Fatshi 2: 10 choses qui doivent changer

Sous la modération du journaliste Cornelis Nlandu, vendredi 26 janvier 2024 de 16H00 à 18H00, après un séjour de quatre mois à Kinshasa en RD Congo, l’écrivain bruxellois d’origine congolaise Fita Fita Dibwe dit Cheik FITA a tenu une conférence de presse ayant pour thème: « Fatshi 2, les dix choses qui doivent changer ».

Pourquoi cette conférence de presse ?

Du 16 septembre 2023 au 24 janvier 2024, Cheik FITA a séjourné au Congo, à Kinshasa plus précisément.

Son séjour avait trois buts :

  1. En tant qu’homme de média, couvrir le processus électoral qui est envoie de s’achever,
  2. En tant qu’homme de culture, il était allé faire la promotion de la lecture du livre congolais et du théâtre classique congolais.
  3. En tant que citoyen, il avait décidé de participer aux élections communales, dans la commune de Barumbu où il réside.

C’est de ce séjour de quatre mois, qu’il a tiré un certain nombre d’enseignements qui l’ont poussé à organiser cette conférence de presse, et  ayant cinq articulations.

  1. La RD Congo et les aspirations profondes du peuple congolais

La RD Congo, avec ses potentialités devrait être en mesure d’offrir à chacune de ses filles et à chacun de ses fils une vie digne c’est-à-dire :

  • Manger à sa faim,
  • Scolariser les enfants,
  • Avoir accès à des frais médicaux,
  • Avoir accès à l’eau courante et à l’électricité,
  • Avoir un boulot

C’est le devoir de l’Etat, mieux, du Chef de l’état et de son équipe.

  1. Evaluation du premier mandat de Tshisekedi

Félix Tshisekedi le Président sortant était candidat à sa propre succession. Il a été élu à une très grande majorité.

Le deuxième mandat devrait-il être la continuation du premier ou des innovations importantes devraient-elles être imprimées ?

Le Président Tshisekedi a axé sa campagne sur ses réalisations.

A-t-il réalisé l’essentiel des demandes de la population ?

L’opposition quant à elle a martelé sur le niveau de réalisation des promesses du Président.

  1. Quel regard porter sur la présidentielle de 2023 ?

L’élection présidentielle de 2023 a-t-elle été crédible ?

Les premiers résultats publiés étaient ceux de la diaspora et donnaient au moins 70% au Président sortant.

Au niveau de Kinshasa, dès la fermeture des bureaux de vote, le dépouillement et l’affichage des résultats donnaient également le Président sortant largement vainqueur, ne laissant à l’ensemble des opposants qu’un quart de l’électorat.

Par la suite, les résultats des provinces qui étaient largement diffusés dans les réseaux sociaux ont étaient constantes : trois Congolais sur quatre avaient voté Tshisekedi.

  1. Quid des droits de l’Homme ?

La CNDH, Commission Nationale des Droits de l’Homme avait déclaré ceci :

« La CNDH-RDC, avec l’équipe du Président Paul NSAPU MUKULU s’est beaucoup impliquée dans le présent processus en recensant et documentant tous les cas de violation des Droits de l’Homme. Mais aussi, la CNDH a coopéré avec le Parquet près la Cour de Cassation en vue d’examiner à fond des cas ayant le caractère répréhensif pour que la justice soit faite. « 

  1. Dix choses qui doivent changer.

Un mandat n’étant pas identique à un autre, comment le deuxième mandat de Félix Tshisekedi devrait-il se présenter ?

Voici ce qu’a retenu Cheik Fita comme éléments qui doivent changer dans le deuxième mandat de Félix Tshisekedi.

  1. Le cabinet

La structure

La taille du cabinet du Chef de l’Etat doit être réduite.

Il devrait y avoir élagage d’un certain nombre d’agences et services qui ont été créés durant le premier mandat, et qui sont attachés à la présidence, faisant ainsi double emploi avec des directions qui existent dans des ministères.

Les animateurs

Certains membres du cabinet du Chef de l’Etat étaient « ivres » du « pouvoir » qu’ils avaient, alors que Seul le Président a été élu et rend compte au peuple. Pas eux.

  1. La taille du gouvernement et le profil des ministres

Le nombre pléthorique de 60 ministres doit passer à 30 au maximum.  

  1. L’administration

Avant les années 90, quand un courrier arrivait dans l’administration le lundi matin, le vendredi après-midi au plus tard, une réponse parvenait à l’expéditeur, où qu’il soit dans le pays. Aujourd’hui, sur cent lettres déposées dans les cabinets ministériels, si vous avez une réponse, vous êtes chanceux. Et souvent après combien de temps ?

  1. Train de vie des institutions

Les emplois politiques sont devenus très juteux. Il n’est qu’à voir la ruée vers la députation.

Idem pour les différents cabinets.

Du temps du Président Kasa Vubu, la tension salariale était de 1 à 9. Autrement dit, si le fonctionnaire le moins bien payé gagnait 1000 Francs congolais, le mieux payé gagnait 9.000 Francs congolais. Qu’en est-il aujourd’hui ?   

  1. L’homme congolais, la mentalité, la culture.

 Depuis des décennies, de grandes tares minent le Congolais : corruption, égoïsme, prostitution… La mentalité du Congolais est à reformater. La culture qui devrait servir de catalyseur est un secteur laissé-pour-compte. Et les dégâts sur la psyché collective du congolais sont énormes.

  1. Kinshasa, les bouchons, la propreté,

Les embouteillages, les bouchons kinois et l’envahissement hyper-anarchique des taxi-motos sont un cauchemar pour les kinois. Sans compter que c’est une grosse source de pollution et qu’économiquement c’est des millions de dollars qui s’évaporent.

Durant tout le premier mandat de Tshisekedi, cela a pourri la vie du Congolais.

Et Kinshasa devrait rapidement redevenir Kin la Belle.

  1. Servir et non se servir

Durant l’époque de Kasa-Vubu et les premières années de Mobutu, quand un fonctionnaire allait au boulot, il disait : « Je vais travailler ».

Aujourd’hui, quand un fonctionnaire ou le policier vont au boulot, dans leur tête il n’y a qu’une seule idée : « Ce qu’il va ramener comme fric à la maison, ce qu’il va gagner comme argent », de manière peu orthodoxe, pour ne pas de dire par corruption, détournement, fraude, trafic d’influence… Cette mentalité de « se servir et non de servir » s’est incrustée dans la mentalité du petit fonctionnaire jusqu’aux ministres.

L’Etat est devenu une vache à lait à tous les niveaux.  

Il y a eu des élections, quelle a été la grande motivation des candidats, servir ou se servir ?

  1. La « particratie »

Des centaines de partis politiques, autant de regroupements ou plateformes, les partis politiques ont pris en otage la vie nationale. Et dans un pays au taux de chômage élevé, les partis placent leurs membres à différents postes. Malheureusement, c’est plus le militantisme et la proximité des dirigeants qui compte. Aucun parti n’a des cadres technocrates. Conséquences, une efficacité de moins en moins grande de différentes institutions. Le pays y gagne-t-il ? Non. Cela doit changer.

  1. La carte d’identité

Après des décennies, le Congolais peut enfin avoir une carte d’identité sécurisée. Il circule des informations comme quoi elle serait distribuée gratuitement.

Avec l’avènement des bourgmestres élus, ce serait mieux qu’elle soit vendue, chaque commune pouvant ajouter un petit pourcentage dessus pour son fonctionnement. La carte d’identité étant un élément important de la sécurité nationale, son obtention devrait obéir un processus très sévère de délivrance.

  1. La commune, centre de promotion du citoyen   

L’élection des conseillers communaux puis des bourgmestres très bientôt devrait en principe améliorer la gouvernance de la cité et mieux profiter au citoyen.

Seulement, dans l’histoire récente de la RD Congo, peu de gens ont le souvenir de la gestion d’une commune.

En tant qu’innovation, le Président Tshisekedi devrait être  très attentif à l’organisation de ces structures importantes de l’état.  

Elections communales

Ayant été candidat aux élections communales à Barumbu, Cheik FITA a amorcé la mise en place d’un réseau provisoirement dénommée « Réseau des Jeunes et Femmes pour le développement ».

Cela fait suite à deux constats :

  • Les jeunes et les femmes ont constitué la majorité du Président Tshisekedi. Comment pourront-ils tirer profit de ce deuxième mandat ?
  • Durant sa campagne électorale, Cheik FITA s’est aussi appuyé sur ces catégories de la population congolaise.

Aucun progrès ne pouvant se concevoir sans une grande mise en réseau, Cheik FITA a décidé de s’appuyer sur les différentes cellules de jeunes et de femmes qui ont adhéré à sa vision de gestion d’une commune. D’où la création de ce réseau.

Après l’exposé un échange très enrichissant a eu lieu avec les journalistes et participants à la conférence de presse, dont Paul Kabaidi wa Kabaidi, ancien gouverneur de la Ville Province de Kinshasa.

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