La société « Katanga Solbric » a été chargée de construire un mur de 20 kilomètres à la frontière entre le Congo-Kinshasa et la Zambie au niveau de l’endroit dit « Bilanga », une piste qu’empruntent les trafiquants. Le contrat est manifestement conclu de gré et gré en violation de la loi sur les marchés publics. Le maître de l’ouvrage reste inconnu. Il s’agit sans doute de la Présidence de la République où siège un « gouvernement parallèle ».
La nouvelle de cette construction sans précédent a été donnée le week-end dernier à Kasumbalesa par Gaylord Yav Sony, responsable des études et planification de l’entreprise « Katanga Solbric ». L’homme expliquait le « bien fondé » de ce projet à la presse ainsi qu’aux membres du conseil de sécurité de la province.
Selon lui, le mur d’une longueur de 20 kilomètres sera équipé des cameras de surveillance au niveau de « Bilanga ». Le but est de « sécuriser » les frontières congolaises avec d’autres pays. « Cette opération va s’étendre à d’autres provinces », a-t-il précisé. Kasumbalesa sert donc de « localité pilote ».
Cet ouvrage devrait permettre au gouvernement de « maximiser les recettes » tout en réduisant la contrebande. Dix barrières seront construites sur cette distance de 20 km avec un guichet pour faciliter les entrées et les sorties des autochtones et des résidents á Kasumbalesa.
En fouillant sur la toile, il apparaît que l’entreprise « Katanga Solbric » a son siège l’avenue des Scieries n°3 à Lubumbashi. Elle appartiendrait au « général » John Numbi Banza Tambo, l’ancien patron de la police nationale. Plusieurs questions restent sans réponses. Qui est le maître de l’ouvrage? Combien ça coûte? Y a-t-il eu un appel d’offres?
C’est en janvier 2015 que le lieu dit « Bilanga » a commencé à attirer l’attention des autorités de Kinshasa. C’était en plein bras de fer entre « Joseph Kabila » et Moïse Katumbi Chapwe, alors gouverneur du Katanga. Le « raïs » avait du mal à digérer la métaphore des « trois pénaltys ».
Sur instruction de « Kabila », Augustin Matata Ponyo sera dépêché au Katanga afin de relever de leurs fonctions tous les responsables des régies financières de cette région. Ceux-ci étaient collectivement suspectés d’être de connivence avec « Moïse ».
Matata s’est rendu par la suite à Kasumbalesa. Dans une déclaration à la presse, le « Premier » a fait état de la volonté du gouvernement de « redresser la situation de la fiscalité, après un constat de plusieurs cas de fraude, de détournement des deniers publics et de contrebande ».
Il dira avoir observé les chemins détournés dits « Bilanga » à travers lesquels certains contrebandiers feraient traverser frauduleusement sur bicyclette et par porteurs, des marchandises importées pour échapper à la Douane.
Près de trois ans après cette visite de Matata, « Kabila » a décidé d’ériger un mur entre le Congo-Kinshasa et la Zambie. Le contrat est conclu dans une totale opacité. Le Premier ministre Bruno Tshibala aura du boulot dans sa lutte contre la corruption et la fraude fiscale. Il aura en face le fameux « gouvernement parallèle »…
Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-2017