Ceux qui vivent dans le plat pays ou la Belgique connaissent ce qu’est le Go-pass. C’est juste le ticket de train pour des jeunes de moins de 26 ans. Dans notre pays convoité par tous les 9 pays voisins, Go-pass est une question de gros sous. De son vrai nom officiel, il s’appelle pompeusement: Redevance de développement des infrastructures aéroportuaires (IDEF) pour la Régie des voies aériennes (RVA). Une véritable pompe à fric. Enfer et damnation!
Nos vaillants inspecteurs des finances viennent de rendre public ce 18 novembre 2020, leur rapport, urbi et orbi, sur une série de malversations financières. D’après nos fins limiers, le mal est profond. Cela me rappelle « les animaux malades de la peste ».
Pour ceux qui ne le savent pas, c’est une fable de La Fontaine. Il y est écrit entre autres ceci: « Un mal qui répand la terreur. Mal que le Ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de la terre. La Peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom). Capable d’enrichir en un jour l’Achéron, Faisait aux animaux la guerre. Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés ». En remplaçant Peste par Corruption, on comprend mieux. Bref, passons!
Il y a quelques années, un Directeur Général très imaginatif, inventa une taxe soi-disant pour financer la construction des infrastructures aéroportuaires. Il l’appela affectueusement GO-PASS. D’après son inventeur, cette redevance devait servir à la modernisation aéroportuaire, au renouvellement et à la maintenance des matériels aéronautiques et autres équipements nécessaires à la navigation aérienne. Tiens, à quoi servent les taxes de survol du territoire, les taxes d’atterrissages, les taxes de parking etc.? Ceci expliquant cela, avant d’embarquer dans un avion vers les pays développés ou dans un des cercueils volants qui sillonnent le ciel de la RD Congo, il faut montrer patte blanche dans les 52 aéroports du pays ou ce qu’il en reste.
Le versement d’une taxe allant de 10 dollars (vols nationaux) à 50 dollars (vols internationaux) est exigé illico presto à tout mammifère sur deux pattes. Le contrôle se fait au pied de l’avion par des agents aux mines patibulaires. Enfer et damnation!
Mais qu’apprends-je? Nos fins limiers disent qu’une partie de cet argent a été détournée. De 2015 à 2019, on a récolté 124 millions de dollars dont 118 millions ont été comptabilisés. Donc, 6 millions de dollars se sont évaporés. Avec 124 millions de dollars yankees, on aurait pu construire un aéroport moderne! Alors que la population tire le diable par la queue, les directeurs de la RVA roulent carrosse. Ils sont dodus, lippus, ventrus, fessus, chevelus, poilus. Stupeur et tremblements!
Je me demande pourquoi on a mis tant de temps à le savoir. Il suffit de voir dans quel état de délabrement sont nos aéroports pour s’en convaincre. Il ne faut donc pas être Sherlock Holmes pour le savoir. C’est élémentaire. D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la pourrie, toutes les caméras de la mythique aérogare modulaire de Kinshasa sont en panne depuis plusieurs mois. Ce n’est pas demain quelles seront réparées. Stupeur et tremblements!
Gaston Mutamba Lukusa