Dans leur message « Le pays va très mal. Debout Congolais! Décembre 2017 approche » publié le 23 juin dernier, les évêques de la CENCO (Conférence épiscopale nationale indépendante) avaient vu juste. Ils avaient stigmatisé une « minorité de concitoyens » qui a engagé le redoutable pari de « prendre en otage » la vie des 70 millions de Congolais.
Les évêques ont, par la même occasion, exhorté les ex-Zaïrois à se départir de la résignation et de la peur pour redevenir les principaux architectes de leur destin collectif.
La lecture du pseudo-calendrier électoral publié dimanche 5 novembre par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) confirme les appréhensions exprimées jadis par les prélats. « Joseph Kabila » continue à multiplier des subterfuges pour s’accrocher au pouvoir.
Sans une riposte vigoureuse et rapide des forces politiques et sociales acquises au changement, il ne serait pas étonnant que le clan kabiliste matérialise, dans les jours et semaines à venir, l’idée chère au « professeur » Evariste Boshab selon laquelle « toute Constitution est révisable ». Bonjour, le référendum!
Il est désormais plus que clair: « Joseph Kabila » et son homme de main Corneille Nangaa constituent une grave menace non seulement pour la paix mais aussi pour la stabilité du pays et la cohésion nationale. Le successeur de Mzee n’est qu’un pitoyable réactionnaire. L’homme a peur de la démocratie.
Par la volonté de ces deux personnages sans foi ni loi, les Congolais doivent attendre jusqu’au 23 décembre 2018 pour élire leur nouveau Président de la République. Un nouveau Président qu’ils espèrent être l’antithèse du « sortant » qui refuse de sortir. Et ce depuis le 19 décembre 2016, date d’expiration du dernier mandat de ce dernier.
En seize années de présence à la tête du Congo-Kinshasa, « Joseph » a fait beaucoup de promesses. Aucune n’a été tenue. Les « cinq chantiers » et la « révolution de la modernité » se sont révélés des slogans creux.
En seize années de pouvoir, l’homme et sa fratrie n’ont manifesté aucune « passion » pour ce pays qui leur a tout donné. Pire, ils ont refusé furieusement de s’intégrer dans la société congolaise au point d’être incapables de s’exprimer dans la langue la plus parlée en l’occurrence le lingala. Le silence légendaire du successeur de Mzee est perçu comme du mépris vis-à-vis de tout un peuple.
Point n’est besoin de mener une enquête scientifique d’opinion auprès des ex-Zaïrois pour réaliser que « Joseph Kabila » est plus impopulaire que ses prédécesseurs Mobutu Sese Seko et Laurent-Désiré Kabila. Voilà pourquoi, les électeurs piaffent d’impatience pour tourner la page cauchemardesque de près de deux décennies de pouvoir de cet « OVNI politique ».
« La démocratie est le système politique le moins mauvais », disait l’ancien Premier ministre britannique Winston Churchill. Ce système est moins mauvais parce qu’il est le seul qui permet au peuple souverain d’exiger des comptes à leurs dirigeants ou représentants. Et le cas échéant de sanctionner… démocratiquement les gouvernants qui ont failli.
Il ne peut y avoir de démocratie – la vraie – que là où il y a possibilité d’une concurrence pacifique pour accéder au pouvoir. Il ne peut avoir de compétition pacifique que dans une société respectueuse des règles qu’elle s’est librement dotées.
Au « Congo libéré » de « Joseph Kabila », il n’y a pas de règles. Sauf pour avantager la « mouvance présidentielle » face aux forces de l’opposition ou pour préserver les « droits » politiques du « raïs ».
Loin d’apaiser les esprits, le calendrier électoral concocté par le duo « Kabila »-Nangaa vient assombrir l’avenir. Fort heureusement, il n’y a point de fatalité. L’heure du choix a sonné pour les Congolais. Il s’agit de chasser le dictateur pour sauver la « jeune démocratie » congolaise. Par tous les moyens…
Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-2017