Candidat député national (circonscription de la Funa) sous la bannière de l’AFDC-A (Alliance des forces démocratiques du Congo et alliés) de Modeste Bahati Lukwebo, Dori Dumbi est un pur produit de l’UDPS. Après un passage furtif au cabinet du Premier ministre Bruno Tshibanda Nzenzhe, il a claqué la porte avant de regagner l' »UDPS/Limete ». N’ayant pas été repris sur la liste des postulants aux élections législatives, « Dori » a repris sa liberté avant d’aller frapper à la porte à l’AFDC-A. Ici, il revendique le statut de « personnalité politique indépendante ». Bref, un « allié ». Inconstance? « Dori » balaie toute remarque de ce genre du revers de main. Selon lui, l’UDPS et l’AFDC-A défendent les mêmes valeurs chères à la social-démocratie. Interview.
Vous êtes candidat député national sous les couleurs non pas de l’UDPS mais de l’AFDC-A. Peut-on savoir pourquoi?
Je tiens à préciser que je me présente comme « personnalité politique indépendante » de l’opposition. Le seuil de 1% imposé par la loi électorale telle que révisée à ce jour ne m’a dissuadé de créer une formation politique ou de postuler en tant qu’indépendant. Voilà pourquoi, j’ai été obligé de m’insérer dans une « plateforme politique ». Je figure sur les listes de l’AFDC du professeur Bahati Lukwebo.
L’AFDC ne fait-elle pas partie de la « majorité présidentielle »?
Je refuse de m’engager dans la polémique. Libre à chacun de me situer là où il voudrait. Je reste, pour ma part, membre de l’opposition. J’ai fait mes armes dans l’UDPS d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba dont je reste fidèle à la philosophie.
La question reste posée. Pourquoi figurez-vous sur la liste de l’AFDC?
Mon choix a été motivé par les similitudes existant entre le projet de société de l’UDPS et celui de l’AFDC. Dans les deux cas, la promotion de l’Etat de droit est au centre des préoccupations.
Lors du lancement de la guerre dite de « libération » en octobre 1996, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) avait, elle aussi, promis aux Zaïrois d’alors l’instauration de l’Etat de droit…
Je suis en possession d’un condensé du projet de société de l’AFDC. Je peux vous assurer que je me sens à l’aise. Ce qui importe c’est bien ce que les acteurs politiques comptent faire pour le bien commun.
Que répondez-vous à ceux qui pourraient percevoir, malgré tout, une certaine incohérence entre votre « statut » d’opposant et votre présence dans une plate-forme étiquetée « majorité présidentielle »?
Vous me faites rire! J’espère que vous ne le faites pas sciemment…
Faites-vous allusion à la « jurisprudence » des opposants ayant rejoint le gouvernement dit « d’union nationale »?
Vous avez assisté cette après-midi à la conférence de presse animée par plusieurs leaders de l’opposition. Pensez-vous qu’une personnalité telle qu’Adolphe Muzito est plus opposant que Dori Dumbi? Nous sommes à la veille des élections. Laissons au souverain primaire le soin de trancher. C’est à l’issue du processus électoral que nous aurons une « majorité » et une « opposition ». D’ailleurs, si vous parcourrez les listes électorales de l’UDPS, il vous sera loisible de découvrir des candidats qui appartiennent à la majorité sortante. C’est le cas par exemple de Toussaint Alonga et de Henriette Wamu. Ces derniers sont devenus « par magie » membres de l’opposition. Nous qui avons toujours milité dans l’opposition devenons par enchantement « membre de la majorité ». Allons donc!
Quelle est votre réaction après lecture du communiqué commun publié mercredi 12 septembre par des leaders de l’opposition?
Sur les neuf exigences posées par les signataires, les points « 7 » et « 9 » me paraissent dérisoires.
Pourquoi?
Je ne vois pas l’intérêt de faire appel aux forces de la SADC pendant que celles de la Mission onusienne au Congo sont en place. Je m’interroge franchement si les forces de la Communauté de développement d’Afrique australe seront mieux outillées que les éléments de la Monusco. Je suis, par ailleurs, étonné qu’on demande la « restructuration » et de l’ « audit » de la Commission électorale nationale indépendante. Et ce à quelques trois mois de la date fixée pour les élections. J’estime que les sept points qui restent découlent des incohérences de l’opposition. C’est l’immaturité de certains cadres politiques qui a engendré les faits déplorés.
Auriez-vous réagi de la même manière à l’époque où vous militiez dans les rangs de l’UDPS?
Je l’ai toujours fait. Mes interventions antérieures peuvent en témoigner. Je n’ai pas varié. Je n’ai pas changé. J’avais dit que nous avons un mauvais gouvernement qui allait nous organiser des mauvaises élections. Personne ne m’avait écouté quand je demandais de nous battre afin de nous impliquer dans le processus électoral.
Que ce que l’opposition aurait dû faire?
Elle aurait dû commencer par laisser ses députés siéger au Parlement. Ainsi, on aurait eu des représentants de l’opposition à la CENI ainsi qu’à la Cour constitutionnelle. Aujourd’hui, nous nous trouvons en marge du processus électoral. J’ose espérer que les signataires dudit communiqué sauront infléchir le pouvoir en obtenant le rejet effectif de la « machine à voter » et le nettoyage du fichier électoral. Je crains qu’on s’achemine lentement mais sûrement vers des contestations génératrices d’une situation conflictuelle après les élections. Je tiendrai toujours le même discours…
Propos recueillis par Baudouin Amba Wetshi