Homme d’affaires et collectionneur d’art, Sindika Dokolo, 48 ans, laisse aux yeux de ses concitoyens congolais l’image d’un activiste socio-politique. Il a été de tous les combats pour le retour de l’ordre constitutionnel violé par « Joseph Kabila ». Celui-ci s’est maintenu au pouvoir au-delà de l’expiration de son second mandat. La répression sanglante des partisans de Kamuina Nsapu, dans le Grand Kasaï, en 2017, a servi d’élément déclencheur de l’engagement politique de Sindika. Le Congo-Kinshasa perd l’un de ses valeureux fils. (Sur la photo, Christèle Vuanga, alors journaliste, fait une interview avec Sindika Dokolo, le 17 août 2017 à Chantilly).
A en croire certains « philosophes », chaque être humain aurait un
« rendez-vous fixé » avec la mort. Et que chaque jour, l’être humain ne ferait qu’accomplir un pas de plus vers ce
« lieu de rendez-vous ». C’est à l’occasion d’une plongée sous-marine, à Dubaï, Emirats Arabes Unis, que la mort a croisé le chemin de Sindika Dokolo.
Fils du banquier zaïro-congolais Augustin Dokolo Sanu et d’une Danoise, Hanne Kruse, « Sindika » était un prestigieux collectionneur d’art africain. Sa vie familiale en tant que mari d’Isabel Dos Santos, fille de l’ancien président angolais José Edouardo dos Santos, n’est pas l’objet de cet article. Sa carrière d’homme d’affaires, non plus.
Ce « papier » n’a qu’un but: rendre hommage à un patriote disparu un peu trop tôt. Un patriote qui a été de tous les combats contre le régime tyrannique de « Joseph Kabila ». Les atrocités commises dans le « Grand Kasaï » par les sbires de ce dernier, épaulés par des miliciens Bakata Katanga, ont servi de « détonateur ».
De l’Angola où il résidait avec son épouse, Sindika a vu des milliers – 35.000? – de ses concitoyens affluer à Dundo pour trouver refuge. Parent, il fut particulièrement ému de voir de petits enfants âgés de trois à quatre ans sortir de la brousse. Sans parents. C’est le commencement d’un engagement politique.
Dans une interview accordée à RFI, le 30 mai 2017, il lance:
« Je ne supporte plus la barbarie quotidienne qui sévit en RDC ». Pour lui, les autorités de l’époque devraient tôt ou tard rendre compte des actes commis au « Grand Kasaï » dont le double assassinat des experts onusiens Zaida Catalan et Michaël Sharp.
Mi-août 2017, il est co-organisateur, à Chantilly, en France, d’une réunion dite
« Rencontre citoyenne de la société civile congolaise », avec l’I.D.G.P.A (
The Institute for democracy, gouvernance, peace and development in Africa) que dirige le constitutionnaliste André Mbata Mangu.
Le 17 août, les participants publient une déclaration intitulée:
« Manifeste du Citoyen Congolais ». C’est un appel au retour de l’ordre démocratique constitutionnel. Un ordre constitutionnel violé par « Kabila » pour n’avoir pas fait convoquer le scrutin de l’élection présidentielle en mi-septembre 2016 soit 90 jours avant l’expiration de son second mandat.
Initiateur du mouvement citoyen « Les Congolais Debout », Sindika tient un meeting à Bruxelles. C’était le 30 juin 2018. Lieu: Quartier Matonge, Porte de Namur à Bruxelles.
Dans son speech, Sindika commence par inviter ses concitoyens à un
« changement de mentalité » en rompant avec certaines
« mauvaises habitudes ». Et d’épingler l’opportunisme, la vénalité et l’obséquiosité. Il tonne en lingala:
« Totika kokumisa bakonzi ». Traduction:
« arrêtons d’encenser nos dirigeants ». Pour lui, le moment est venu de centrer le débat sur des « valeurs » et non sur des « individus ». Ces valeurs sont: l’Etat de droit, la démocratie, la liberté et l’amour de la patrie.
Sindika n’a jamais eu l’ambition de conquérir le pouvoir. Il s’est engagé à
« éveiller » ses compatriotes qui demeurent, à ses yeux,
« les bras croisés pendant que leur pays bascule dans le chaos ». Pour lui,
« il n’y a pas de fatalité ». A méditer.
La mort de Sindika Dokolo est une immense perte. Le Congo-Kinshasa perd l’un de ses valeureux fils.
B.A.W.
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