Confronté à une grogne sociale sans précédent, le gouvernement du duo « Kabila »-Tshibala choisit la fuite en avant. Au cours du conseil des ministres présidé, vendredi 11 août, par « Joseph Kabila », l’exécutif national a décidé une « légère augmentation » de salaire des agents publics. La date de la mise en application de cette mesure n’a pas été indiquée. Signe d’un désarroi.
Au cours de sa réunion, vendredi 11 août, le conseil des ministres a décidé de procéder à une « légère augmentation » de salaire des agents et fonctionnaires de l’Etat. Quel en est le taux? Quid de la date d’entrée en application de cette mesure?
Le silence affiché par le gouvernement à ces interrogations suggère que cet acte a été pris dans la précipitation. En clair, les trois étapes chères aux adeptes de la bonne gouvernance n’ont pas été observées. A savoir: la préparation de la décision, la prise de la décision et l’exécution de la décision.
Dans ce Congo-Kinshasa qui importe tout et n’exporte que des produits de base sans valeur ajoutée, les gouvernants ne résistent guère à la tentation de recourir à la facilité. Cette facilité a pour nom la « planche à billets ». Il semble que l’actuel gouverneur de la Banque centrale du Congo ne ferait plus que ça. Sans contrepartie en devises fortes.
Rien d’étonnant que la monnaie congolaise dégringole face au dollar américain. La ménagère qui déboursait +/- 900 Franc congolais pour acquérir le billet vert doit désormais aligner 1.600 à 1.700 FC. Le problème est que les salaires continuent à être calculés sur la base de l’ancienne parité. On devine l’effritement du pouvoir d’achat des travailleurs.
Annoncée dans une ambiance de fuite en avant, cette hausse de salaire est destinée à « calmer » les dirigeants de l’Intersyndicale nationale de l’Administration publique (INAP). Ceux-ci exercent une pression accrue sur le gouvernement Tshibala dont l’impécuniosité découle de la « gestion-pirate » des équipes précédentes. Sans omettre le caractère budgétivore d’une présidence de la République « exonérée » de l’obligation de rendre compte.
A l’instar de ses prédécesseurs, le « Premier » congolais qui a reçu notamment pour mission d’améliorer du quotidien de la population semble à bout de souffle. Aussi, le conseil des ministres a-t-il décidé d’instaurer des missions de contrôle physique lors de la paie. Un réveil tardif pour débusquer des fonctionnaires fictifs.
Le monde du travail, lui, n’attend pas. Il est passé au « service minimum ». Des menaces de grève fusent ici et là. En cause, deux mois de salaires impayés.
SIEGE EJECTABLE
Depuis début août, les hôpitaux du pays poursuivent l’application d’un « horaire minimum ». « Il n’était déjà pas bon de tomber malade dans ce pays où le patient doit préalablement payer pour être pris en charge, maintenant, ce sera pire avec le service minimum », commente un confrère kinois.
Le syndicat de ce secteur exige la « correction » de la prime de risque qui a été décidée en 2004 mais non octroyée. Il exige également la régularisation de la situation de 3.865 médecins non-rémunérés.
Contre toute attente, le président de l’intersyndicale des régies financières, Fidèle Kyangi, a lancé le même vendredi 11 août un ultimatum. Le destinataire n’est autre que le ministre des Finances, le très influent Yav Muland. Celui-ci dispose de 72 heures « pour trouver une solution aux revendications sociales » des agents et cadres de DGDA (Douanes et accises), DGI (Impôts) et DGRAD (Direction générale des recettes administratives, domaniales, judiciaires et de participation).
Les agents de ces secteurs réputés juteux réclament non seulement le paiement des « primes de rétrocession » pour les mois de juin et de juillet mais aussi la mécanisation des agents sous statut. L’intersyndicale a prévu des « actions de grande envergure » en cas de non satisfaction de ces revendications.
Il semble que les professeurs des universités et instituts supérieurs de la capitale seraient logés à la même enseigne et menacent également de débrayer. Beaucoup d’entre eux attendraient la liquidation de deux mois de salaires.
A moins d’une semaine de la barre symbolique de 100 jours devant intervenir le 19 août prochain, le Premier ministre Bruno Tshibala – qui clamait sa volonté d’améliorer le quotidien de la population – paraît déjà « usé ». « Pour contourner la grogne sociale, Joseph Kabila ne va pas tarder à actionner le siège éjectable, glisse un analyste. Le directeur du cabinet présidentiel est de plus en plus ‘visible’ comme pour dire que Tshibala a fait son temps… »
B.A.W.