« Coronavirus: Redevenir Homme ». C’est le titre d’un ouvrage qui a été « baptisé » mercredi 10 juin. Après une longue éclipse que d’aucuns – c’est le cas de l’auteur de ces lignes – avaient mis sur le compte du confinement décidé par le gouvernement belge, le journaliste bruxellois Fita Fita Dibwe, alias Cheik Fita, a fait sa réapparition mercredi au « Press Club Brussels Europe » pour témoigner de ce qu’il a vécu après avoir été atteint du Coronavirus, mieux connu sous l’appellation « Covid-19 ». Après son hospitalisation, il a rédigé un livre-témoignage dans lequel il rend un hommage appuyé au personnel médical à travers le monde en général et au royaume de Belgique en particulier. Pour lui, chaque homme « devrait se considérer comme une sentinelle permanente de la race humaine ».
« La vie est le plus grand don pour chaque homme. Quand on vit, on ne prête pas attention croyant que cela va de soi. Cela ne va pas de soi! ». C’est par ces mots que Cheik Fita qui revient de loin a commencé son témoignage.
Il s’agissait nullement d’un reportage comme il savait le faire avec son « complice », le cameraman Gérard Kanabasao. Mais bien d’un « vécu ».
Dans son récit, « Cheik » décrit, au jour le jour, ce qu’il a vécu et ressenti durant son hospitalisation suivie de sa mise en quarantaine à domicile. Cette dure épreuve lui a été l’occasion d’une sorte de « remise en question » qui l’a amené à constater que l’être humain accorde « beaucoup d’importance à des choses futiles ».
C’est à la fin du mois de janvier de cette année que les médias internationaux ont commencé à parler discrètement d’un virus mystérieux observé dans la ville chinoise de Wuhan. Le président américain va ironiser en parlant de « virus chinois ». Donald Trump se souviendra à ses dépens que la « globalisation » a transformé la planète Terre en un « tout petit village ».
Début février, le « virus chinois » a un nom: Coronavirus. Le pays de Mao comptabilisait déjà 500 morts et 24.000 cas de contamination. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) tire aussitôt la sonnette d’alarme. Le fléau a une nouvelle appellation: « Covid-19 ». Des cas de contamination sont détectés ici et là y compris aux Etats-Unis.
« SYNDROME DE DÉTRESSE RESPIRATOIRE »
Début mars, le virus se propage dans toute l’Europe. C’est la panique générale. Au moment où ces lignes sont écrites, la Belgique compte 9.636 décès au total. Nombreuses sont des familles issues de la diaspora congolaise qui n’ont pas encore fini le travail de deuil à la suite du décès des êtres chers: une mère, un père, un frère, une sœur etc. Le Covid-19 leur a ôté la vie à travers ce que le corps médical et les scientifiques nomment: le « syndrome de détresse respiratoire ».
C’est au cours de la semaine du 30 mars au 5 avril que « Cheik » a commencé à se sentir mal. Il souffrait de la « fièvre ». Une fièvre qui ne l’a pas quitté durant toute cette semaine. Il faut dire que le « confinement » imposait à chacun et à tous de « rester à la maison ». La Belgique ressemblait à un pays en guerre.
Le 5 avril, il décide de contacter son médecin, le docteur Jean-Pierre Mwipata. Après l’avoir ausculté, celui-ci lui ordonne littéralement d’aller vite à l’hôpital. « Rends-toi aux Cliniques CHIREC Sainte Anne Saint Remi pour te faire consulter ».
RÉHABILITER L’HOMME ET LA SANTÉ PUBLIQUE
A l’hôpital, « Cheik » se fait prélever la température. Le chiffre « 40 » s’affiche. La situation n’est pas désespérée. Elle est néanmoins grave. Peu avant minuit, un infirmier lui annonce qu’il va être hospitalisé et lui donne deux comprimées « à prendre immédiatement ». « (…), j’avais pu lire Plaquenil », écrit-il dans son livre-témoignage.
Fita Fita Dibwe a compris qu’il était atteint du Coronavirus. Il n’a aucune idée de l’endroit où il a pu croiser le chemin de cette pandémie. Durant une quarantaine de jours, il n’aura plus pour préoccupation que de livrer le « combat » contre Coronavirus et retrouver la santé.
On ne pourrait que « comprendre l’émotion » de « Cheik » qui a consacré la première page de son livre à « remercier » nommément les membres du « staff médical » et le « personnel soignant » du centre hospitalier cité précédemment. Pour lui, ce corps médical est à ses yeux « l’armée du meilleur ».
D’origine congolaise, « Cheik » – qui est le rédacteur du webjournal « Info en Ligne des Congolais de Belgique » – est conscient qu’il n’aurait peut-être pas survécu si la Covid-19 l’avait atteint au Congo-Kinshasa où la santé publique est défaillante. Concluant son ouvrage, l’auteur fait ce qu’il appelle un « plaidoyer pour l’Homme ». Ils exhortent les dirigeants congolais à insérer le secteur de santé parmi les priorités. Et de « réhabiliter l’Homme ».
Baudouin Amba Wetshi