Son entrée au gouvernement de la Première ministre Judith Suminwa, le 29 mai dernier, fut, en soi, un événement. Et ce à double titre. D’abord parce qu’il s’agit d’un opposant étiqueté « kabiliste ». Ensuite, il lui est attribué un ministère régalien : le département de la Justice et garde des sceaux. Il s’agit de Constant Mutamba Tungunga, 35 ans, avocat de profession.
Dès sa prise de fonction, le juriste surprend l’opinion. Il se présente à son cabinet de travail avec un chien de race muselé et tenu en laisse. Une scène qui ressemble à un message subliminal selon lequel le nouveau ministre est décidé à « pourchasser » les intouchables. Mutamba se veut le défenseur de la famille; le défenseur de la veuve et de l’orphelin. Il n’est pas un idéologue. C’est un pragmatique.
Le problème est que les intouchables ont un comportement digne des « mafieux ». Des mafieux composés essentiellement des « puissants du moment ». A savoir : les juges, les magistrats du parquet, les greffiers, les secrétaires du parquet, les avocats, les notaires, les huissiers de justice et les conservateurs des titres immobiliers. Ce n’est pas tout. Il y a aussi les membres du gouvernement et les conseillers des cabinets politiques.
Le ministre d’Etat Constant Mutamba a, sans doute, entendu parler de cette histoire scandaleuse. Il s’agit d’un haut magistrat qui avait demandé à un conservateur des titres immobiliers de délivrer un nouveau titre de propriété aux descendants d’un ancien condamné notamment à la confiscation générale des biens. Une veuve et des orphelins sont les victimes de cet acte qui porte un nom en droit : spoliation.
Quelques mois plus tard, le dit haut magistrat écrit à nouveau au même Conservateur pour annuler sa réquisition initiale. Au motif qu’une Mercuriale excluait la restitution des biens confisqués en cas de grâce présidentielle. Entretemps, les enfants de l’ancien condamné ont vendu la maison querellée. Le nouveau propriétaire s’est fait délivrer à son tour un nouveau certificat d’enregistrement. Quel poto-poto!
Les affaires de ce genre occupent la grande partie des contentieux traités par les Cours et tribunaux. C’est à cela que Mutamba entend s’attaquer. La tentation est forte d’ajouter : « à ses risques et périls ». Des juges, des magistrats et des auxiliaires de Justice lui ont promis des « bosses et des plaies ». « Constant », lui, se targue de bénéficier du soutien exceptionnel du président Felix Tshisekedi Tshilombo.
Toute proportion gardée, la personnalité de Constant Mutamba Tungunga n’est pas sans rappeler celle de l’agent du Trésor américain Eliott Ness. Dans le Chicago des années 30, ce fonctionnaire était décidé à combattre la mafia américaine incarnée par Al Capone. Ce dernier finira en prison.
Contrairement à Mutamba qui semble seul dans son combat, Eliot Ness ne travaillait pas en solo. Il avait une équipe composée d’une dizaine de fonctionnaires qui partageaient les valeurs d’intégrité et de justice. Ils étaient surnommés : « Les Incorruptibles ». En anglais : « The Untouchables ».
Constant Mutamba est un cas. Rarement un membre du gouvernement a été si ovationné sous la Présidence de « Fatshi ». Pour les uns, c’est un « populiste ». Pour d’autres, c’est l’homme qu’il faut à la place qu »il faut. « Me Constant » reste un homme seul dans ce pays gangrené par les dessous de table.
Le ministre de la Justice devrait s’entourer de quelques fonctionnaires intraitables. Des incorruptibles. Les attitudes sont contagieuses. Il est faux de croire que les magistrats et les auxiliaires de justice sont tous pourris.
Baudouin Amba Wetshi
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