Lettre ouverte à Madame Candide OKEKE et Messieurs Alphonse EBAMA, Yajovin YANGO WETCHIKA, Clovis MBIKAYI, Patrick LUKIKA, Paulin LOMELA, Joseph MAKUNGA et Michel LUZOLO.
Madame et Messieurs,
Notre Alliance complète en ce jour si particulier de vendredi 04 juin 2021, ses seize (16) ans d´existence et c’est tout naturel de l’accompagner dans cette étape capitale de notre lutte patriotique de libération nationale face à l’occupation et à la spoliation étrangères de notre pays.
Au-delà du recul stratégique que nous avions personnellement pris en ce qui concerne notre participation directe aux activités de l’Apareco voici quelques années, et ce, pour des raisons de convenance personnelle, il n’en reste pas moins que nous demeurons indéfectiblement attachés tant à notre mouvement en tant que tel, à son idéologie qu’à son orientation politique qui nous guident. Lesquelles idéologie et orientation politique lui avaient été insufflées à sa création par ses pères fondateurs parmi lesquels notre regretté président national, Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba, dont nous saluons très respectueusement la mémoire à cette occasion.
Nous sentant concernés au plus haut point par l’éclatement de la crise en cours, voici pourquoi nous prenons la liberté de nous adresser à vous à travers la présente. Toutefois, loin de toute prétention de nous ériger en « donneurs de leçons » ou en « juges ». Mais plutôt en tant que membres et anciens responsables de notre mouvement, nous venons là apporter tant soit peu et en toute modestie notre proposition de sortie de crise ‒ aux côtés bien sûr de tant d’autres ‒ dans la recherche d’une solution consensuelle à cette inattendue crise dont est en proie notre bien commun qu’est l’Apareco. Autrement, notre conscience nous reprocherait d’être restés indifférents face à cette déplorable situation, susceptible d’un côté de saper tous les efforts consentis et toutes les avancées obtenues au cours de ces seize dernières années, et de l’autre, de compromettre ainsi l’heureux aboutissement de notre lutte patriotique de longue haleine.
Ceci est donc une lettre ouverte à vous cadres supérieurs de l’Apareco, élite politique de la Résistance, sur votre vision diamétralement opposée quant à la lecture et à l’interprétation des uns et des autres sur les dispositions statutaires et, disons-les aussi, sur des considérations d’ordre moral et éthique. De ce fait, pomme de discorde à l’origine de l’imbroglio dans lequel notre Alliance se trouve trempée depuis la disparition de notre bien aimé et respecté leader.
De ce qui précède, nous nous permettons de parler sans détours de crise au sein de l’Apareco; une crise qui dénote d’ailleurs de votre part une incompréhension ahurissante. Parce que nous sommes loin de comprendre que vous puissiez de par votre expérience vous retrouver dans une pareille situation, même si la rumeur dit que tant qu’il y a des hommes il y aura toujours des problèmes. Mais celui-ci aurait bien pu être évité, n’eût été l´intransigeance des uns et des autres.
La présente lettre étant un appel pressant au retour de la sérénité et à l’unité du temps du principal fondateur de notre mouvement, nous estimons donc inopportun et préjudiciable pour notre démarche, le fait de distribuer des torts et des raisons à qui que ce soit. Par contre, nous vous demandons humblement de ne pas ressasser les souvenirs si proches et si désastreux des écarts de langage et propos tenus par les uns contre les autres sur les réseaux sociaux, car chacun(e) est conscient(e) des actes qu’il a posés et sait où il (elle) a failli dans sa conduite.
Les propos tenus, les intrigues menées contre autrui, ainsi que les confidences faites dans les secrets des amitiés ou dans les coulisses du clientélisme et qui empoisonnent sourdement les relations réciproques ont plus porté du tort que du bien, dans la mesure où l’on ne peut pas les étaler sur la place publique, de peur de trahir leur source et qu’ils restent le domaine exclusif de celui/celle qui les a écoutés avec toute la rancœur qu’ils occasionnent.
Car le seul fait d’un désaccord de cette envergure, lequel désaccord compromet l’unité et la cohésion du mouvement et nous expose non seulement à l’hilarité des forces d’occupation, mais aussi augure la décapitation de la Résistance congolaise, démontre de votre part peu de sens de responsabilité à l’égard des populations du Congo, pire une trahison. Du Congo? Parlons-en un peu. Quel intellectuel averti ou abruti ignore que l’avenir de l’Afrique passe entre les mains de l’élite congolaise de la branche consciencieuse dont vous faites partie?
Depuis une vingtaine d’années, l’élite africaine s’est réveillée et s’évertue à combattre les tares de l’aliénation qui nous confinent dans la médiocrité politique depuis les indépendances. Allez-vous, élite politique de l’Apareco, fer de lance de la libération du Congo, tout comme le Congo est le fer de lance du développement de l’Afrique, allez-vous, disions-nous, hypothéquer l’avenir du pays et de tout un continent par excès d’amour-propre et d’ambition quoique légitime?
Qu’allez-vous faire maintenant, combattants de la libération du Congo? Notre mouvement de résistance doit-il disparaître avec son principal fondateur? Certes, la mort inopinée de notre bien aimé Président National est l’élément en partie déclencheur de cette crise. Aurions-nous souhaité qu’il demeure encore avec nous afin que nous ne connaissions ce bouleversement? Oui, mais c’était un être humain, c’est-à-dire un mortel. Si la maladie ne l’avait pas terrassé, l’âge aurait eu raison de sa vie. Et nous nous serions retrouvés dans la même situation. C’est-à-dire sans lui.
Nous reposons donc la question: qu’allez-vous faire maintenant, élite politique de la Résistance et membres du Comité Exécutif National? À notre humble avis, nous pensons qu’il n’existe qu’une seule solution que tout le monde attend: une Apareco unie et plus forte que jamais. Pour ce faire, en dehors de toute ingérence extérieure et de commun accord entre les parties en conflit, sous la médiation de la Commission de Discipline et d’Éthique, tous les efforts doivent converger sur la convocation dans un délai raisonnable de l’Assemblée générale, c’est-à-dire du Congrès de l’Apareco tel que prévu.
Ainsi, pour faciliter la convocation et la tenue dudit Congrès tant attendu, et d’en assurer la participation de tout le monde, il va donc falloir qu’en amont, les uns comme les autres reconsidèrent leurs prises de position qui, fort heureusement, n’ont pas l’avantage d´avoir l’esprit et la lettre des statuts de notre mouvement comme soubassement. En termes plus clairs, il s’agit en fait que l’une des parties en conflit commence par renoncer à ses fonctions et titre auto-octroyés; et que l’autre partie à son tour, annule purement et simplement toutes les mesures coercitives et d’exclusion prises en représailles à ‒ entre autres manquements au règlement ‒ cette usurpation de titre et fonctions, ayant engendré l’actuelle crise au sein de l’Apareco.
À ce propos, il importe de souligner à votre attention, chers Membres du Comité Exécutif National, qu’il n’est pas ici question pour quiconque d’entre vous de perdre la face envers qui que ce soit. Considérez plutôt que ce dont il s’agit en réalité, c’est de sortir de la confrontation de deux logiques et de l’épreuve de force contre-productive et autodestructrice, qui s’est désormais engagée entre les parties en présence et qui n’a que trop duré. Si réellement vous vous préoccupez de l’avenir de notre mouvement, nous n’en doutons d’ailleurs pas un seul instant, vous mettriez tous de côté vos orgueils (vos égos) et vous agiriez dans le sens de ce que veut la majorité de nos membres et sympathisants. La Résistance, pour ne pas parler de la base comme chez les autres, a tant besoin d’une APARECO bien plus stable, ouverte et inclusive, toujours unie et d’un ordre fondé sur ses Statuts et son Règlement d’ordre intérieur comme par le passé.
Bref, pour faire simple: que le compteur de l’Apareco soit remis à zéro. C’est-à-dire à son état initial d’avant le 21 mars 2021, date du décès du notre regretté président national, Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba, afin de repartir en toute sérénité sur de nouvelles bases, dans un esprit de conciliation et d’unité. Voilà, nous n’en pouvons être plus expressifs que ça.
Nous exprimons notre souhait que personne ne déroge à cette règle ou ne brille par son absence. Parce que nous estimons, par expérience, qu’aucune de deux factions ne saura tenir longtemps dans la poursuite de la lutte de la libération du Congo. La brouille étant occasionnée par des soucis de succession, et non des désertions ou démissions que l’Apareco a connues tout au long de son histoire et qui n’ont nullement perturbé la quiétude du mouvement. Cela étant, prière donc de mettre un peu d’eau dans votre vin et ressaisissez-vous dans l’intérêt supérieur de notre peuple ‒ qui a placé tous ses espoirs en vous ‒ et de notre cher Congo que vous aimez tous tant. Vous conviendrez ainsi avec nous que c’est là la voie de la sagesse et de la maturité politique.
Dans la crainte d’une hypothétique bipartition qui semble se profiler à l’horizon, laquelle bipartition ouvrirait soyez-en sûrs la voie à toutes sortes de velléités et d’ambitions dont vous porterez la responsabilité devant l’Histoire, gardez présent à l’esprit qu’aucun de deux bateaux, qu’importe la puissance de ses propulseurs, ne saura à lui tout seul remonter l’impétueux courant du fleuve Congo, même avec la bannière de l’APARECO. Aux yeux des Congolais et de bien des Africains qui nous observent de près ou de loin, nous aurions lamentablement failli à notre mission de la libération du Congo du joug de l’Occupation et de la domination étrangère.
Et cette malheureuse phrase nous hantera à jamais dans la honte de notre échec: « Nous pensions que l’APARECO ferait la différence, mais hélas, elle est tout aussi tordue que les centaines d’autres partis politiques du pays ». Voilà ce qui serait l’épitaphe sur la pierre tombale de l’APARECO. Ainsi, au grand dam de notre peuple, le monde de l’occupation du Congo qui nous guette et qui ne jure que par l’implosion de l’Apareco pour parachever son projet de balkanisation de notre pays, aura enfin atteint son objectif. Prenons-y garde, sinon l’agonie de notre mère patrie sera sans concession et irréversible. Alors, nous n’aurons plus que nos yeux pour pleurer.
De grâce, élite politique de la Résistance et chers Membres du Comité Exécutif National, que cette écriture de la Bible ne se concrétise pas à notre détriment:
« Lorsque tout Israël vit que le roi ne l’écoutait pas, le peuple répondit au roi: Quelle part avons-nous avec David? Nous n’avons point d’héritage avec le fils d’Isaï! A tes tentes, Israël! Maintenant, pourvois à ta maison, David! Et tout Israël s’en alla dans ses tentes ». 2 Chroniques 10:16.
Parce que vous n’aurez pas écouté cet appel, comme le roi Roboam, petit-fils de David en son temps rejeta les conseils et le royaume fut divisé, ainsi chaque Congolais de la Résistance retournera-t-il au Congo et se fera-t-il sacré roitelet dans sa province ou sa commune d’origine pour éviter l’exploitation de son fief par des non-originaires.
Au pire des cas, les peuples du Congo subiront le même sort que les Apaches, les Sioux, les Mohicans et d’autres peuples autochtones (Amérindiens), après la sanglante conquête de l’Ouest, c’est-à-dire la confiscation de leurs terres ancestrales par les envahisseurs blancs venus d’Europe pour en faire les États unis d’Amérique (USA) actuels. Ainsi le Congo aura-t-il disparu à cause d’une poignée d’élites politiques faisant preuve de peu de responsabilité et d’humilité, mais de plus d’égo (surdimensionnés).
Puisse ces lignes vous inspirer de la compassion pour les millions de populations congolaises tuées, éventrées, sinistrées, émasculées, paupérisées et chosifiées à travers toute la République.
Joyeux Anniversaire à tous et que Vive l’APARECO!
Fait à Stockholm, le 04 juin 2021.
Pépin Lulendo, Ancien Secrétaire Exécutif National chargé des Relations extérieures
Bienvenu Bababebole ABABEBOLE KADITE, Ancien Président territorial/Norvège & Président régional APARECO/Scandinavie