La RD Congo a perdu plus d’un million d’hectares de forêts durant la seule année 2023. Le moratoire interdisant les nouvelles concessions d’exploitation forestière est toujours en vigueur. Il n’est cependant pas appliqué. L’anarchie règne dans l’exploitation forestière industrielle. Les principaux bénéficiaires de cette fraude se trouvent à l’étranger.
Dans le Blog du 19 décembre dernier de Global Witness, Blaise Mudodosi, coordinateur national de APEM (Actions for the Promotion and Protection of Threatened Peoples and Species) affirme que « Le gouvernement de la RDC a pris des engagements ambitieux afin de parvenir à une gouvernance forestière durable, mais le chemin pour y parvenir est entravé par la corruption, l’impunité, et des faiblesses en matière d’application des lois ». De ce fait, le pays a connu en 2023, l’un des taux de déforestation les plus élevés au monde, et a perdu plus d’un million d’hectares de couvert végétal sur une seule année. Et pourtant, le ministère de l’Environnement et de Développement durable ne cesse de claironner que la RD Congo est le Pays-solution dans la lutte contre le changement climatique. Suivant l’auteur du rapport, le pays abrite environ 60 % de la forêt tropicale du bassin du Congo, soit la deuxième plus grande forêt tropicale au monde. Cette forêt tropicale absorbe environ 1,5 milliard de tonnes de CO2 chaque année et on estime qu’elle stocke une quantité impressionnante de 30 milliards de tonnes de carbone. Les essences existantes sont variées: Wenge, Afrimosia, Iroko, Sipo, Sapelli, Paorosa, Tola, Kambala, Tshitola etc. La protection des forêts est essentielle pour lutter contre la crise climatique mondiale. Elles jouent un rôle crucial dans la régulation de l’environnement mondial.
Selon la Banque mondiale, les forêts congolaises couvrent quelque 134 millions d’hectares. Ces forêts sont capitales pour la subsistance de plus de 40 millions de Congolais à qui elles fournissent nourriture, médicaments, énergie, matériaux de construction et source de revenus. Elles abritent de nombreuses espèces animales et végétales uniques et occupent la cinquième place mondiale en termes de biodiversité. Avec une conservation et une gestion avisée, les forêts de la RD Congo pourraient être d’un grand apport au développement économique du pays. Suivant des experts, une bonne gouvernance forestière durable peut générer chaque année, dans le circuit officiel, des recettes en devises estimées à plus de deux milliards de dollars américains. Les possibilités de production durable sont estimées à 6 millions de m³ par an. En comparaison le pays a produit officiellement, en 2023, 115.000 m³ seulement. Une grande partie de la forêt a été illégalement exploitée. L’anarchie règne dans le secteur et l’exploitation forestière industrielle contribue très peu à l’économie nationale formelle. Les principaux bénéficiaires de cette fraude se trouvent à l’étranger. Selon le Blog de Global Witness, certaines des plus grandes opérations illégales d’exploitation forestière sont menées par les sociétés chinoises Booming Green et Wan Peng, apparemment avec leur filiale Congo King Baisheng Forestry Development. Elles sont gangrenées par des illégalités systématiques selon une enquête secrète publiée, en octobre 2024, par l’Environmental Investigation Agency US. Malgré leur dénonciation auprès du gouvernement pour le recours au trafic d’influence et à la violation des lois nationales pour l’obtention de concessions forestières, ces entreprises continuent d’exporter du bois vers la Chine, ignorant ostensiblement les quotas fixés par le Code forestier.
Le non-respect du Code forestier
Le Code forestier a été promulgué le 29 août 2002. Il était considéré par le gouvernement comme un cadre incitatif et sécurisant pour le développement du secteur forestier. Ce code prévoit en principe l’attribution des concessions par adjudication et une gestion durable des forêts. Dans ce cadre, il fut prévu la conversion des anciens titres forestiers en concessions forestières après vérification de la validité de l’ancien contrat. La conversion a débuté en 2004 avec la signature de plusieurs arrêtés par le ministère de l’Environnement. Le 24 octobre 2005, le président de la République, Joseph Kabila, signa le Décret n°05/116 fixant les modalités de la revue et interdisant l’acquisition de toute nouvelle concession au cours de ce processus. Le Code forestier de 2002 prévoit aussi qu’à l’issue de la revue légale, les concessionnaires disposeront d’une période transitoire de quatre ans pour préparer leur plan d’aménagement. Quatre ans après, soit en novembre 2006, un décret présidentiel fut signé portant nomination des membres de la commission interministérielle de conversion des titres forestiers. La plupart des titres ne furent signés qu’en 2009, soit 7 ans après la promulgation du Code. L’examen juridique s’est achevé, le 19 janvier 2009, à la suite du travail conduit par un groupe d’experts nationaux qui a examiné 156 demandes de conversion de permis d’abattage en nouveaux contrats de concession à long terme, soit 22,4 millions d’hectares au total. Mais le gouvernement décréta que seulement 65 des 156 contrats d’abattage étaient recevables en vue de leur conversion en concessions de longue durée. Ainsi, la zone réservée à la production à long terme de bois d’œuvre représentait environ 9,7 millions d’hectares, une diminution par rapport aux 43,5 millions d’hectares exploités avant la réforme forestière de 2002, et aux 22,4 millions d’hectares encore en exploitation avant l’examen juridique. Les compagnies titulaires de contrats recevables ont été invitées à négocier des accords de responsabilité sociale et environnementale avec les populations autochtones riveraines. Mais 20 ans après, le moratoire interdisant les nouvelles concessions d’exploitation forestière est toujours en vigueur. Il n’est cependant pas appliqué.
Le Congo « Pays-solution », juste un slogan
L’auteur du Blog, Blaise Mudodosi affirme que malgré l’interdiction en 2005 par décret présidentiel, la réalité sur le terrain est tout autre. Le ministère de l’Environnement et Développement durable (MEDD) a signé un arrêté en date du 5 avril 2022 suspendant provisoirement 12 concessions illégalement accordées couvrant une superficie de plus de 1.966.630 hectares de terres. Cette décision, prise il y a plus de deux ans, n’est toujours pas appliquée. L’exploitation forestière illégale prospère malgré cette prétendue interdiction. Une commission nationale chargée d’évaluer les permis d’exploitation forestière a publié un rapport en janvier 2024. Le rapport a porté sur 82 permis de concession forestière, ce qui a donné lieu à 23 résiliations et à 6 recommandations de mise en demeure de permis. Seuls 53 permis ont reçu une approbation conditionnelle. Blaise Mudodosi affirme que le ministère de l’Environnement et Développement durable s’est engagé à rédiger une nouvelle politique et une nouvelle loi forestière. Parmi les éléments majeurs de ce processus, on peut citer l’élaboration participative et transparente d’une politique forestière, l’encouragement du développement d’une gestion forestière durable par les communautés et les autorités locales et enfin la garantie d’une gestion appropriée des grandes concessions forestières dans le respect des lois forestières congolaises. Mais la RD Congo peine à traduire des promesses en actions concrètes, et cela, depuis plusieurs années.
Gaston Mutamba Lukusa
GML,
»Les principaux bénéficiaires de cette fraude se trouvent à l’étranger ».
Ces bénéficiaires seraient venus de l’étranger. Ils sont arrivés au Congo. Et, ils ont commencé à exploiter nos forets et nos richesses. Tout cela sans complicité interne ? Au plus haut niveau ?
Si on n’a pas encore compris que le régime ridicule de Tshilombo n’a aucune ambition pour le Congo et les congolais; que pour ce régime incompétent et criminel tout est opportunité de s’enrichir, c’est qu’on est soit un imbécile, soit un…imbécile.
Que la Constitution maudite libère Mike Mukebayi !
Le chaos qui règne dans le secteur forestier n’est rien à côté de la criminalité qui sévit dans les mines. Le régime Kabila qui voulait s’enrichir rapidement n’a pas hésité à octroyer des pans entiers des espaces forestiers et miniers aux ressortissants du pays de l’empire du milieu. L’opération était menée avec maestria par Katumba Mwanke l’homme luge du système Kabila. Les chinois sont partout au Congo, souvent sans aucun titre et au mépris des lois congolaises. La complicité des congolais n’a plus à démontrer. Mme Bazaiba fait de son mieux mais hélas, le mal est tellement profond sans oublier les intérêts colossaux en jeux. » pays solution » le Congo l’est effectivement compte tenu des impératifs liés à la détérioration du climat. Les puissances occidentales qui polluent à plus de 90 % ne sont pas prêtes à délier les bourses pour aider les pays en voie de développement qui vivent des ressources forestières. Le combat qui est mené sera long et difficile. Le Brésil qui a été touché depuis longtemps par le fléau de la déforestation en sait quelque chose. De Toute façon avec l’arrivée du climto-septique à tête de la première économie du monde, les choses vont se compliquer encore plus. L’espoir fait vivre, croisons les doigts pour les générations futures qui risquent de payer pour notre égoïsme. Les économistes parlent de croissance appauvrissante lorsque celle-ci ( croissance
) à pour moteur les mines et la forêt. C’est comme un fusil à un seul coup.
Lisez: homme lige.