Deuxième article de la série de trois articles
Ceci est le deuxième article de la série de trois articles qui décrivent comment les dirigeants congolais, les intellectuels congolais, et les populations congolaises sont eux-mêmes aussi obstacles au développement de la République Démocratique du Congo (RDC), alors qu’ils pouvaient, devraient et doivent plutôt être catalyseur du développement du pays. Dans le premier article, il fut montré comment le premier obstacle au développement de la RDC est le leadership congolais, et comment ce même leadership congolais peut et doit devenir catalyseur et instrument du développement de la RDC. Cinq propositions concrètes de devenir catalyseur du développement de la RDC furent présentées.
Ce deuxième article de la série montre comment les intellectuels congolais qui sont sans aucun doute obstacles au développement de la RDC, peuvent et doivent absolument devenir catalyseur et instrument du développement de la RDC pour leur propre survie et la survie de la RDC en tant que peuple et nation.
1. Les défis à gagner, ou alors demeurer obstacles permanents au développement du pays
1.1. Défi de l’enseignement en RDC
L’enseignement est la machine qui produit des intellectuels en abondance en RDC. Il y a prolifération des institutions d’enseignement primaire, secondaire, supérieur et universitaire dans toutes les provinces à travers la RDC. C’est une bonne chose pour donner l’accès aux jeunes d’acquérir et développer des connaissances. Chaque année, les instituts supérieurs et universitaires délivrent des diplômes de maîtrise, de licence, et même de doctorat, aux étudiants. L’enseignement congolais déverse des intellectuels partout en RDC: les intellectuels sont dans des villages, quartiers, villes et cités sur toute l’étendue de la RDC. Les intellectuels occupent la présidence du pays, les ministères, le parlement, les gouvernorats, les assemblées provinciales, l’armée, la police, les services de renseignement, les bureaux, etc. Les intellectuels sont partout, partout, partout en RDC. Ils devraient être des transformateurs de la société, des créateurs d’idées et de solutions nouvelles aux problèmes locaux et nationaux, des créateurs d’unités de production, d’entreprises et de compagnies de transformation grâce aux formations reçues dans les institutions d’enseignement supérieur et universitaire qui pullulent en RDC. Mais la vérité des faits, sur le terrain, confirme plutôt le contraire.
En effet, la RDC regorge des polytechniciens sans usines, des ingénieurs de bâtiments et travaux publics pendant que les infrastructures nationales sont en état de délabrement total, des juristes sans système judiciaire viable, des infirmiers et médecins sans hôpitaux en bon état de fonctionnement, des agronomes dans un pays affamé où la malnutrition est chronique, des économistes dans un pays très mal géré avec des populations noyées dans la misère incroyable, plein des révérends dans un pays connu comme centre mondial de corruption et d’immoralité, et la liste des paradoxes est longue.
Comment relever ces défis?
Premièrement: Nous, intellectuels congolais, devons constater et prendre conscience que le pays va mal, très mal, à cause de nous : nous ne produisons rien, nous ne savons rien faire, nous ne créons rien d’utile pour la société; nous bavardons du matin au soir prétendant que nous connaissons tout ; nous sommes fiers et arrogants de nos diplômes que nous brandissons partout pendant que nous sommes financièrement des clochards, et nombreux parmi nous vivent de vols et de corruptions.
Deuxièmement: Les intellectuels congolais qui créent des écoles, des instituts supérieurs, des universités pour faire dispenser des cours et délivrer des papiers appelés diplômes aux jeunes gens qui n’ont aucune compétence pour créer des solutions aux problèmes, des unités de productions, ces intellectuels congolais créateurs des écoles-commerces doivent savoir qu’ils sont des vrais inciviques et des immoraux. Car, se débrouiller pour vivre en hypothéquant la vie des jeunes et l’avenir d’un pays est satanique.
Troisièmement: Les institutions d’enseignement professionnel, supérieur et universitaires doivent avoir des programmes clairs, avec des objectifs bien définis, de sorte que les étudiants formés puissent acquérir des véritables compétences et habiletés pour devenir créateurs d’unités de production et d’entreprises, produire des services et des biens pour les besoins réels des gens, devenir financièrement prospères, et vivre avec dignité. En d’autres termes, les créateurs, organisateurs et administrateurs des institutions d’enseignement professionnel, supérieur et universitaire en RDC doivent cesser de continuer à créer des écoles-commerces pour produire des jeunes chômeurs inutiles pour la société. Intellectuels congolais: arrêter d’appauvrir les jeunes gens et leurs familles en ravissant le peu qu’ils ont à travers vos écoles-commerces. Recteurs, doyens, chefs des départements, professeurs, directeurs, administrateurs des écoles et instituts supérieurs et universitaires: comment pouvez-vous avoir la conscience tranquille devant le désastre intellectuel dont vous êtes les premiers responsables? Le prétexte commun selon lequel il n’y a pas d’argent pour des laboratoires, il faut du financement, nous manquons de ceci, nous manquons de cela, etc., c’est un faux prétexte. Si vous n’avez pas d’argent, ne créez pas des écoles-commerces pour exploiter immoralement les jeunes gens et leurs parents. C’est simple. En plus, tout n’est pas argent. Non, c’est avant tout la matière grise, le cerveau, la réflexion, la conception, la planification, les objectifs à atteindre et les mécanismes pour atteindre ces objectifs. En fait, l’argent ne conçoit pas le programme des cours, l’argent ne dispense pas les cours, l’argent n’a ni tête ni cerveau pour imaginer comment mieux faire des choses. L’enseignement est médiocre en RDC non pas parce qu’il n’y a pas d’argent, mais parce que nous, intellectuels congolais, nous sommes superficiels, pas méthodiques et méticuleux, nous sommes corrompus, vivons par instinct de survie et d’égoïsme comme nos dirigeants politiques dont nombreux sont aussi des intellectuels. Si nous, intellectuels congolais, ne reconnaissons pas la vérité, notre vérité, comme ici décrite, alors nous sommes voués à répéter continuellement nos arrogances fallacieuses.
Quatrièmement: Vous, créateurs et administrateurs des écoles-commerces qui pullulent en RDC, vous êtes tenus par moralité à commencer immédiatement le travail de réviser tous vos programmes et cours dans toutes les disciplines que vous dispensez, de façon que chaque cours soit appliqué et transformateur. Les étudiants doivent être poussés à constater et analyser la société congolaise dans toute sa complexité, identifier les problèmes et leurs racines, et articuler des solutions appropriées. Par exemple: les professeurs et les étudiants congolais comprennent bien que la vie misérable des populations des villages et milieux urbains en RDC est le résultat d’accumulation des actions négatives et contre-nature d’une part, et le résultat d’inaction des gens qui pouvaient et devraient proposer et appliquer des programmes de développement aux niveaux national et provinciaux d’autre part. Donc, les recherches, les enseignements, les publications en RDC devraient explorer toutes les solutions imaginables pour résoudre ces problèmes de pauvreté et de misère. En ce sens, les diplômés congolais seraient armés de la mentalité scientifique et intellectuelle pour toujours chercher des solutions aux problèmes. Et, une fois dans le gouvernement, les intellectuels congolais se placeraient à l’avant-garde de concevoir et proposer des idées, des solutions et des actions novatrices appropriées, non seulement pour contrebalancer les actions négatives qui ruinent le pays, mais surtout pour éveiller les consciences et motiver les populations à rejeter l’inaction et à se mobiliser pour inverser la trajectoire de souffrance, pauvreté et misère par leurs efforts propres. Mais ce n’est pas ce qui se fait actuellement en RDC. Nous, intellectuels congolais, ruinons les jeunes gens et le pays avec notre immoralité, hypocrisie, mensonge, arrogance, et notre inefficacité intellectuelle.
Bref, nous, intellectuels congolais, surtout ceux parmi nous qui sont créateurs et administrateurs des écoles-commerces, nous devons nous engager devant notre conscience et devant Dieu à faire un réajustement des enseignements en RDC, de façon que les institutions d’enseignement professionnel, supérieur et universitaire puissent se concentrer sur la formation des jeunes créateurs d’unités de production, créateurs des nouvelles idées et des solutions aux problèmes locaux, créateurs d’entreprises et des compagnies, afin de devenir transformateurs de la société pour leur propre prospérité et pour le développement de la nation.
1.2. Défi d’attentisme et de démission
On ne le répètera jamais assez: la RDC est pleine des intellectuels. Les intellectuels sont présents dans la société civile, dans les écoles et universités, dans toutes les confessions et dénominations religieuses, dans des organisations civiques et des droits de l’homme, dans des institutions administratives nationales et provinciales, dans l’armée nationale, dans la police nationale, dans les services de renseignement, dans des villages, villes et cités de la RDC.
Question: pourquoi les intellectuels congolais sont si inefficaces, inactifs, voire complices du mal et promoteurs des antivaleurs qui envahissent toute la RDC?
Parce que l’intellectuel congolais attend: il/elle attend qu’il n’y ait pas corruption pendant qu’il pratique la corruption. Il/elle attend que le gouvernement fasse les choses alors qu’il/elle est ministre, parlementaire, gouverneur, général de l’armée, commandant de la police, patron du service de renseignement, etc. Réveilles-toi de ton sommeil d’attentisme: c’est toi qui te crois intellectuel, avec ton diplôme, c’est toi qui lis ce message, c’est de toi qu’il s’agit, ce n’est pas quelqu’un d’autre; examines tes actions de chaque jour et tu constateras que tu es aussi corrompu et corrupteur, tu es aussi malhonnête, tu es aussi complice avec le mal, complice avec les étrangers qui pillent le pays, etc. Tu n’es peut-être pas tout cela, mais tu n’es pas innocent non plus. Car tu fais partie du problème et tu contribues à l’amplification du problème, parce que tu ne fais pas ta part des choses. Ce n’est donc pas l’autre, c’est toi, c’est chacun de nous. N’allons pas loin, ne cherchons pas loin. Commençons par notre propre conscience, nos propres actions de chaque jour. Ensuite, entamons une conversation dans notre propre famille, conversation avec amis et collègues pour identifier ce que nous devrions faire mais que nous ne faisons pas. C’est donc chacun de nous qui doit et devrait être transformateur de la société par ses propres actions. C’est chacun de nous qui doit devenir source d’idées et de solutions nouvelles aux multiples problèmes confrontés par nos familles, nos milieux et notre nation. Ce sont les actions concrètes d’un intellectuel qui inspirent, stimulent et motivent les autres à faire de même. C’est l’audace de pensée et d’action qui détermine la qualité et la valeur d’un intellectuel, faisant ainsi l’honneur ou le déshonneur d’une nation; ce n’est pas le papier appelé diplôme qui fait la valeur et la dignité d’un intellectuel, non, c’est l’action transformatrice.
Nous, intellectuels congolais, par simple examen de conscience, observation et analyse de nos actes, devrions être à mesure de constater que nous avons largement démissionné de l’effort de réflexion sur la réalité du vécu pour articuler la signification. Nous ne persévérons pas dans la recherche de la vérité toujours fuyante et toujours mêlée aux impuretés. Nous, intellectuels congolais, sommes supposés être des pèlerins qui, sans hésitation, refusent d’être utilisés pour asseoir ce qui n’est pas factuellement vrai, ou d’être instrumentalisés pour la propagation d’idéologie intrinsèquement erronée, propagation des faussetés et des mensonges. Nous, intellectuels congolais, devrions et devons être caractérisés par l’audace de toujours interpréter et analyser la culture courante pour la purifier du tribalisme, de l’irrationnel et de la médiocrité, en vue d’éclairer la société.
L’intellectuel voit loin, résiste et rejette le mal. L’intellectuel comprend que ce qu’il est, ce qu’il sent, ce qu’il désire, ce qu’il craint, ce qu’il rêve pour sa vie, ce qui le rend heureux ou malheureux, tout cela se retrouve chez tous ses compatriotes et chez tous les êtres humains. En ce sens, l’intellectuel poursuit tout ce qui est bien, bon et beau, et comprend que tous ses compatriotes et tous les autres êtres humains poursuivent la même chose. L’intellectuel ne prend pas plaisir aux malheurs des autres. L’intellectuel ne se réjouit pas d’être financièrement à l’aise pendant que la majorité des compatriotes dans son village, quartier, ville ou pays croupit dans la pauvreté et la misère.
Intellectuel congolais: pense à la vie des gens dans ton village, ton quartier, dans ta cité, dans ta ville. Pense à ce qui se vit dans ta nation, la RDC. Quels sont les problèmes d’intérêt commun que tu as déjà analysés, et quelles sont les solutions que tu as proposées pour résoudre ces problèmes dans ton village, ton quartier, ou ta cité? Si tu trouves que tu as toujours pensé que tes idées ne peuvent pas changer quelque chose, ou que tes idées ne peuvent pas influencer les gens à changer leurs comportements positivement, alors poses toi la question de savoir pourquoi tu crois que tes idées ne peuvent rien faire? Est-ce que tu proposes des solutions efficaces et impartiales aux problèmes de ton milieu et les gens rejettent cela? Est-ce simplement toi qui assumes que tes idées ne feront rien du tout? Mets par écrit les réponses à ces questions qui te viennent en tête. Et demande à tes amis de faire de même. Puis, réfléchissez et commencez une conversation à partir de ces idées que vous avez mises par écrit. Vous verrez que quelque chose d’extraordinaire va commencer.
Bref, en tant qu’intellectuel, la vie d’un chacun de nous, c’est de ne pas être satisfait de ce qui est; car en tant qu’intellectuel, chacun de nous est supposé toujours voir loin et toujours imaginer comment les choses peuvent être mieux. L’intellectuel n’est pas celui qui se limite à se plaindre et se lamenter, mais plutôt celui qui conçoit comment résoudre des problèmes. L’intellectuel annonce avec persistance ce qu’il/elle a pensé et conçu comme solution, et dénonce avec courage l’inaction des populations et des autorités qui n’essaient même pas d’appliquer des solutions qui leur sont proposées. L’intellectuel ne tait pas sa voix, l’intellectuel ne dit pas « je suis fatigué, faites comme vous voulez ». Non. L’intellectuel continuellement dit à quiconque veut entendre où est le chemin de la sortie de la médiocrité et de la pauvreté. L’intellectuel éveille la conscience des membres de sa famille, la conscience des populations de son village, de son quartier et de sa cité. L’intellectuel n’est pas est un « star » qui se fait adorer pour ses diplômes, l’intellectuel ne se contente pas de brandir un ou des diplômes qu’il possède comme pour se placer au-dessus des populations sans diplômes, pendant qu’il n’y a pas de transformation positive de la société comme résultat de ces diplômes. L’intellectuel épouse la cause des gens de son village, de son quartier, de sa ville, de sa cité, de son pays. L’intellectuel est une personne d’action pour avancer la prospérité de tous. On est intellectuel par témoignage porté à la vie quotidienne, par la résilience à rejeter le mal et la médiocrité, par l’opposition farouche à la pesanteur sociopolitique qui étouffe et suffoque la liberté et la créativité.
1.3. Défi d’inconscience et d’insouciance
Observez la dégradation de vie en RDC, observez la misère qui a envahi la société congolaise, et vous constaterez très vite que les gens vivent par hasard, au jour le jour, dans l’inconscience, supportant le poids de pauvreté et de misère sans réfléchir sur comment s’en sortir. Alors les gens se tournent vers la prière pour que Dieu fasse le miracle. Malheureusement, les intellectuels congolais ne font pas exception à cette observation. Nous, intellectuels congolais, malheureusement vivons aussi par l’inconscience, et parfois l’insouciance pour nous évader des souffrances de la vie quotidienne.
Mais un intellectuel est et doit toujours être conscient des faits, des événements et des actions qui se déroulent autour de lui/d’elle, dans son village, dans son quartier, dans sa ville, dans sa cité, dans son pays. Un intellectuel observe et interprète la valeur des faits, formule un jugement, agit et mobilise les autres à agir. La conscience intellectuelle est un état d’esprit, une façon de voir et de comprendre la réalité quotidienne, un mode de vie qui fait que l’intellectuel continuellement évalue ses propres actes et leur valeur morale, lui permettant de se sentir en paix dans sa peau et de n’avoir rien à se reprocher à la fin de la journée. L’intellectuel n’est cependant pas un être parfait, c’est pourquoi sa conscience est l’instrument qu’il utilise pour s’évaluer et formuler des actions correctives de ses conduites et comportements.
En ce sens, nous adressons un appel urgent aux intellectuels congolais: si vraiment nous nous considérons comme des intellectuels, en RDC, nous devons absolument constater que ce n’est pas normal que nous, les habitants de la RDC, puissions habiter une terre fertile et être affamés, et que les enfants puissent souffrir de la malnutrition. Il n’y a aucune bonne raison pour les familles dans les villages, les communautés rurales et urbaines de vivre dans des logis infestés d’insectes qui n’offrent ni confort ni vie privée. Il n’y a aucune bonne raison pour justifier le manque de transport et pour la plupart des populations de ne jamais voyager au-delà de leurs villages ou villes d’origine parce que ne disposant pas de moyens financiers d’une part, et n’ayant pas des voies et moyens de transport disponibles d’autre part. En conséquence, environ quatre-vingt-dix pourcents des populations congolaises vivent isolées les unes des autres dans leurs villages, villes et provinces. Notre conscience d’intellectuel congolais doit souffrir, doit être torturée, de voir que chaque jour qui passe, chaque semaine qui passe, chaque mois qui passe, chaque année qui passe, les habitants des villages, villes et cités en RDC sont rongés par la pauvreté et la misère. Mais au-delà de souffrir et d’être torturée, notre conscience d’intellectuel qui fait ces constats malheureux doit et devrait articuler des idées nouvelles, des voies nouvelles de solution, et montrer des chemins de sortie de la pauvreté et de la misère dans lesquelles le peuple congolais croupit depuis l’indépendance de ce pays.
En face des tragédies et misères des populations congolaises, notre conscience d’intellectuels congolais doit et devrait reconnaitre que c’est inacceptable de continuer avec cette descente en enfer sans rien faire. Notre conscience d’intellectuels congolais doit et devrait se révolter et se lever avec force et vigueur pour expliquer et persuader les populations ainsi que les dirigeants politiques de ce pays que ce n’est pas normal de tolérer la ruine devant nos yeux d’un pays aussi riche en ressources humaines et naturelles. Notre conscience d’intellectuels doit et devrait nous obliger à annoncer à tous les congolais que seules des actions innovatrices de développement, qui consistent à transformer les immenses ressources naturelles de ce pays sur place, résoudront les problèmes de chômage et de pauvreté dans notre pays. Et pour faire cela, les animateurs du gouvernement et des institutions nationales doivent immédiatement arrêter de voler et détourner de l’argent. La pratique de commission et rétro-commission doit cesser. Quelqu’un qui est coupable de vols, détournements ou corruption, qu’il soit leader politique ou non, ne doit pas être relâché de prison jusqu’à ce qu’il/elle paie tout ce qu’il/elle a volé et fasse son temps en prison. Les intellectuels congolais doivent faire usage des réseaux sociaux pour mobiliser les jeunes et les populations à marcher chaque weekend dans toutes les capitales des provinces, pour exiger que les dirigeants du pays prennent au sérieux le travail de formation des compétences et expertises locales ainsi que la mise à jour des infrastructures délabrées du pays. Car, le développement ne sera que le résultat des pensées, conceptions, imaginations, efforts et travaux des hommes et femmes qui habitent les villages, villes et cités de ce pays, coiffés par un plan national de développement. Les intellectuels congolais doivent être à l’avant-garde des pensées, imaginations et conceptions des nouvelles idées et méthodes de gouverner et de relancer le développement du pays.
1.4. Défi de dépasser l’instinct de survie
En RDC aujourd’hui, il y a un dénominateur commun que tous reconnaissent et expriment: la pauvreté et la misère du peuple congolais. Tous en RDC, gouvernement, société civile, armée, police, service de renseignement, intellectuels de toutes professions, les confessions religieuses, les populations des villages, villes et cités, tous reconnaissent et s’accordent sur l’état de pauvreté et misère terrible des populations, tous s’accordent sur l’état de délabrement et de la ruine des infrastructures physiques et socioéconomiques qui renforcent cette misère des populations.
On croirait qu’un tel accord engendrerait aussi un accord dans la planification et l’exécution des programmes d’action pour remédier aux déficiences et permettre aux populations d’améliorer leurs conditions de vie, mais ce n’est pas le cas. Pourquoi pas? Parce que tous, en RDC, vivent par instinct de survie, y compris les intellectuels congolais.
D’une part, les quatre-vingts dix pourcents des populations qui travaillent dur dans l’enseignement, dans des hôpitaux et cliniques, dans des fonctions publiques, dans des banques, dans des champs, etc., mais incapables de nouer les deux bouts du mois, sont chaque jour préoccupés de trouver de quoi nourrir leurs familles, et cette préoccupation de survie occupe les pensées et consciences de ces gens. D’autre part, les intellectuels qui pouvaient penser et réfléchir pour éveiller les consciences sont eux aussi coincés et réduits à survivre au jour le jour sans remettre en question les conditions de vie difficile dans lesquelles les populations vivent. Et l’ignorance aidant, les populations ordinaires des villages, villes et cités croient que leur sort, leur destin, leur survie au jour le jour, caractérisée par la pauvreté, une vie dure, et une vie de misère, est normal. Ce qui est absolument faux. Car les richesses sont tellement immenses en RDC que chaque habitant de ce pays peut devenir un millionnaire, et il y aurait encore assez de richesses en réserve pour les générations futures.
L’intellectuel congolais doit d’abord et avant tout reconnaitre qu’il est lui-même sujet de l’instinct de survie. Qu’il soit académicien, politicien, jeune ou vieux, l’intellectuel congolais doit commencer à s’extirper lui-même de l’instinct de survie et d’égoïsme qui l’anime. Nous, intellectuels congolais, chacun de nous doit s’auto-examiner pour d’abord s’élever au-dessus de l’instinct de survie, créativement trouver pour soi-même une nouvelle façon de penser, d’agir, d’être, et de vivre qui libère de l’instinct de survie et d’égoïsme. Croire que l’on est intellectuel et on n’est pas sujet de l’instinct de survie, c’est s’enfoncer davantage dans l’instinct de survie et d’égoïsme auquel personne n’échappe en RDC.
C’est donc en commençant avec cet esprit et cette conscience d’exorcisation personnelle, que chaque intellectuel congolais pourra commencer à récupérer ce qui reste de sa propre dignité, et faire de l’innovation le centre de toute réflexion pour trouver des solutions nouvelles et sérieuses aux problèmes chroniques de pauvreté et de misère qui ruinent nos villes, villages et cités en RDC. Ainsi l’intellectuel congolais, libéré de ses propres instincts de survie, deviendra porteur de lumière pour éclairer les populations congolaises sur le chemin de la sortie de leurs pauvreté et misère par leur imagination propre et par les travaux de leurs mains, et non par quémander et tendre les mains pour des assistances et des dons. Car, une fois libéré de ses propres instincts de survie, l’intellectuel congolais deviendra capable d’imaginer et de proposer des nouvelles solutions aux anciens et nouveaux problèmes de la vie, capable de créer des nouveaux produits et services pour contrecarrer les actions négatives qui ruinent et maintiennent le pays dans l’état de faillite. Ainsi, l’intellectuel congolais libéré de ses propres instincts de survie et d’égoïsme vivra de l’instinct de réflexion, de créativité, de serviabilité, et sera toujours au front d’imaginer des nouvelles manières d’être Congolais consciencieux, et à l’avant-garde du développement de la RDC, pour permettre aux populations congolaises de réaliser le destin de ce pays sur la planète terre.
Bref, l’instinct de survie aveugle et décourage l’intellectuel congolais qui paraît croire qu’il ne peut rien pour changer le sort misérable de son peuple et de son pays. Mais libéré de l’instinct de survie, l’intellectuel congolais verra que les possibilités de développement du pays sont énormes; l’intellectuel congolais comprendra qu’il y a multiples facettes pour chaque problème, facettes qui représentent en fait des opportunités lucratives de créer des services et d’unités de productions de toutes sortes. L’intellectuel congolais libéré de l’instinct de survie comprendra vite que pour tout problème, il n’y a pas qu’une seule solution ou un seul chemin de sortie, mais qu’il y a plutôt multiples bonnes solutions qui traitent des différents aspects du problème. En ce sens, l’intellectuel congolais libéré de l’instinct de survie et d’égoïsme deviendra source d’innovation, d’inspiration, de serviabilité et moteur du développement du pays.
1.5. Défi de transformer la société
Quand on observe la vie des intellectuels en RDC, on ne peut ne pas constater la dichotomie radicale qu’il y a entre les connaissances théoriques des intellectuels congolais, les discours et verbiages sociopolitiques de tout genre, et la réalité de la vie quotidienne qui échappe à ces discours. Or, l’intellectuel congolais doit et devrait être alerté à observer la vie quotidienne pour susciter des nouvelles idées et solutions. C’est en observant attentivement la réalité du vécu quotidien que l’intellectuel imagine des solutions aux problèmes, crée des produits ou services nouveaux pour répondre aux besoins de ce vécu quotidien.
En ce sens, l’intellectuel congolais doit et devrait être attentif à la vie quotidienne des populations, et attentif aux conditions de vie dans le pays. Tout ce que les humains réalisent positivement ou négativement dans la société (villages, quartiers, villes et cités), dans la nature elle-même (forêt, rivière, fleuve, lac, faunes et flores, montagne, espace, etc.), tout cela doit être attentivement observé par l’intellectuel, car cela constitue une source d’inspiration à partir de laquelle l’intellectuel peut générer des nouvelles idées, des nouvelles solutions aux problèmes sociétaires et écologiques, ou créer des unités de production qui vont donner d’emplois et améliorer les conditions de vie dans la société. Car, pour un intellectuel vrai, rien de ce monde ne doit ou ne devrait être sans leçon, sans susciter quelque pensée, sans faire bouger le mental dans une direction ou une autre. C’est seulement avec attention soutenue à la vie quotidienne que l’intellectuel congolais deviendra attentif aux réalités autour de lui, développera l’état d’esprit de lire la vie quotidienne comme un livre d’événements qui inspirent, afin de mieux comprendre la société pour mieux la transformer.
Si nous, intellectuels congolais, sommes tellement pris avec des choses et des activités de survie au point de ne pas nous rendre compte ou évaluer la signification de ce qui se passe devant nos yeux et autour de nous, alors nous sommes réduits à vivre nous-mêmes une vie de routine et de pauvreté mentale dans notre pays.
Intellectuels congolais: le temps est venu de prendre conscience qu’il n’y a plus d’excuse après plus 60 ans d’indépendance, de tolérer la pauvreté massive des populations, de tolérer des médiocrités dans la gestion des affaires du pays. C’est nous, intellectuels congolais, qui devons réfléchir et articuler clairement aux populations congolaises que les dons ne finissent pas la misère de quelqu’un; que les dons ne développent pas un village, un quartier, une cité, une province ou un pays. En tant qu’intellectuels, nous devons expliquer aux populations que les fonds reçus des membres de famille vivant en Occident ne remplacent pas et ne doivent jamais remplacer l’effort personnel pour créer des unités de production et assurer sa propre autonomie financière afin de vivre avec dignité. Nous, intellectuels congolais, devons expliquer tout haut et persuader nos dirigeants politiques à cesser de se vagabonder pour des aides et investissements qu’ils ne reçoivent même pas; c’est une pratique très humiliante. La RDC n’a pas besoin d’aide ou d’investissement, car la RDC est pleine des talents, des intellectuels, et des ressources naturelles. Au lieu de se pavaner comme des clochards et s’humilier en quémandant partout des aides et d’investissements, nos dirigeants politiques qui sont aussi des intellectuels, doivent rester dans le pays, se concentrer à faire former des compétences et capacités locales et nationales en science, technologie, manufacture, et industrialisation.
Nous, intellectuels congolais, avons aussi le rôle et la responsabilité de faire comprendre aux policiers et soldats que c’est immoral et injuste d’extorquer les civiles qui ne sont pas responsables du non-paiement de leurs maigres salaires, et qu’en réalité, ils doivent s’attaquer à leurs autorités directes, au parlement et au gouvernement qui sont responsables de budgéter et décaisser leurs salaires. Nous, intellectuels congolais, devons articuler et expliquer que les législateurs (parlementaires) ont l’obligation civique et morale de concevoir et voter des lois budgétées pour réhabiliter les infrastructures, des lois de réformes nécessaires afin de créer un environnement non-suffocant et favorable au développement du pays par les populations congolaises elles-mêmes. Car, c’est nous, intellectuels congolais, qui devons éclairer les dirigeants congolais que c’est immoral et honteux pour eux de vivre par instinct de survie et d’égoïsme, de se donner des gros salaires pendant que les populations vivent dans la misère absolue, et que c’est leur responsabilité de penser, réfléchir et planifier des actions de développement du pays. C’est nous, intellectuels congolais, qui devons dire au gouvernement et aux autorités politiques qu’ils sont professionnellement et patriotiquement les premiers responsables qui doivent parcourir les villages, villes et cités du pays pour sensibiliser, conscientiser et motiver les populations à créer des unités de production par elles-mêmes pour elles-mêmes afin de développer leurs milieux et leur pays. C’est de cette façon que nous, intellectuels congolais, devons assumer notre rôle d’être à l’avant-garde du développement de notre pays.
Bref, les intellectuels congolais doivent prendre conscience de leurs talents et compétences, de leurs rôles et responsabilités dans la société pour devenir eux-mêmes transformés en transformateurs de la société et bons gestionnaires des affaires du pays. Ainsi, nous, intellectuels congolais, serons à mesure de vivre à la hauteur des exigences des rôles et responsabilités qui nous incombent dans la société. C’est alors que nous, intellectuels congolais, serons à mesure de persuader les populations à comprendre que leurs différentes tribus sont des différentes façons de penser, de réfléchir, et de trouver différentes solutions pour un même problème, et non pas sources d’antagonisme. En ce sens, les différentes tribus constituent une richesse culturelle, intellectuelle, philosophique et artistique extraordinaire pour le pays et pour l’humanité. Chaque tribu en RDC a différentes façons de construire des maisons, de faire l’élevage, de cultiver les champs, de construire des routes, de construire des ponts, de célébrer les naissances et les morts, de vivre et de mourir. Ce sont ces façons-là que nous, intellectuels congolais, devons continuellement intégrer avec les sciences et les technologies pour transformer nos villages, villes et cités en lieux où il fait beau vivre.
2. Conclusion
Intellectuel congolais: notre situation, notre état, notre impact d’intellectuel en RDC est négatif. En effet, dans les pays dits développés, le niveau de leur développement économique, scientifique, technologique et industriel est proportionnel au nombre d’intellectuels dans le pays. Mais en RDC, nous, intellectuels, sommes très nombreux, mais notre pays est plus que sous-développé parce que notre impact est négatif. Deuxièmement, le fait que les jeunes filles et les jeunes garçons, les habitants des villages, villes et cités en RDC ne sont pas capables de transformer sur place les immenses ressources naturelles du pays en produits finis pour éliminer le chômage, la famine, et la pauvreté tout en protégeant les sols et sous-sols, les forêts et végétations, les eaux et l’air du pays, c’est un indicateur sans équivoque de l’échec des intellectuels et des animateurs des institutions nationales en RDC. Cela traduit aussi l’incapacité de ceux et celles qui devraient être porteurs de lumière et/ou dirigeants du pays de percevoir et comprendre leur propre destin, le destin de leur peuple et de leur nation. Troisièmement, le fait que nous, intellectuels congolais, nous taisons et tolérons des taxes arbitraires de toutes sortes sur toute l’étendue de la RDC pour piller les populations déjà pauvres, est une condamnation pour nous-mêmes. En effet, on trouve dans toutes les provinces en RDC des multiples taxes sur les vélos, multiples taxes sur les motos, multiples taxes sur les mamans qui vendent aux marchés, multiples barrières pour péages routiers quand bien même qu’il n’y a pas des routes, péages de pont pour marcher et traverser un ruisseau qui n’a pas de pont, etc. Intellectuels congolais: comment pouvons-nous fièrement brandir nos gros diplômes lorsque nos matières grises sont incapables de mobiliser les jeunes et les populations pour opposer ces taxes arbitraires et sataniques?
A la lumière de ce qui est développé dans cet article, chaque intellectuel congolais, par amour de soi et de la patrie, avec humilité, doit faire un examen de conscience afin de se ressaisir, et de s’engager devant sa conscience pour jouer son vrai rôle qui n’est pas un choix à prendre ou à laisser, car c’est une mission du destin. Cette mission du destin exige que chaque intellectuel, chaque personne, en RDC puisse œuvrer à se transformer personnellement et devenir transformateur de la nation; c’est-à-dire rejeter le mal et lutter contre les antivaleurs, devenir agent du développement, créateur d’idées et de solutions nouvelles, motivateur des uns des autres pour éviter le mal et la médiocrité, faire le bien et promouvoir des actions de développement et de paix en Afrique et dans le monde. Ainsi, grâce aux actions de développement des intellectuels et des populations de la RDC, ce pays sera transformé en bijoux d’Afrique et du monde.
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Tongele N. Tongele, Ph.D.
Docteur en génie mécanique et professeur d’Université aux USA
tongele@cua.edu