Depuis quelques jours, l’opinion nationale et internationale suivent éberluées le débat qui tourne autour des opérations frauduleuses mettant en cause le sulfureux homme d’affaire Israélien Dan Gertler. Toute l’attention est focalisée sur les banques commerciales et les différents protagonistes: lanceurs d’alerte, auditeurs internes, mais la responsabilité et l’implication directe et/ou indirecte de la banque centrale dans cette ténébreuse histoire n’est évoquée, alors que c’est elle qui est l’autorité de régulation, de contrôle et de la bonne gouvernance du système bancaire et financière du pays.
Le désordre qui prévaut aujourd’hui dans l’environnement bancaire et financier congolais appelle des reformes en profondeur de notre institut d’émission pour protéger les intérêts de notre pays et rétablir un climat de confiance auprès des investisseurs crédibles désireux de contribuer à son développement.
Le rôle économique de la banque centrale est d’une importance capitale voire vitale. Lorsqu’on parle de la gestion bancaire, on oublie très souvent, que la gestion des banques commerciales dépend pour une grande partie du comportement de la banque centrale. La banque centrale agit sur l’ensemble du système bancaire du pays. Elle a des relations financières exclusives avec son environnement.
Elle gère les réserves de change provenant des opérations avec le reste du monde, elle accorde des encours aux établissements de crédits, cela l’oblige à avoir un droit de regard sur le mécanisme de création monétaire au sein de ces établissements. Il convient de préciser que les billets mis en circulation sont contrôlés rigoureusement par la banque centrale, cela implique que les comptes courants ouverts sur les livres de la banque centrale par les établissements de crédits et des entreprises dans le cadre des réserves obligatoires permettent à celle-ci (banque centrale) de surveiller tout mouvement suspect. Elle a comme autres engagements, la facilité de dépôts qui permet aux banques de déposer leurs excédents de liquidité moyennant rémunération, les reprises de liquidité en blanc, les mises en pension qui consistent à retirer de la liquidité, les appels de marge ou gage qui peuvent être reçus par elle.
A la lumière des éléments exposés ci-haut, compte tenu des relations étroites qui existent entre la banque centrale et son environnement, il est donc indéniable que toute opération frauduleuse est susceptible d’être détectée même à posteriori.
Pour terminer, les réformes doivent être entreprises rapidement pour permettre à la banque des banques de surveiller efficacement les flux financiers et prévenir avec rapidité le comportement suspect dans le chef de certains établissements de crédits, car, la réputation du pays et de son système bancaire en dépendent. Sans quoi, des petits malins comme Dan Gertler en profiteront pour faire du Congo leur terrain propice pour perpétrer leurs activités criminelles avec la complicités de certains compatriotes sans scrupules.
Okitapoy Longa Mboyo / Economiste