Ce dimanche 21 janvier 2018, à travers tout le pays, nous avons été à nouveau des millions à nous être mobilisés pour que nos droits soient respectés, que notre dignité soit rétablie, que nous puissions recouvrer nos libertés.
Nous avons donc été ce jour encore plus nombreux que le 31 décembre 2017 dernier à marcher avec nos bibles, nos chapelets, nos rameaux, etc. pour réclamer, la même chose:
L’application stricte et intégrale de l’accord de la Saint-Sylvestre, c’est-à-dire la libération sans condition des prisonniers politiques, la fin de l’exil des opposants menacés à leur retour au pays, la libéralisation des espaces médiatiques et la réouverture des médias injustement fermés, la fin du dédoublement des partis politiques, le libre exercice des activités politiques par tous notamment le droit de manifester, la restructuration de la CENI, la confirmation par le chef de l’Etat qu’il ne briguera pas un troisième mandat comme l’exige la constitution.
Au-delà de nos différences religieuses, de nos appartenances culturelles, linguistiques, ethniques ou autres, nous avons démontré que nous étions déterminés à donner notre vie pour défendre nos droits, pour sauvegarder notre bien commun légué par les pères de l’indépendance, pour que le Congo se redresse, pour qu’il retrouve sa fierté, pour qu’une nouvelle jeunesse se lève, prête à donner sa vie face à ceux qui la prennent, pour que des hommes libres et droits luttent à nouveau sans peur face à la dictature, la corruption et le mal.
La grâce de Dieu a pris la tête de notre combat.
Encore une fois, la réponse à nos revendications a été la répression aveugle, méchante, barbare. Encore une fois, le bilan est lourd, très lourd: une dizaine de morts, des centaines de blessés et d’arrestations. Grande est notre tristesse, immense est notre douleur!
Notre premier message va aux familles de ceux dont la vie a été injustement arrachée à notre terre.
C’est le cœur serré que chacun de nous selon nos convictions, nous nous inclinons pour saluer leur mémoire et présenter nos condoléances les plus attristées à leurs familles et à leurs proches.
L’histoire retiendra que ces hommes, ces femmes, ces enfants, aux mains nues, ne portant pour seules armes qu’un chapelet, une bible, une croix, un rameau ont été fauchés par des balles assassines d’autres fils du Congo qui ont choisi le camp de la terreur et de la trahison du peuple pour servir la cause d’un régime refusant d’honorer ses engagements.
Chacune des victimes avait un nom, une famille, une histoire et des projets que la barbarie a réduits au silence. Nous leur disons qu’ils resteront à jamais gravés dans nos cœurs et notre mémoire.
Nous nous souviendrons à jamais des martyrs et héros du 21 janvier 2018 comme Ceux du 31 décembre 2017 et du 16 février 1992; et de tant d’autres qui ont donné leur vie pour la liberté de notre pays. Ils ne sont pas morts. Ils ne mourront jamais. Nous nous souviendrons de ces dates, de ces évènements comme d’une boussole qui va guider nos pas vers plus de liberté, de justice, de démocratie.
Notre deuxième message va à tous nos compatriotes, aux centaines de milliers de Congolais qui sont sortis ce 21 janvier 2018 de leur lieu de culte et aux prêtres, religieux et religieuses qui ont courageusement accompagné le peuple de Dieu. Il vit en eux l’âme du Congo! Nous leur disons merci. Ils incarnent ce qu’il y a de plus noble dans l’homme face à la barbarie.
A ceux qui croyaient que le peuple congolais n’est pas prêt à soutenir l’effort d’un grand combat, qu’il est condamné à baisser le front, à subir la défaite et à capituler devant la dictature, à céder devant la peur et l’incertitude, à redouter les mauvais traitements, les arrestations et les humiliations, la mobilisation de ce 21 janvier 2018 a été la réponse à leurs doutes et à leurs interrogations. Face à la barbarie, les congolais sont restés débout et plus déterminés que jamais!
Notre troisième message va à ceux qui n’ont pas hésité à couper les réseaux sociaux pour perpétrer leurs crimes en cachette, à tirer à balles réelles sur la population, à lancer des gaz lacrymogènes. Nous leur disons: nous n’avons pas peur et nous ne ferons jamais marche arrière!
Sans jamais céder à la tentation de tomber dans le cercle sans issue de la violence, de la colère et de la haine meurtrière, nous irons jusqu’au bout! Nous l’avons déjà dit, il n’y aura plus de répit pour la dictature, qui a plongé le peuple congolais dans une crise aussi ruineuse qu’inutile.
Le Comité Laïc de Coordination demande ainsi au peuple de Dieu de rester mobilisé pour répondre à son prochain appel.
Que Dieu bénisse les Congolaises et les Congolais,
Que Dieu bénisse la République Démocratique du Congo
Fait à Kinshasa, le 22 janvier 2018
LE COMITE LAIC DE COORDINATION
Prof. Thierry Nlandu Mayamba
Prof. Justin Okana
Prof Isidor Ndaywel E Nsiem
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