« Professeur, crois-tu vraiment qu’on peut fabriquer des avions en RDC? »
C’est la question qu’un étudiant en RDC vient de me poser dans son courriel. Cette question, et tant d’autres questions que reçois, toutes ces questions démontrent le niveau extraordinaire d’imagination, de curiosité, et d’aspiration des jeunes filles et jeunes garçons en RDC. Répondre aux aspirations des jeunes Congolaises et Congolais constitue le fondement de la révolution scientifique, technologique et industrielle en RDC. La tâche de répondre aux aspirations de ces jeunes devrait constituer la raison d’être et l’objectif fondamental et primordial du gouvernement et des institutions d’enseignement et de l’éducation en RDC.
La réponse que je propose à cette question est une réflexion ouverte sur laquelle j’invite tous à y contribuer sans hésitation.
« Professeur, crois-tu vraiment qu’on peut fabriquer des avions en RDC? »
Oui, non seulement je crois, mais je vois qu’on peut fabriquer des avions en RDC. Comment?
- Il faut savoir qu’un avion n’est pas fabriqué comme une statut que l’on produit en sculptant un morceau de bois ou un morceau de pierre. Un avion est plutôt monté, assemblé, à partir des pièces et des composants qui sont liés les uns contre les autres, ou les uns sur les autres, par vices, clous, cordes, colles, etc.
- Ces pièces et composants ne sont pas uniquement utilisés pour monter des avions; mais ils sont d’abord et avant tout utilisés dans la vie quotidienne pour fabriquer ou produire des multitudes des choses. Ces pièces et composants sont utilisés pour fabriquer, décorer ou équiper des maisons, pour fabriquer des bicyclettes, des voitures, des chaussures, des vêtements, des objets et outils des bureaux, des hôpitaux, etc.
- Pour ceux et celles qui ont déjà voyagé en avion ou qui ont observé un avion de plus près, il est facile de constater qu’un avion a une tête, un tronc et une queue. La tête, le tronc et la queue de l’avion sont faits des pièces et composants utilisés dans la vie quotidienne comme expliqué au deuxième point.
- Décrivons un peu ces parties de l’avion. La tête de l’avion c’est le poste de pilotage où les pilotes s’assoient et où l’on retrouve les commandes et instruments de vol, ainsi qu’un pare-brise pour la protection et la vision des pilotes. Il y a le tronc de l’avion qu’on appelle fuselage. C »est la partie centrale de l’avion qui accueille l’équipage et les passagers ou le fret. Il y a la queue de l’avion, en forme de croix, constituée par le stabilisateur horizontal et vertical pour équilibrer l’avion. A part la tête, le tronc et la queue de l’avion, il y a les ailes qui assurent la sustentation et supportent le poids de l’avion et de son contenu lors du vol. Les moteurs sont souvent placés en dessous des ailes. Il y a aussi le train d’atterrissage avec des roues en arrière et en avant pour permettre à l’avion de rouler sur le sol avant le décollage et d’atterrir à la fin du vol.
- Mais ce sont là les grands composants de l’avions qui sont eux aussi des assemblages et montages de tant d’autres pièces et parties. Par exemple: dans la cabine des pilotes, il y a des petits écrans, des boutons, des aiguilles, des indicateurs électriques et électroniques, des boites et des petits instruments de toute sorte. Mais ces instruments et indicateurs électroniques sont aussi retrouvables dans des téléviseurs, des appareils photographiques, électroménagers, des ordinateurs, etc. Les chaises des pilotes sont les mêmes chaises ou chaises semblables que l’on utilise dans des maisons, des restaurants, des buvettes, des écoles, des hôpitaux, etc. Les chaises des passagers sont installées sur des tapis, et ce sont les mêmes tapis que l’on utilise dans des maisons, bureaux, hôpitaux, etc. Dans l’avion il y a de l’électricité et de lumière; et c’est de la même électricité faite des mêmes ampoules, fils électriques et accessoires électriques que l’on retrouve dans des maisons, écoles, hôpitaux, magasins, bureaux, etc. Dans l’avion les passagers vont se soulager dans des toilettes qui ont des portes. On retrouve les mêmes toilettes dans des maisons et des bureaux, etc. L’avion a des fenêtres (hublots), des rideaux, etc., que l’on retrouve dans des maisons, des bureaux, des hôtels, des écoles, etc. Les ailes de l’avion et le fuselage sont faits d’aluminium et d’acier que l’on utilise pour faire des tôles, des assiettes, et des parties des voitures, etc. Ces pièces d’avion sont liées ou connectées les unes sur/contre les autres par clous, vices, cordes et/ou colles, que l’on utilise dans toute sorte des choses de la vie quotidienne. Les roues et pneus d’avion sont faits des mêmes matières que les roues et pneus des voitures et des bicyclettes.
Bref, les descriptions ci-dessus, au cinquième point, montrent que pour fabriquer un avion, il faut savoir fabriquer des pièces et des composants que l’on utilise pour monter un avion. Ces pièces et composants sont des produits manufacturés qui sont utilisés pour beaucoup d’autres besoins de la vie quotidienne.
Concrètement, il faut savoir fabriquer des petites choses comme vices et tourne vices, clous, cordes et colles; car ces sont ces mêmes outils qui sont utilisés pour assembler les pièces et composants d’un avion. Il faut savoir fabriquer des chaises pour des maisons, des écoles, des hôtels, etc., car ce sont ces chaises qui sont modifiées et adaptées pour les pilotes et les passagers d’avion. Il faut savoir fabriquer des verres pour l’eau à boire, des verres pour des lunettes, des verres pour des fenêtres, des verres pour des montres, etc., et ce sont ces verres qui sont transformées en hublots et pare-brise d’avion. Il faut savoir faire des aiguilles, des boutons, des fils électriques, des ampoules, des isolants plastiques, des prises du courent, des tissus pour rideaux, etc., car ce sont ces mêmes éléments qui sont modifiés et utilisés pour monter un avion. Il faut savoir faire des pneus des bicyclettes et des voitures, il faut savoir faire des petits tuyaux d’aluminium, il faut savoir faire des assiettes en aluminium et acier, des cuves de toilettes, etc., car ce sont ces mêmes éléments qui sont adaptés pour le montage d’un avion. Il faut savoir monter des ordinateurs, des petits appareils électroménagers, des petits robots, etc., car ce sont ces pièces électroniques qui sont utilisées pour l’instrumentation de pilotage dans la cabine d’avion.
La première question qu’il faut se poser serait la suivante: est-ce que les écoles et les enseignements en RDC pourvoient les jeunes filles et jeunes garçons avec les connaissances, capacités et habiletés pour créer des petites entreprises et usines pour fabriquer des aiguilles, des boutons, des fils électriques, des ampoules, des verres, des appareil électriques et électroménagers pour la vie quotidienne et pour éventuellement être modifiés et adaptés aux avions? La deuxième question qui est semblable à la première est la suivante: est-ce que les présidents et recteurs des universités, les professeurs, et le corps d’enseignants, est-ce qu’ils ont comme priorité la création des programmes académiques et la formation des étudiantes et étudiants à acquérir et développer des connaissances, compétences et habiletés techno-professionnelles pour transformer sur place les immenses ressources naturelles de la RDC en produits finis utilisables dans des maisons, des écoles, des hôpitaux, des bureaux, et aussi utilisables pour monter des avions en RDC? La troisième question qui est aussi similaire aux deux premières est la suivantes: est-ce que le président de la RDC, les ministres, les députés et sénateurs, les gouverneurs et assemblées provinciales, est-ce que les dirigeants de la RDC s’efforcent de mobiliser, sensibiliser, encourager, supporter et appuyer les jeunes filles et jeunes garçons de la RDC à acquérir et développer des connaissances, compétences et habiletés techno-professionnelles pour créer des compagnies et usines pour produire sur place ce dont le pays a besoin y compris le montage des avions? Et la dernière question qui est encore une fois semblable aux précédentes est la suivante: est-ce que les jeunes filles et garçons qui poursuivent des études supérieures et universitaires en RDC sont préoccupés par l’objectif d’acquérir et développer des connaissances, capacités et habiletés techno-professionnelles pour se lancer à la fin de leurs études dans la création des petites compagnies et usines pour fabriquer sur place, à base d’immenses matières premières en RDC, des biens manufacturés y compris le montage des voitures, des bateaux et des avions, afin d’éradiquer le chômage et la pauvreté, lancer la RDC sur le chemin de l’industrialisation et faire de la RDC le moteur de la révolution technologique et industrielle en Afrique? Ne se contentent-ils pas simplement de mémoriser des théories et formules pour passer d’examen et obtenir un diplôme afin d’aller chercher un poste dans le gouvernement, avec le rêve de s’enrichir à l’instar des médiocres incompétents à la tête du pays qui pillent les richesses du pays en connivence avec les exploiteurs étrangers au détriment des habitants de la RDC?
Mais sachant que les jeunes Congolaises et Congolais sont des talentueux, et sachant que les aléas politiques de l’heure bientôt disparaitrons avec leurs agents porte-malheurs, j’en appelle aux jeunes filles et jeunes garçons de la RDC à regarder en eux-mêmes, aux fin fonds de leurs cœurs et âmes, pour se redécouvrir, pour découvrir les forces et ressources intérieures, afin de rejeter les tentations de médiocrité facile, et de s’engager à acquérir et développer les connaissances, compétences et habiletés pour arriver à produire tout ce dont le pays a besoin sur place y compris de montage des voitures, des trains, des bateaux et des avions. Oui, je crois vraiment qu’on peut fabriquer des avions en RDC.
Par Tongele N. Tongele, Ph.D.
Docteur en génie mécanique et professeur d’université aux USA
tongele@cua.edu