Une trentaine de jours après la célébration avec grande pompe de son 39ème anniversaire pour les uns, 40ème anniversaire pour les autres, les très très distingués 2000 invités de « Mama Olive », présents à Goma, ne cessent de se creuser les méninges pour décrypter deux « détails énigmatiques ». D’abord, l’absence du « raïs », alias « Papa Roméo », alias le commandant suprême des FARDC, des « Bana Mura » et de la police nationale. Ensuite, le speech ambigu de la « première dame ».
Selon mon ami qui sait tout sur tout et presque tout sur rien sur les potins de Kinshasa-lez-immondices, le champagne rosé avec le label « Laurent Perrier » a été offert gracieusement par un certain Shiraz Virji. A en croire mon ami, il s’agit du « boss » de la société « Chemaf » (Chemical of Africa). « Pour être agréable à la Mama présidente, sieur Shiraz avait offert tout un container de ce prestigieux breuvage ».
Mon ami qui sait décidément tout de me signaler qu’en février 2013, la firme Chemaf, basée au Katanga, avait été accusée de polluer l’air et les rivières. Un jeune cinéaste français avait même réalisé avec TV5 et ARTE un documentaire sur les produits chimiques rejetés dans les rivières lushoises par cette entreprise minière. Selon l’ami, la société Chemaf serait une branche du groupe « Shalina », spécialisé notamment dans l’importation des produits pharmaceutiques… sous le couvert de l’Ong « Initiative Olive Lembe Kabila ». « Chemaf ne paie aucune taxe, dit-il. Personne ne peut ouvrir ses containers à Kasumbalesa ».
Ayant constaté mon impatience à obtenir des réponses aux deux questions cruciales, l’ami commence par tirer une chaise. Il me dit de l’imiter. Il raconte: « Le raïs entretient deux ménages ». « Ah bon! », ai-je réagi. « Quand vas-tu descendre de ton cocotier pour arrêter de me casser les tympans avec des questions dont les réponses sont connues de tous », me lança-t-il. Reprenant son calme, il continue sa narration: « Sur le plan officiel, Mama Olive est la première dame. Sur le plan officieux, il y a la fille de Déo Rugwiza, le boss de la DGDA (douanes) qui fait office de Deuxième bureau. Il y a des mauvaises langues qui soutiennent que Mama Olive n’était qu’un alibi pour les élections de 2006. Papa Rugwiza est à la tête de la Douane depuis une décennie. Ceci explique cela ». L’ami de poursuivre: « Le choix de la ville de Goma n’est pas fortuite. Olive et sa rivale C. ont grandi dans le chef-lieu du Nord Kivu ».
Selon mon ami, s’adressant aux 2.000 invités, « Mama Olive » aurait dit ces quelques mots très ambigus: « Je vous remercie d’être venus fêter avec l’unique première dame de la RDC ». A en croire l’ami, les convives se seraient regardés sans rien comprendre.
Mon ami qui n’a jamais fait mystère de son « raïsisme primaire » d’avancer une hypothèse qui trahit son esprit malveillant. L’ami raconte: « La fête a eu lieu le vendredi 31 juillet sur l’avenue Bunagana à Himbi. Les premiers invités arrivés à 19 heures ont été surpris de constater l’absence du président de la République très très démocratique du Congo, alias ‘Papa roméo’. Le premier sinistre Hakuna Matata, pardon, le Premier ministre Matata Ponyo était là. Le raïs s’est pointé seulement le samedi 1er août sous prétexte d’inaugurer une partie de la piste d’atterrissage. La célébration était terminée ».
« Où était Papa Roméo? », ai-je demandé à l’ami avec ma candeur habituelle. Réponse: « Le raïs prenait son temps en visitant les 29 et 30 juillet des entreprises minières dans les nouvelles provinces du Haut Katanga et du Lualaba. Il s’est rendu par la suite à Likasi, Kambove, Tenke Fungurume et à Kolwezi ». L’ami de conclure: « Le raïs est tiraillé entre ses deux bobonnes. Il s’est absenté pour ne pas déplaire à sa maîtresse, la fille Rugwiza ».
Pour m’épater, l’ami lança une citation latine: » Vanitas, vanitatum, et omnia vanitas ». Avant même que j’ai pu articuler un mot, il traduit: « Vanité des vanités, et tout est vanité ».
Par Issa Djema
