C’est une des déclarations faites, vendredi 18 mai, à Bruxelles, par Félix Tshisekedi Tshilombo, le tout nouveau président élu de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS). C’était au cours d’un point de presse qu’il a animé au « Press club Brussels Europe ». Tout au long de son échange avec les journalistes, « Félix » dissimulait à peine une moue dubitative au sujet de la tenue effective des élections le 23 décembre prochain. Pour lui, en cas de non-organisation de ces consultations politiques, les forces politiques et sociales acquises à l’alternance démocratique vont « exiger le départ pur et simple de Joseph Kabila ». En aparté, « Félix » a confié à l’auteur de ces lignes que le « Rassemblement » se porte bien. Et que ses relations avec Moïse Katumbi, l’autre candidat déclaré restent excellentes.
A Kinshasa, les « kabilistes » – du moins ce qu’il en reste – ont commémoré, jeudi 17 mai, le 21ème anniversaire de la prise du pouvoir par l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre), pompeusement appelée « libération ». Le 17 mai 1997, les « kadogos », chaussés de bottes de jardinier, faisant leur « joyeuse entrée » dans la capitale congolaise. La veille, le maréchal Mobutu Sese Seko s’était envolé pour Gbadolite avant de prendre le chemin de l’exil.
Pour appâter les Zaïrois d’alors qui étaient « fatigués » par sept années de transition sans fin, l’AFDL avait promis de promouvoir la démocratie et d’instaurer l’Etat de droit. Vingt et une année après, les ex-Zaïrois rebaptisés Congolais sont unanimes à reconnaitre que les promesses non pas été tenues. Les « Cinq chantiers du chef de l’Etat » et « la Révolution de la modernité » n’étaient que des concepts creux.
Vingt et une année après, les Congolais constatent qu’une dictature (celle des Kabila) a remplacé une autre (celle de Mobutu Sese Seko). Sur le plan socio-économique, le pays ressemble à un champ de ruines. Les espaces des droits et libertés n’ont cessé de se ratatiner. Pire, la vie humaine a perdu son caractère « sacré ». Des cadavres sont pris en otage dans des morgues gardées par la garde prétorienne de « Kabila ».
« SITUATION PRECAIRE »
Pur produit de l’AFDL, « Joseph Kabila », qui est au pouvoir depuis le 26 janvier 2001, monte des stratagèmes avec quelques juristes indélicats pour briguer un nouveau mandat. Et ce en dépit de l’inéligibilité qui le frappe après deux termes consécutifs accomplis à la tête de l’Etat. L’homme parait plus que jamais décidé à replonger le pays dans une crise politique aux conséquences imprévisibles. C’est lui ou le chaos!
A Bruxelles, le président de l’UDPS, Félix Tshisekedi Tshilombo, a mis à profit son séjour européen pour « informer » les « partenaires » de « la situation précaire » que traverse le Congo-Kinshasa. Il s’est entretenu notamment avec les nationalistes flamands de la N-VA, les Chrétiens-démocrates flamands (CD&V) et les Ecolos. Il a sensibilisé ses interlocuteurs sur l’attention que requiert « le traitement de cette question ».
Parti dominant en Belgique depuis les législatives de 2014, la N-VA n’a jamais cessé de condamner la « dérive dictatoriale » du régime « Kabila » autant que la corruption et la volonté de celui-ci de retarder la tenue des élections.
Lors de la conférence de presse qu’il a organisée le 18 mai soit le lendemain de la célébration du 21ème anniversaire de la « libération », Tshisekedi Tshilombo a dit, dans un mot introductif, que l’UDPS entend démontrer – aux prochaines élections – qu’elle est « un grand parti ». Elle entend également affirmer sa volonté de « diriger le Congo autrement » en assurant « un mieux-être » aux filles et fils du pays. L’Etat de droit, la lutte contre la pauvreté et la corruption, l’accès à l’éducation, à la santé, à l’eau potable et à l’électricité, l’amélioration du climat des affaires sont considérés comme des « priorités ». Sans oublier, la lutte contre le chômage par la formation et la création d’emplois.
EXIGER LE DEPART DE « KABILA »
Sur un ton empreint d’ironie, « Felix » d’insister sur la volonté de l’UDPS de conquérir le pouvoir d’Etat non pas pour la jouissance « mais pour redresser la barre et donner une autre image de la RD Congo dans le monde, et ramener le sourire, la dignité et la sécurité à la nation ».
Qu’en est-il des élections prévues le 23 décembre prochain? Après avoir exprimé les vives réserves de son parti sur la « machine à voter », le fichier électoral et le serveur, le président de l’UDPS n’a pu s’empêcher de jeter un regard critique sur « les manigances observées quant à la recomposition récente de la Cour constitutionnelle ».
A la lumière de toutes ces péripéties, il se dit prêt à parier « sur la non-tenue d’élections cette année ». A l’appui de sa thèse, il épingle « la campagne » menée par « le camp Kabila pour le renouvellement de la candidature de ce dernier par référendum ». Sans omettre l’intolérance ambiante qui s’illustre notamment par l’absence de mesures de décrispation et le rétrécissement des espaces de libertés.
S’agissant de la publication dans le Journal officiel de quatre formations politiques portant le label « UDPS », Tshisekedi Tshilombo a eu ces mots: « Tout le monde sait où se trouve l’UDPS, la véritable ». Ajoutant: « Joseph Kabila voudrait semer la confusion dans les esprits des électeurs ». Une confusion qui devrait, selon Félix, profiter à une « pseudo opposition avec laquelle Joseph Kabila voudrait faire alliance ».
Que va-t-il se passer en cas de non tenue d’élections le 23 décembre prochain? Réponse: « Nous nous préparons à tous les scénarios ». « Cette fois-ci, nous exigerons le départ pur et simple de Joseph Kabila… »
Quid du rapport de force? Les « marches pacifiques » suffiront-elles à faire trembler le « Raïs tout-puissant »?
Baudouin Amba Wetshi