Couvre-feu « sanitaire »: La VSV demande de reculer l’heure du début à 23 heures

La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV) salue une fois de plus les mesures prises, mardi 15 décembre 2020 par le Président de la République pour lutter efficacement contre la 2ème vague de la pandémie COVID-19 afin de protéger tout le monde et garantir ainsi le droit à la vie de toutes les personnes qui vivent ou habitent en République Démocratique du Congo (RDCongo).

Entre autres mesures prises, il y a l’instauration d’un couvre- feu de 21h00 à 5h00 du matin, l’application stricte des gestes barrières, notamment le port obligatoire des masques, le respect de la distanciation physique, le lavage des mains et la prise de température, l’interdiction des marches, le respect strict des gestes barrières dans tous les lieux publics et privés, le fonctionnement des églises et des débits de boisson avant le couvre-feu en respectant scrupuleusement les gestes barrières, etc.

Cependant, tout en saluant ces mesures, la VSV exprime des craintes en ce qui concerne l’heure du début de couvre-feu à la base de nombreuses frustrations, de stress et d’une psychose généralisée au sein de la population entrainant ainsi des marées des personnes parfois nerveuses ou furieuses contre les autorités au moment où des millions de congolais n’avaient pas encore fini de célébrer ou de se réjouir de la fin de la coalition FCC-CACH annoncée par le Président de la République et la déchéance du bureau de l’Assemblée Nationale. La VSV demande aux autorités congolaises de bien gérer la colère due à la psychose généralisée.

La VSV craint que l’heure du début du couvre-feu en lieu et place de contribuer à une lutte efficace contre la 2ème vague de COVID-19  soit plutôt à la base de la propagation et des contaminations massives des personnes qui s’entassent aux arrêts de bus et se bousculent souvent pour prendre place à bord de quelques rares taxis ou bus visibles. En effet, entre 16 heures et 21 heures, les marées humaines observées à Kinshasa en général et à l’Est de la ville en particulier suite au stress de retour à domicile avant 21 heures pour éviter les interpellations des éléments de la Police Nationale Congolaise (PNC) sont à la base de la rareté des taxis, des motos, bus et du phénomène des pratiques de demi-terrain ainsi que la surenchère dans la fixation des prix des frais de transport. A titre illustratifs, certaines courses qui coûtaient 1.000FC (0,5$) le soir coûtent actuellement avec le couvre-feu 2000FC (1$) voire 2.500FC (1,25$), de Bandal à l’UPN, la course à moto qui coûtait entre 3500FC (1.75$) à 4000FC (2$) coûte actuellement entre 5000FC (2,5$) et 6000FC (3$), de Kintambo Magasin à la Station-Service Centre Supérieur Militaire, la course à moto qui coûtait entre 500Fc (0,25$) et 1.000FC (0,5$)est passée à 2.000Fc (1$)Voire 2.500FC (1,25$) et parfois au-delà à l’approche de 21 heures, de Victoire/Kalamu au Quartier 1/Ndjili, la course à moto qui coûtait 3.500FC coûte actuellement 5.000FC, etc. La conséquence de cette surenchère de prix est que beaucoup de gens démunis n’ont pour solution que de marcher à pied en colère. Il sied également de souligner beaucoup de mécontents du couvre-feu sont enregistrés parmi les femmes vendeuses de pain et autres petits articles entre 19 heures et 23 heures ainsi que parmi les chauffeurs des taxis dont certains déclarent faire des recettes entre 20 heures et 23 heures pour nourrir leurs familles car la journée ils travaillent pour réunir les frais à verser auprès des propriétaires des véhicules.

Sur un autre volet, au regard de nombreux dérapages enregistrés dans le chef de certains éléments de la Police Nationale Congolaise (PNC) et d’autres services de sécurité en termes des violations des droits humains dans le cadre des précédentes mesures prises avec l’Etat d’urgence sanitaire décrété au mois de mars 2020 par le Président de la République notamment les interpellations, intimidations et arrestations arbitraires, les atteintes aux propriétés privées et la mort d’hommes par balles sous prétexte de faire observer les mesures barrières, la VSV demande aux autorités congolaises et au Président de la République en particulier de ne tolérer aucune violation des droits de l’Homme en lien avec ces mesures salutaires de lutte contre la propagation de la covid-19.

De même, la VSV se demande comment faire observer scrupuleusement certaines mesures telles le lavage régulier des mains combien indispensable et nécessaire lorsque l’on sait bien que la REGIDESO ne fournit pas régulièrement l’eau dans plusieurs quartiers des communes de Kinshasa.

La VSV demande au Président de la République d’instruire les autorités compétentes pour veiller à ce que l’eau soit effectivement et régulièrement fournie dans tous les quartiers pour que les gens puissent enfin observer la mesure de lavage régulier des mains pour lutter contre la COVID-19.

De même, en vue de prévenir des visites nocturnes indues pendant le couvre-feu et éviter des violations des droits de l’Homme, il est important que la Société Nationale d’Electricité (SNEL) fasse également correctement son travail en fournissant régulièrement de l’électricité à tous les habitants des villes congolaises et de Kinshasa en particulier.

En définitive, tout en reconnaissant que la santé n’a pas de prix et que toutes les mesures prises sont salutaires pour lutter contre la COVID-19, la VSV demande au Président de la République de tenir compte des cris de détresse de certaines couches de la population en reculant l’heure du début du couvre-feu à 23 heures.

Fait à Kinshasa, le 21 décembre 2020.

 

LA VOIX DES SANS VOIX POUR LES DROITS DE L’HOMME

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