Le ministre congolais des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu a quitté Kinshasa, mardi 6 février. Destination: Caracas. Potentiellement pays le plus riche d’Amérique latine, le Venezuela est plongé dans une crise grave au double plan économique et social. La situation politique est loin d’être apaisée. Le chef de l’Etat en exercice, Nicolas Maduro, est accusé de « dérive autoritaire ». En dépit de son impopularité, l’homme est candidat à sa propre succession. Au moment où « She » se rend au pays de Chavez, la diplomatie américaine mobilise les pays de la région à ne pas reconnaître les résultats de la consultation politique à venir.
Qu’est ce qui fait courir Léonard She Okitundu au Venezuela? D’après une dépêche de l’Agence congolaise de presse (ACP), le chef de la diplomatie congolaise est, depuis mardi, en route pour Caracas où il doit effectuer une « mission officielle ». Quel est l’objet de cette mission? Mystère!
Des observateurs s’interrogeaient mercredi sur le bien-fondé de cette visite sans précédent. Et ce dans un pays où le Congo-Kinshasa n’a aucun intérêt apparent à promouvoir. En l’absence des faits, bonjour la spéculation. Une chose paraît sûre: le régime kabiliste tente de desserrer l’étau de son isolément diplomatique.
Aussi, d’aucuns croient-ils savoir que « She » est allé solliciter le « soutien diplomatique » du Venezuela en perspective des prochaines rencontres internationales à New York, Paris, Rome ou Genève. Il semble bien que Caracas ferait partie des « ténors » du « Groupe des 77 » qui regroupe des « pays en développement » d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud.
La répression sanglante des marches pacifiques organisées le 31 décembre 2017 et le 21 janvier dernier par le Comité Laïc de Coordination, suscite des interrogations sur la légitimité de la présence du « Congo libéré » au sein du Comité des droits de l’Homme des Nations Unies.
Sans la moindre malice, ces observateurs croient percevoir quelques « similitudes » entre les oligarchies au pouvoir à Kinshasa et dans la capitale vénézuélienne. Ne dit-on pas que ceux qui se ressemblent s’assemblent?
Nicolas Maduro est un ancien conducteur de poids lourds. L’homme est un self-made man. « Joseph Kabila » a un parcours identique.
Depuis l’arrivée de Maduro au pouvoir en 2013, ce pays – producteur du pétrole et qui était le plus riche de l’Amérique latine – a sombré dans une grave crise économique et sociale. Le successeur de leader charismatique Hugo Chavez fait face depuis plusieurs mois à une contestation politique sans précédent.
Incapable de donner des réponses adéquates aux attentes de la population, le successeur de Chavez recourt à la force. Les manifestations pacifiques sont chaque fois réprimées. A ce jour, le bilan – provisoire? – est de 120 morts et plusieurs dizaines de blessés. Plusieurs Vénézuéliens ont pris le chemin de l’exil pour fuir non seulement la précarité mais surtout l’arbitraire.
Des voix se sont élevées pour fustiger l’usage excessif de la force. C’est le cas notamment aux Nations Unies et à Washington. Suivez mon regard…
Au moment où Okitundu prenait l’avion pour Caracas, le secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, entamait une tournée au Mexique, au Pérou, en Colombie et en Argentine. Objectif: convaincre les pays de la Région de ne pas reconnaître le résultat de la présidentielle anticipée dont le « vainqueur » est connu d’avance. Selon des sources, Washington n’exclut pas de « renverser » Maduro par un coup d’Etat. La CIA serait occupée à étudier la « faisabilité ».
Depuis l’arrivée de « Joseph Kabila » à la tête de l’Etat congolais, les observateurs peinent à identifier les grands axes de la diplomatie congolaise. La voix du « Grand Congo » n’est plus audible. En dix-sept ans de « pouvoir joséphiste », c’est la deuxième fois que She Okitundu dirige ce ministère régalien. L’homme y mène une diplomatie hasardeuse. Pas d’objectifs à court, moyen et long terme. La politique étrangère est confondue avec les voyages à l’étranger…
B.A.W.
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