FCC: Shadary présente son « équipe » de campagne. Poto Poto!

Kabila / Shadary

Emmanuel Ramazani Shadary a présenté, samedi 3 novembre, à Kinshasa, les personnes désignées par le « raïs » pour former son équipe de campagne à l’élection présidentielle du 23 décembre. A peine les noms connus, on a enregistré plusieurs « retraits » indignés. Motif: non-consultation préalable. Toute honte bue, le « dircab » à la Présidence de la République, Néhémie Mwilanya Wilondja, s’est fendu d’un communiqué affirmant que la liste en circulation n’engageait pas le Front commun pour le Congo, FCC. André-Alain Atundu et Barnabé Kikaya bin Karubi sont moins catégoriques. La présence des membres du gouvernement et des gouverneurs de province sur ce document écornent trois notions chères aux chercheurs en sciences politiques. Il s’agit de l’impartialité de l’Etat, l’intérêt général et l’incompatibilité. Des observateurs s’interrogent sur le bien-fondé de la présence des membres de la fratrie « Kabila » dans cette équipe de campagne.

« Le comité stratégique du Front commun pour le Congo informe l’opinion que les listes des membres de l’équipe de campagne du candidat président du FCC qui circulent sur les réseaux sociaux n’engagent pas la plateforme FCC, peut-on lire dans un communiqué sibyllin revêtu de la signature du « dircab » à la Présidence de la République, le très envahissant Néhémie Mwilanya Wilondja. Les listes authentiques seront publiées sur le site officiel du FCC, demain lundi 5 novembre 2018″.

De quoi s’agit-il?

« POTO POTO »

Samedi 3 novembre, un grand hôtel kinois a servi de cadre à la cérémonie organisée à l’occasion de la présentation des membres du « bataillon » devant accompagner le candidat – la marionnette? – du « raïs » à l’élection présidentielle fixée au 23 décembre prochain. Cinq cent personnes. Pas moins. Une équipe de campagne aux allures d’un parti-attrape tout. Les convives ont bu et manger. Le champagne a, sans aucun doute, coulé à flot. Combien cela a pu coûter? Qui a payé la facture? L’article 36-2 de la loi électorale telle modifiée à ce jour prohibe « l’utilisation des biens, des finances et du personnel de l’Etat, des Etablissements et organismes publics et des sociétés d’économie mixte ».

Seulement voilà, dès dimanche 4, des protestations ont fusé ici et là. Plusieurs « nominés » ont crié au « scandale » en découvrant leurs noms sur l’une ou l’autre liste des membres. C’est le cas des journalistes Jean-Boucar Kasonga Tshilunde (président de l’Union nationale de la presse congolaise) et de Chantal Kanyimbo du CSAC (Conseil supérieur de l’audiovisuel et de communication). C’est le cas également de quelques religieux tels que l’abbé José Mpundu et le pasteur Albert Kakienza. Le « coach » Florent Ibenge, mêmement. La liste n’est pas exhaustive.

Néhémie Mwilanya Wilondja

Dans une sorte d’opération « coupe-feu », « Néhémie », réputé pour son égo surdimensionné, a dû, en sa qualité de coordonnateur du « comité stratégique » du FCC, prendre sa calculette pour revoir à la baisse les listes initiales. Quel poto poto!

Redoutant une avalanche de réactions négatives, « Néhémie » s’est empressé de publier le communiqué précité en contestant l’authenticité des listes en circulation. Mwilanya Wilondja a perdu de vue une règle d’or en matière de « communication de crise ». A savoir: dire la vérité. Toute la vérité. « Le document querellé est d’une authenticité inattaquable », assurent des sources proches du…FCC.

« ABSURDISTAN »

Comme pour démentir les dénégations du « dircab », André-Alain Atundu Liongo, porte-parole de l’ex-majorité présidentielle s’est cru, comme à son habitude, plus inventif. « Lorsqu’on fait partie d’une organisation comme la MP, ou lorsqu’on est une personnalité de la MP ou du FCC, on est à la disposition de l’autorité morale et de l’autorité de coordination », dit-il. Et d’ajouter: « Si une personne n’a pas été consultée et que son nom a été cité, est-ce que ça vaut la peine de faire du remue-ménage? S’il est de l’opposition, on peut comprendre (…). »

Les propos d’Atundu ont le mérite de confirmer ce que l’opinion savait. A savoir que Mwilanya n’a pas dit la vérité. De même, « Shadary » n’est qu’un prête-nom. Un fantoche. Le « raïs » est le véritable candidat du FCC à la présidentielle du 23 décembre. C’est ce dernier qui décide tout.

Conseiller diplomatique de « Kabila », Barnabé Kikaya bin Karubi ne s’est pas prié pour enfoncer le clou planté par Atundu. Pour lui, il est possible que des personnes sélectionnées n’aient pas été consultées. Il attribue cette omission à un « manque de temps matériel ». On se croirait en plein « Absurdistan ».

Autre sujet qui fait grief, c’est la présence sur les listes précitées de plusieurs membres du gouvernement et des gouverneurs de province. Le FCC serait-il un parti-Etat? A titre d’exemple, le ministre de l’Intérieur et sécurité, Henri Mova Sakanyi, et son collègue en charge des Finances, Yav Mulang, figurent respectivement dans les cellules « Sécurisation » et « Finances ». Les gouverneurs de province, eux, sont chargés de « coordonner » les activités de cette plateforme dans leurs entités. Quid de l’intérêt général? Ces autorités seront-elles en mesure de transcender les intérêts particuliers du FCC? Que dire des incompatibilités?

UN « BUTIN DE GUERRE »

A en croire la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le problème ne se poserait pas au plan de la légalité. Et qu’il n’y aurait pas d’incompatibilité à faire partie d’une équipe de campagne tout en exerçant une fonction gouvernementale. Cette position parait discutable.

Le FCC est une association qui présente les caractéristiques d’un parti politique. De un. L’organisation recherche le soutien populaire lors de la prochaine élection présidentielle en vue de conquérir et exercer le pouvoir à tous les échelons. De deux. elle veut procurer à ses membres les plus actifs des avantages personnels. L’article 97 de la Constitution est sans équivoque: Les fonctions de membres du gouvernement sont « incompatibles avec toute responsabilité au sein d’un parti politique ».

Lors de la « présentation » du candidat Ramazani Shadary le samedi 27 octobre au Stade Tata Raphaël, les spectateurs de la télévision d’Etat « RTNC » ont été stupéfaits d’entendre Lambert Mende Omalanga lancer ces mots: « L’opposition attendra 50 ans avant d’exercer le pouvoir ». Des propos inqualifiables de la part d’un membre du gouvernement censé remplir ses fonctions au nom de l’intérêt général. Du bien commun. Dans l’équipe de campagne du « dauphin », Mende est chargé de la… communication et médias. Bonjour, conflit d’intérêts!

La présence de « Jaynet » et « Zoé » dans la plateforme FCC incline à donner raison à ceux qui allèguent que « Joseph Kabila » est chargé d’une « mission ». Celle-ci qui consisterait à maintenir le Congo-Kinshasa à genoux. En tous cas, la fratrie « Kabila » donne l’impression que ce pays est devenu un « butin » de guerre. Un bien personnel à la famille. « Nous ne sommes pas prêts à céder le pouvoir à n’importe qui », déclarait « Zoé », trois mois avant l’expiration du dernier mandat de son frangin. Ces paroles dignes d’un mafieux sonnent aujourd’hui comme une « prophétie »…

 

Baudouin Amba Wetshi

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