Fièvre électorale: Déçu du « fatshisme », Babi Balukuna lance son parti…

Après la publication du calendrier des élections générales de 2023, les opérateurs politiques congolais commencent lentement à se mettre en ordre de bataille. Ancien « Combattant » bien connu dans la diaspora congolaise de Belgique, Babi Balukuna Bila vient de lancer son parti politique à la dénomination que d’aucuns pourraient qualifier de pittoresque: « Le Cœur du Congo » (LCC). Au plan idéologique, la nouvelle formation politique refuse les sentiers battus. Elle se veut « à l’intersection entre le capitalisme et le socialisme ». Sa devise: Ordre, Patrie et Puissance. A en croire « Babi », le LCC voudrait conquérir le pouvoir dans le cadre d’une « majorité présidentielle populaire » afin de « rétablir l’ordre ».

A Kinshasa, la CENI (Commission électorale nationale indépendante) a publié, samedi 26 novembre, le calendrier électoral. La « mère de toutes les élections », en l’occurrence l’élection présidentielle, sera convoquée le 20 décembre 2023. Le nouveau Président élu devrait être investi le 23 janvier 2024. L’heure est déjà à la fièvre électorale.

A Bruxelles, c’est ce même samedi 26 novembre que Babi Balukuna Bila a choisi pour la sortie officielle de son parti. Une fausse note: la manifestation prévue, sur papier, à 14h00, n’a débuté qu’à 16h00. « Nos amis Congolais! », s’exclamera un confrère en guise de dépit. Ce cas n’est pas unique en son genre. Les mauvaises habitudes ont manifestement la peau dure.

« Tshisekediste » pur et dur, « Babi » cultive une sorte de « vénération » à l’égard de feu Etienne Tshisekedi wa Mulumba qu’il nomme sous le vocable « Maître ». Dans son discours, l’orateur n’a pas dissimulé une certaine déception vis-à-vis du pouvoir « fatshiste ». Il est resté, néanmoins, républicain en clamant que « le LCC se range fermement et sans équivoque » derrière les FARDC. Balukuna « condamne énergiquement » l’agression de son pays par le M23 « soutenu par le Rwanda et l’Ouganda ». Pour lui, « l’heure est grave ».

Jetant un regard critique sur le quinquennat finissant, l’orateur dit ne pas regretter son « exclusion de la gestion de la chose publique ». Selon lui, cette « mise à l’écart » lui a permis garder non seulement l’indépendance de jugement mais surtout des « mains propres ». Il peut ainsi « juger ou analyser l’action du pouvoir » en place. Et ce « sans passion ni complaisance ».

UN « EXCLU DE LA GESTION AUX MAINS PROPRES

De gauche à droite: Elvis Ndombi (SG adjoint), Babi Balukuna Bila et Kady Mafolo (présidente de la Ligue des femmes)

Quid donc du bilan de quatre années de pouvoir du président Felix Tshisekedi? A cette question, Balukuna répond sous la forme interrogative: « posons-nous la question de savoir si l’Etat ou la population en tire profit ». Pour lui, les attentes de la population n’ont pas été rencontrées. Et de souligner que les promesses non-tenues sont à l’origine « du divorce entre notre peuple et l’élite politique ».

D’après « Babi », le LCC a l’ambition de bâtir « un Congo meilleur et plus beau qu’avant ». Et d’exhorter, « fraternellement », dans la foulée, le président Felix Tshisekedi à profiter du laps de temps restant à « poser des actes palpables d’ouverture » tout en gardant une attitude d’ « écoute de la base ». Il s’agit, d’après lui, d’être sensible aux « critiques pertinentes » qui émaneraient d’autres « courants politiques ».

Babi Balukuna Bila est un homme qu’on ne présente plus dans la diaspora congolaise de Belgique. L’homme a acquis sa notoriété d’abord en tant que chroniqueur musical. Cette notoriété est montée, ensuite, d’un cran grâce à son appartenance au mouvement dit des « Combattants » regroupés au sein du mouvement « Bana Congo ».

En séjour à Kinshasa au mois de mai 2011, « Babi » fut interpellé sur ordre de Célestin Kanyama, alors colonel. Cet officier de la police kinoise suspectait Balukuna de faire partie des activistes politiques de la diaspora ayant initié le boycott des concerts des artistes-musiciens congolais en Europe. Après plusieurs jours d’humiliation au camp Lufungula, QG de la police, Babi est finalement relâché. Sans procès.

Dans les milieux udépésiens proches de « Fatshi », « Babi » n’était plus en odeur de sainteté. Et ce pour avoir rejoint Raymond Tshibala au lendemain de la nomination de celui-ci au poste de Premier ministre de « Joseph Kabila ». C’était au mois de mai 2017.

« RESISTANCE » AUX AGRESSEURS

Bravant son « excommunication » par les « fatshistes », Balukuna ne cesse de clamer sa fidélité à Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Dès le deuxième paragraphe de son speech, il n’a pas manqué de rappeler que le choix de la date du 26 novembre n’est pas dû au hasard. « Il y a onze ans de cela, le 26 novembre 2011, dira-t-il, des militants de l’UDPS – venus accueillir le candidat à la Présidence Tshisekedi wa Mulumba à l’aéroport de Ndjili – avaient été froidement abattus » par des éléments de la garde de « Joseph Kabila ».

Selon lui, cette tuerie avait généré un climat de terreur au point que les « Combattants » restés autour de « Tatu Etienne » se comptaient par les doigts d’une main. D’après lui, il faisait partie des irréductibles.

Lors du jeu de questions-réponses, le Président du parti « Le Cœur du Congo » estime que la « Résistance » doit être la réponse à opposer à l’agression soutenue par le Rwanda et l’Ouganda. S’agissant des consultations populaires à venir, il a eu ces mots: « Le Congo que nous voulons est celui où un candidat [à l’élection présidentielle] triomphe lors d’un débat contradictoire ».


B.A.W.

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