En date du 12 février 2022, nous avons averti l’opinion que le général Paul Kagame allait à nouveau envahir la République Démocratique du Congo. Une première incursion des RDF avait eu lieu le 21 novembre 2021 au Mont Visoke sous l’étiquette d’un M23 ressuscité et revigoré, suivie de nombreuses autres attaques sur les positions des FARDC.
Le 24 mai 2022, au mépris du droit international, l’armée rwandaise -RDF- a, dans une invasion massive (des colonnes d’au moins deux bataillons), franchi la frontière congolaise par Kabuhanga, Chegera, Kibaya et Kasisi et attaqué des positions des FARDC à Kibumba sur ordre du général-major des RDF Alexis Kagame. Un crime d’agression au regard du droit international.
Malgré l’évidence et des preuves accablantes, le gouvernement rwandais continue, comme il l’a toujours fait depuis la première guerre d’invasion du Congo en 1996, à nier de faire corps avec ses supplétifs: hier l’AFDL de Laurent Désiré Kabila en 1996, le RCD/Goma d’Azarias Ruberwa en 1998, le FLEC de Jules Mutebusi en 2004, le CNDP de Laurent Nkunda puis de Jean Bosco Ntaganda entre 2004 et 2009, le M23 de Jean Bosco Ntaganda en 2009 puis de Sultani Makenga depuis 2012.
Comme tous les supplétifs de l’armée rwandaise, le M23 est constitué essentiellement par des hommes de troupes et un commandement fournis par les RDF, bénéficie de l’armement, de la formation, du renseignement et de la logistique par les militaires de l’armée rwandaise et est soutenu ouvertement par le gouvernement rwandais.
Le récent rapport du Groupe d’Experts des Nations-Unies a confirmé l’impossibilité de sérier qui est du M23 congolais, qui est du M23 rwandais : tellement la fusion est complète sous le commandement RDF.
A chaque fois qu’il est pris la main dans le sac, le président rwandais Paul Kagame, brandit l’alibi de « génocidaires des FDLR » qui seraient une menace pour la sécurité du Rwanda. Or, les combattants des FDLR ont été, pour les uns (3.100) tués et neutralisés, pour les autres désarmés (6.700) ou rapatriés au Rwanda par les FARDC conjointement avec les RDF entre 2009 et 2020 dans les opérations notamment Umoja Wetu (janvier-février 2009), Kimia II et Amani Leo (mars 2009 – 2012), autres opérations (janvier 2015 – 2018) et (septembre 2019 – février 2022).
Le général Kabarebe, le conseiller du président Kagame en matière de sécurité, a à maintes reprises lui-même déclaré que les FDRL ont été anéantis, qu’ils ne sont plus qu’une rémanence chimérique qui ne constitue aucun danger pour le pays et pour sa population et que si par inadvertance il leur venait à l’idée d’attaquer le Rwanda ils n’y resteraient pas plus d’une minute.
Le reste des réfugiés rwandais encore sur le sol congolais sont des rescapés des crimes contre l’humanité dont des actes de génocide présumés commis au Rwanda et au Congo par l’armée rwandaise entre 1993 et 2002 tels que relatés par le Rapport Mapping Congo et qui étaient mineurs en 1994 lors du génocide au Rwanda.
Entre le 17 juin et le 30 novembre 2022, le M23, c’est-à-dire les RDF ont commis, outre un crime d’agression, des crimes de guerre présumés (avec au moins 240 civils dont des enfants, des femmes enceintes tués notamment à Ruvumu, Munindo, Rusekera, Kibumba), des crimes contre l’humanité (plus de 400.000 déplacés) dont des crimes de génocide sur au moins 240 Hutus congolais, des Nande, des Hunde à Kishishe et Bambo.
En conséquence, Rwanda Freedom Movement – Ishakwe
- Condamne l’agression et l’invasion armées de la RDC par l’armée rwandaise depuis le 21 novembre 2021 à ce jour.
- Appuie sans réserve les processus de Nairobi et Luanda;
- Salue la décision du Conseil de sécurité de la levée de la notification préalable et autres conditionnalités pour l’achat d’armes infligées jusqu’alors au Gouvernement congolais, qui constituaient de fait un embargo réel sur les armes;
- Demande au Conseil de sécurité des Nations Unies d’apporter tous les appuis politiques et militaires nécessaires au processus de Nairobi et de Luanda;
- Demande au Conseil de sécurité de faire pression sur le gouvernement rwandais, de prendre des sanctions et des mesures coercitives concrètes afin que les RDF quittent le Congo sans délai et sans condition;
- Demande au Conseil de sécurité de tirer les conséquences de ses multiples rapports, de modifier le mandat de la MONUSCO et de le transformer en mandat coercitif au titre du chapitre VII de la Charte des Nations Unies dans la mesure où il s’agit d’un acte d’agression avéré et d’une menace contre la paix et la sécurité régionale;
- Demande au Conseil de sécurité de créer un tribunal pénal international sur le Congo pour juger les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, les crimes de génocide présumés commis en RD Congo par les RDF, crimes commis entre 1993 et 2003 selon le Rapport Mapping sur le Congo et ceux commis depuis l’invasion du 21 novembre 2021 jusqu’au moment où les RDF auront définitivement quitté le territoire congolais;
- Demande au Conseil de sécurité d’appliquer déjà les sanctions déjà prises contre les auteurs des différents crimes internationaux au Congo et d’adopter de nouvelles sanctions à l’égard des actuels commanditaires et auteurs présumés des crimes;
- Demande à la communauté internationale, en particulier aux pays membres du Conseil de sécurité des Nations Unies, de l’Union africaine, à la Banque Mondiale, à la Banque africaine de développement et aux pays de l’Union européenne, d’arrêter toute aide en faveur du Rwanda jusqu’à ce que les RDF aient quitté le territoire congolais et que les criminels présumés de crimes de violation du droit humanitaire aient été jugés.
Washington, le 29 décembre 2022
–
Pour RFM-ISHAKWE
Dr Théogène RUDASINGWA, Président