EMG/FARDC: « Fatshi » préside la passation de commandement

Camp colonel Kokolo. Lundi 6 janvier 2025. Commandant suprême des Forces armées de la RDC et de la police nationale, le président Felix Tshisekedi Tshilombo a présidé la passation de commandement entre le chef d’Etat-major général sortant (CEMG), le général d’armée Christian Tshiwewe Songesha et son successeur le lieutenant-général Jules Banza Mwilambwé. Le chef de l’Etat a pris acte de la prestation serment du nouveau « Commander-in-chief ».

Une population qui n’aspire qu’à la paix et au développement

« (…) vous prenez cette fonction de chef d’état-major général au moment où notre pays est confronté dans sa partie Est à l’agression rwandaise, aux conflits communautaires et à l’activisme des groupes armés locaux et étrangers », c’est en ces termes que le CEMG sortant a situé le contexte de l’événement du jour. « Votre succès, va-t-il souligné, dépendra non seulement de votre sens élevé de loyauté, de sacrifice, de résilience et de détermination  pour la continuité du commandement mais aussi de votre étroite collaboration avec une population  qui n’aspire qu’à la paix et au développement ».

C’est la deuxième fois en six années d’exercice du pouvoir d’Etat que le président Felix Tshisekedi procède au changement au sommet de la hiérarchie militaire. Christian Tshiwewe avait succédé au général Célestin Mbala Musense en décembre 2022. Il laisse à son tour ce poste névralgique. A-t-il démérité? Les historiens des questions militaires le diront?

Qui est Jules Banza Mwilambé?

Qui est le lieutenant général Jules Banza? L’homme est plutôt mal connu. Natif du Grand Katanga, âgé de 55 ans, artilleur de formation, il a fait l’essentiel de sa carrière au sein de la Garde républicaine, une unité considérée, à tort ou à raison, comme une milice privée de l’ex-président « Joseph Kabila ». En cause, l’opacité dans le recrutement et la gestion des hommes. Banza assumait récemment les fonctions de chef adjoint à la Maison militaire du chef de l’Etat. Saura t-il faire abstraction de sa « fidélité » à l’ex-raïs? C’est à voir.

En attendant, la RDC est en guerre. Tout a commencé au mois de novembre 2021 lorsqu’un chef d’Etat voyou, nommé Paul Kagame, a déclaré qu’il pouvait déployer les troupes de son pays partout. « Sans demander l’autorisation ». Les habitants des Territoires du Nord-Kivu ont été surpris un matin de voir des soldats rwandais (Rwandese Defence Force) envahir cette province congolaise en violation des principes du droit international. A savoir notamment, la souveraineté nationale, la préservation de l’intégrité du territoire et l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation.

La RDC a-t-elle posé un acte assimilable à de la provocation à l’endroit du Rwanda? Non! Une portion du territoire rwandais a-t-elle été attaquée par les Interahamwe et autres FDLR refugiés sur le sol congolais? Non plus! Le dictateur rwandais n’en a cure. Sa conviction suffit. Elle tient lieu de fait. Il assure positionner ses troupes pour « parer à toute attaque » des anciens partisans du président Juvénal Habyarimana. Pire, Kagame et ses caudataires prétendent que le régime Tshisekedi voudrait « génocider » les Banyarwanda/Tutsi dits « Tutsis Congolais ».

Les « faux amis américains »

De quoi s’agit-il? Depuis la prise de pouvoir en juillet 1994 à Kigali par les Inkotanyi, le nouveau maître du pays n’a cessé de promettre au Zaïre de Mobutu des bosses et des plaies. L’ancien patron des services de renseignements ougandais n’a jamais digéré la défaite humiliante subie par les Inkontayi face au bataillon DSP dirigé par le regretté général Donatien Mahele Lieko Bokungu. C’était au début du mois d’octobre 1990. Kagame rêvait d’une revanche.

Tuyauté manifestement par des experts américains venus à la rescousse, Paul Kagame a pu cerner l’état réel de l’armée zaïroise. Une armée zaïroise moralement malade suite à des fausses accusations de « massacre d’étudiants au campus universitaire de Lubumbashi ». Une armée abandonnée à son triste sort suite à la rupture en cascade de la coopération occidentale. Une armée mal équipée, mal entretenue et mal entrainée durant la longue transition 1990-1997 ponctuée par le long bras de fer Mobutu-Tshisekedi.

Conférence de Berlin II

Dès juillet 1994, Kagame a multiplié des provocations en prétendant qu’une partie du Rwanda a été cédée au Congo-belge. Pasteur Bizimungu, alors président, ira plus loin en exigeant l’organisation d’un deuxième Congrès de Berlin. But: redessiner les frontières. Et ce au mépris du principe sacro-saint de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. La communauté internationale est restée muette. L’Union Africaine, mêmement.

En octobre 1996, une « rébellion congolaise » voit le jour à… Kigali. Nom: Alliance des Forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre. Les armées ougandaise, rwandaise, et Burundi se lancent à la poursuite des Hutus réfugiés dans les deux Kivu. La campagne va se poursuivre aux quatre coins du Congo. A Mbandaka, on compte des milliers de Hutu, civils et militaires, exécutés. Devrait-on parler de double génocide?

Le 17 mai 1997, l’AFDL fait son entrée à Kinshasa. Aussitôt après, 45.000 soldats ex-FAZ sont envoyés dans un camp de concentration à Kitona, au Kongo Central. James Kabarebe, alors colonel et chef d’état major des FARDC, était à la manette. « Chaque jour, il y avait quinze à vingt morts à inhumer ». L’homme qui parle s’appelle Kadate Lekumu, colonel, ancien chef d’état-major de la Logistique.

Durant les dix-huit années de pouvoir de « Joseph Kabila », la RDC n’avait plus d’armée. Le pays a perdu sa souveraineté. Les brassages et les mixages ont détruit le socle de l’ex-Force publique devenue l’armée nationale congolaise et Forces armées zaïroises.

En déployant les éléments de la RDF dans le Nord-Kivu en novembre 2021, Paul Kagame s’attendait à faire une promenade de santé. Erreur. Il espérait donner « une bonne leçon » au civil Felix Tshisekedi Tshilombo qu’il n’a pas le droit régenter les affaires congolaises sans se référer. Kagame est allé de surprise en surprise par la combativité et le professionnalisme des soldats recrutés et entrainés sous la Présidence de « Fatshi ». On ne compte plus le nombre des jeunes soldats rwandais tués lors des combats. La motivation du sacrifice reste obscure. Il est clair que « le général Paul » se sert d’une chair à canon pour défendre ses intérêts mafieux.

Des localités congolaises sont toujours occupées par des RDF camouflés sous la bannière du M23. Le lieutenant- général Jules Banza Mwilamwé serait-il l’artisan de la reconquête des territoires perdus? Pourrait-il restaurer la sécurité des personnes et des biens dans cette partie martyrisée du pays? L’avenir le dira. Une certitude: Paul Kagame a joué et perdu. Le Rwanda se porterait mieux sans lui…

B.A.W.

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Readers Comments (2)

  1. L’Histoire retiendra qu’un certain Paul Kagame aura passé le reste de sa vie à détruire ce qu’il bâtit péniblement.

  2. Avez-vous suivi la prestation de serment de ce nouveau chef d’état major général des FARDC ?
    Vous souvenez-vous de la révolution mexicaine (1910-1920)avec les révolutionnaires du facétieux José Doroteo Arango Arámbula, plus connu sous le pseudonyme de Francisco Villa (Pancho) et surtout les généraux qu’il nommait ?
    Quand vous voyez celui qui fait office de ministre de la défense au Congo et vous écoutez ce général, vous ne pouvez que vous dire : Mawa, nzambe sunga biso !
    FREE MIKE MUKEBAYI !!

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