Un mois après la nomination de Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge au poste de Premier ministre, la « fumée blanche » – annonciatrice de la composition du gouvernement – tarde à sortir de la Primature. La nature ayant en horreur le « vide communicationnel », les rumeurs les plus folles ont commencé à circuler dans la capitale. Certains confrères qui confondent le métier de journaliste à celui de « prophète » sont allés jusqu’à annoncer la « démission imminente » du successeur de Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Rien n’est plus faux!
« La presse congolaise est essentiellement spéculative ». Plusieurs étudiants en journalisme ont déjà entendu ce genre de réflexion de la part de certains professeurs. Il y a quelques années, l’Agence « Belga » qui compulse souvent les médias congolais abondait dans le même sens. Autrement dit, les médias congolais, dans leur grande majorité, rapportent plus des commentaires – pour ne pas dire des pseudo-analyses – que des faits et des opinions.
Jeudi 18 mars, à son initiative, le président Felix Tshisekedi Tshilombo a reçu le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge (JMSLK). Cette entrevue met fin aux spéculations débridées entendues ici et là sur une « imminente démission » du chef de gouvernement qui serait « fatigué » par la « boulimie » tant de l’UDPS que de certains « nouveaux amis » de « Fatshi ». Un confrère qui se reconnaitra a poussé l’imagination jusqu’à prétendre que le chef de l’Etat aurait imploré « JMSLK » de ne pas rendre le tablier. « Ce sont des supputations parfaitement fausses », assurent, quasiment en chœur, plusieurs sources.
De quoi Felix Tshisekedi et Jean-Michel Sama ont-ils parlé? D’après ce dernier, ils ont évoqué notamment les questions qui fâchent. Autrement dit, les « blocages ». C’est le cas de la taille du gouvernement. L’option aurait été levée de réduire celle-ci de 30% par rapport à la précédente équipe qui comptait 67 membres. Le souci ici serait de jeter les bases de la réduction du train de vie des institutions. On n’imagine que ce « dégraissage » ne sera guère du goût de ces « professionnels de la politique » qui n’ont qu’un seul rêve: devenir ministre. A tout prix. Il semble que c’est le seul métier qu’ils savent faire.
Il se confirme que les alinéas 5 et 6 de l’article 14 de la Constitution étaient également parmi ces questions qui fâchent. Ces dispositions énoncent le droit de la femme à une « représentation équitable » au sein des institutions tant nationales, provinciales que locales. « L’Etat garantit la mise en œuvre de la parité homme-femme dans lesdites institutions », peut-on lire.
PARITÉ HOMME-FEMME ET REDUCTION DE LA TAILLE DU GOUVERNEMENT
Selon des sources bien informées, chaque groupement politique aurait reçu notification du nombre de maroquins qui lui sont réservés: l’UDPS (8), l’Ensemble (5 plus un vice ministère), l’AFDC-A (5), le MLC (3). Le chef de l’Etat serait, dit-on, inflexible sur deux exigences: la réduction de la taille de l’exécutif et la parité homme-femme. Le problème, certains « papas » rechigneraient à « abandonner » une partie de leurs privilèges pour faire de la place aux « mamans ». On s’attend à des empoignades. C’est ici que ça bloque.
S’adressant à la presse à l’issue de cette audience, le « Premier » JMSLK, qui est conscient de l’impatience de l’opinion qui attendait la sortie du nouvel exécutif avant le 15 mars, est apparu serein. Il a admis « l’urgence de la sortie du gouvernement » tout en exhortant la masse congolaise à « ne pas confondre l’urgence et la précipitation ».
Dans un souci de consensus, il serait occupé à « étoffer » le programme commun de gouvernement en intégrant les propositions émanant des autres composantes de l’Union Sacrée de la Nation (USN). Selon lui, il espère « rattraper le temps [perdu]« .
N’en déplaise au « Premier » JMSLK, il n’y a pas que les « profanes » qui s’inquiètent du temps pris pour la formation du gouvernement. Les protestants regroupés au sein de l’Eglise du Christ au Congo ne disent pas autre chose. D’après le Révérend Eric Nsenga, porte-parole de l’ECC, l’attente commence à devenir « inquiétante ». « Les enjeux sont tels que le peuple est fatigué », a-t-il ajouté.
On espère que le programme du gouvernement « en finalisation » ne sera pas une simple compilation de « bonnes intentions ». Faudrait-il encore chiffrer les promesses contenues dans le programme. On espère également que le nouveau Premier ministre aura à cœur de rendre la politique plus proche de la population en expliquant et en justifiant, de manière constante, les actions entreprises, les difficultés rencontrées et les dispositions prises pour remédier à la situation. Les citoyens ont le droit de savoir la manière dont sont conduites les affaires de la Cité.
Le « Premier » Sama Lukonde a promis, jeudi 18, de s’adresser à la population congolaise à la veille de la sortie du gouvernement. Ce sera, pour lui, l’occasion de présenter la « mouture finale » du programme gouvernementale. Il ne reste plus qu’à attendre…
B.A.W.