porte la plateforme politique « Lamuka »?

La plateforme politique « Lamuka » se porte bien. Vous avez assisté dernièrement à la passation de pouvoir entre le président en exercice sortant Jean-Pierre Bemba et l’entrant en la personne de l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito qui va diriger ce groupement pendant trois mois. Ils se sont convenus, tous les deux, de travailler la main dans la main avec les autres leaders pour défendre les intérêts des Congolais. Un des objectifs majeurs de notre organisation est de défendre la Constitution et le respect des valeurs républicaines. Ce combat va continuer.

Que répondez-vous à ceux qui disent que Bemba Gombo a été « inaudible » durant ses trois mois de présidence tournante?

La réponse est simple. Le mandat du président Bemba a été focalisé sur un travail de fond au niveau diplomatique. Il s’agissait d’informer régulièrement nos partenaires de l’évolution des réalités politiques congolaises. C’est bien cette tâche qui a occupé le président Bemba durant ce trimestre.

Lors de la conférence de presse que Martin Fayulu, le « candidat malheureux » à la Présidentielle du 30 décembre 2018, avait animé le 9 mars 2019 à V.U.B. à Bruxelles, vous avez déclaré ce qui suit: « Le combat que mène le président Fayulu est un combat noble. Le combat du peuple. Nous ne céderons aucunement parce que nous avons gagné ». Neuf mois après, tiendrez-vous le même discours?

Effectivement! Lamuka a réussi à inculquer dans la conscience nationale que plus jamais les résultats des élections ne devraient être volés par une force politique, quelle qu’elle soit. C’est le travail que notre plateforme a commencé lors des élections. C’est un travail de longue haleine. Il faut que les générations futures sachent que lorsqu’ils iront aux urnes, le dernier mot leur appartiendra. Et que les élus seront réellement le reflet de leurs votes.

Quel est votre regard dix mois après l’investiture de Felix Tshisekedi Tshilombo à la tête de l’Etat congolais ?

Il faut d’abord constater que le gouvernement central n’a été mis en place que huit mois après l’investiture du chef de l’Etat. Cet exécutif a été le fruit d’un arrangement politique qui n’a pas été facile entre les coalitions Cach et Fcc. Ce qui revient à dire que l’équipe dirigée par le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba n’a que deux mois d’exercice. Il me parait prématuré de porter un jugement. Sauf qu’au niveau de l’opposition, nous constatons que depuis l’installation du gouvernement, il n’y a pas encore de signaux clairs dans le sens d’une amélioration du quotidien des Congolais. Les pratiques anciennes qui ont été décriées sous l’ancien régime n’ont pas disparues.

Un exemple?

La corruption, les tracasseries policières et l’immixtion des autorités politiques dans les décisions judiciaires coulées en force de chose jugée. Il y a, par ailleurs, l’insécurité et les viols récurrents des femmes et enfants à l’Est et dans d’autres coins du pays. Sans oublier, les violences perpétrées par des bandes armées notamment à Beni où l’on déplore plusieurs tués ces derniers jours. Hormis un chapelet de bonnes intentions, il n’y a encore rien de nouveau par rapport à ce qui se passait sous l’ancien pouvoir pour donner l’espoir aux Congolais. En politiciens avertis, il nous est plausible d’observer et d’émettre des critiques. Une chose est sûre: la satisfaction est loin d’être dans l’assiette des Congolais. Encore moins dans celle des politiciens qui suivent au quotidien la situation politique de notre pays.

Les « fatshistes », eux, diront que la présence de Felix Tshisekedi à la tête du pays a permis à Bemba Gombo de loger, à nouveau, dans la maison familiale…

Nous saluons le fait que les droits des Congolais qui devaient être respectés sont d’application. Outre le cas de Jean-Pierre Bemba qui a regagné la résidence familiale, il y a l’insécurité qui est toujours perceptible sur toute l’étendue du territoire national. Le gouvernement fait preuve d’incapacité face aux fléaux tels que les inondations et autres catastrophes naturelles qui viennent d’avoir lieu au Sud Ubangi et à Kinshasa. Il ne faut pas qu’on se focalise sur la situation de quelques leaders politiques. Il faut voir la situation de la majorité des Congolais qui n’a pas encore constaté un mieux-être. Nous appelons ceux qui gouvernent à faire pour le mieux.

Propos recueillis par Baudouin Amba Wetshi

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