Auteur de l’ouvrage « La mort de LD Kabila: Ne nie pas c’est bien toi » publié aux éditions Vérone à Paris, Georges Mirindi, 50 ans, est un vrai miraculé. Il était de service au Palais de marbre ce jour fatidique du 16 janvier 2001. Accusé de faire partie des assassins de Mzee, il est arrêté, battu et torturé dans le fameux immeuble « GLM » situé dans la commune de la Gombe. Son épouse l’y avait rejoint. L’homme et sa famille vivent actuellement dans un pays scandinave. Dans cet entretien, il donne son avis sur la réhabilitation d’Eddy Kapend, l’ancien aide de camp du défunt président. Interview.
Comment allez-vous?
Je me porte bien.
Comment avez-vous accueilli la réhabilitation d’Eddy Kapend?
J’ai failli dire « bravo! » au président Tshisekedi. C’est une décision courageuse. Nous étions condamnés avec Eddy Kapend par une justice qui n’a de justice que le nom.
Expliquez-vous…
Le régime de Joseph Kabila Kabange nous a présentés collectivement comme les assassins du président LD Kabila. Le successeur de Mzee avait besoin de ce « mensonge d’Etat » non seulement pour justifier son arrivée au pouvoir mais surtout camoufler un coup d’Etat de palais. Nous étions présélectionnés comme « boucs émissaires ». Nous devrions payer le prix. Dans une interview, Abddoulaye Yerodia Ndombasi, un vieil ami à Mzee, avait reconnu que nous n’étions pas coupables. Il ajoutera qu’absoudre les gens détenus à Makala pose un problème. Qui va les remplacer en prison puisqu’un crime a été commis? Un célèbre avocat de la défense s’est exclamé à haute voix: « Tout est faux dans ce procès! La Cour est fausse! Les prévenus sont des vrais-faux! Les accusations sont fausses! L’assassinat est faux! ». Juge-président de la Cour d’ordre militaire, le général Camille Nawele Mukongo, conscient du fait qu’il allait envoyer à la mort des innocents, d’enfoncer le clou en déclarant que « le procès n’est pas terminé ». Et ce malgré les lourdes peines prononcées.
Selon vous, comment réagiront les kabilistes à tous crins?
Les nostalgiques du kabilisme apprécieront moyennement « l’absolution » et l’élévation de Kapend au grade de général de brigade. Les kabilistes ignorent sans doute que Joseph Kabila a eu comme ami personnel, conseiller privé en matière de sécurité et partenaire d’affaires au Kivu un certain Kamwanya Bora Uzima. Celui-ci a fait partie des condamnés à mort. J’espère que la réhabilitation de l’ancien aide de camp de Mzee annonce un moment d’espoir pour des dizaines des victimes qui attendent justice et réparation.
Eddy Kapend va diriger la 22ème Région militaire, c’est-à-dire le « Grand Katanga ». Qu’en pensez-vous?
Le chef de l’Etat a été bien inspiré. C’est une bonne affectation! Le grand Katanga est le lieu où Kabila a l’habitude de se replier. Des chefs coutumiers ont tenté, sans succès, de réconcilier Kapend et Kabila. Ce dernier aurait posé en guise de préalable que l’ex-aide de camp lui remette les pierres précieuses et l’argent en devise forte qu’il aurait pillé dans le coffre-fort du défunt Président au Palais de marbre. Le régime de Kabila tenait mordicus au maintien de tous les condamnés à la prison de Makala. Des éléments de la « GR » étaient déployés dans ce pénitencier. Veuillez constater avec moi que le « Congo de Lumumba » est en train de se réveiller…
En sa qualité de magistrat suprême, le président Felix Tshisekedi Tshilombo devrait aller jusqu’au bout de sa logique en ordonnant la réouverture du procès sur l’assassinat du président Laurent Désiré Kabila. J’attends voir Kapend nous soutenir en demandant un vrai procès en mémoire de Mzée. Une réhabilitation des victimes de cette parodie de justice pourrait cimenter la réconciliation nationale.
Propos recueillis par Baudouin Amba Wetshi