La campagne électorale du « dauphin » Emmanuel Ramazani Shadary peine à s’envoler. « Continuateur » de l’œuvre introuvable du « raïs », le candidat du FCC (Front commun pour le Congo) à la présidentielle ne suscite que peu d’engouements auprès d’une population congolaise dont « l’humeur du moment » est au changement voire à la rupture avec l’ordre ancien. « Joseph Kabila » a les nerfs à vif. Les violences survenues dimanche 8 décembre au chef-lieu du Maniema en témoignent.
« Ce seront les meilleures élections que ce pays aura connues depuis 1959 ». Ces propos quasi-infantiles ont été tenus par « Joseph Kabila » dans l’interview qu’il a accordée au quotidien bruxellois « Le Soir » daté du 1er décembre. Ce qui s’est passé à Kindu constitue un cinglant démenti.
Que s’est-il passé dimanche au chef-lieu du Maniema?
Selon des sources concordantes, pour une raison inconnue, l’aéronef transportant le candidat de la coalition « Lamuka » a été empêché d’atterrir à l’aéroport de Kindu. Un aéroport congolais. Inimaginable! Des « instructions » auraient été données à la Régie de voies aériennes (RVA) d’agir dans ce sens. Qui a donné ces instructions? Pourquoi? Pourquoi les prétendants à la présidentielle non-issus du FCC sont-ils soumis à des tracasseries et autres intimidations? Quid de l’égalité des chances?
Au moment où ces lignes sont écrites, il est 12 heures 45 à Kinshasa. On attend désespérément la réaction de la CENI (Commission électorale nationale indépendante). « Les réunions électorales se tiennent librement sur l’ensemble du territoire national », peut-on lire dans le communiqué n°031 du 21 novembre de la centrale électorale.
Directeur de campagne de Martin Fayulu, Pierre Lumbi Okongo n’a pas usé de circonlocutions en pointant un doigt accusateur en direction des autorités locales. Sans vouloir dédouaner celles-ci, on peut gager que ces « pauvres bougres » n’ont fait qu’exécuter un « ordre illégal » donné par la très nébuleuse « haute hiérarchie ». Autrement dit, « Kabila » en personne ou son « dircab » Néhémie Mwilanya Wilondja qui se trouverait pas très loin dans son « fief » de Fizi, au Sud Kivu.
Selon Lumbi, des policiers et des militaires ont été déployés à l’aéroport pour empêcher la population d’aller accueillir le « candidat n°4 ». D’après des sources locales, les « forces de l’ordre » ont été épaulées par des voyous camouflés sous la douce appellation de « membres de la ligue des jeunes du PPRD ».
FORFAITURE
Ce qui devait arriver arriva. A savoir des affrontements entre des membres et sympathisants de « Lamuka » avec des policiers d’une part et des « jeunes » du PPRD de l’autre. Bilan: une dizaine de blessés graves. Lumbi a qualifié ce fait de « forfaiture ».
Quelle crédibilité peut-on, dès lors, accorder au communiqué n°031 de la CENI qui « interdit » aux candidats notamment d’ « inciter quiconque à commettre un acte de nature à entraîner des violences, des menaces ou à priver d’autres personnes de l’exercice de leurs droits ou libertés constitutionnellement garantis »? Le « clan kabiliste » bénéficierait-il d’une dérogation?
Pour les observateurs, « Joseph Kabila » commence à tomber le masque. « Le raïs commence à montrer sa vraie face d’un homme politique rusé et roublard », commente un confrère kinois. Un opposant d’enchaîner: « Une certaine fébrilité règne au sein du Front commun pour le Congo ». Et pour cause?
Il semble se confirmer que « Kabila » aurait de plus en plus les « nerfs à vif ». En cause, la « poussivité » de la campagne électorale que mène le « dauphin » Emmanuel Ramazani Shadary. Le « raïs » est surpris par l’accueil mitigé que la population a réservé jusqu’ici à son « clone ». Barnabé Kikaya bin Karubi, conseiller diplomatique de « Kabila » n’avait-il pas prédit à Jeune Afrique que « notre candidat a 90% de chances de gagner la présidentielle »?
Dans l’interview citée précédemment, « Kabila » a glissé plusieurs messages subliminaux. Il dit notamment qu’ « après le 23 décembre, il n’y aura plus qu’à attendre les résultats. Je crois que tout va bien se passer ». Il dit plus loin qu’après le 23 décembre le « gagnant » {qui ne pourrait être que son dauphin} fera « appel à tout le monde et que le perdant accepte d’avoir perdu ».
Connaissant la vénalité de la grande majorité des opposants, « Joseph Kabila » s’imagine qu’il lui suffira de mettre sur pied un nouveau gouvernement dit « d’union nationale » ou d’user des intimidations pour étouffer la contestation post-électorale.
Au moment de boucler ces lignes, on apprenait que le Conseil de l’Union européenne a renouvelé, ce lundi 10 décembre, les « mesures restrictives » prises le 29 mai 2017 à l’encontre de plusieurs oligarques de la Kabilie dont Emmanuel Ramazani Shadary. Ambiance!
On espère que ces sanctions pourraient, à brève échéance, s’étendre à « Joseph Kabila » ainsi qu’à sa fratrie…
Baudouin Amba Wetshi