Conseil National de Transition Citoyenne (C.N.T.C.) Comité de Coordination et de Suivi

VOIE DE SORTIE DU CYCLE DES CRISES MULTIFORMES ET RÉCURRENTES EN RD CONGO

La Transition Citoyenne est la seule solution crédible pour la République Démocratique du Congo.

INTRODUCTION

Toutes les analyses systémiques nous ont conduits à comprendre que les enjeux du cycle des crises récurrentes qui dominent sur l’existence du Congo en tant que Nation et les confits qui en résultent, ne peuvent être mieux cernés et compris qu’en jetant un regard rétrospectif dans les faits historiques qui ont prévalu depuis son origine dans le contexte des actes fondateurs du Congo en 1885 jusqu’à ce jour.

Nous ne devons pas toujours faire abstraction des origines historiques de notre pays seulement parce qu’elles ne sont pas telles que nous aurions voulu qu’elles soient.

Le Congo est un pays spécial dont l’histoire n’a pas commencé le 30 juin 1960. Bien avant cette date, les témoignages et documents originaux ont permis d’en indiquer les périodes en tant qu’Etat Indépendant du Congo, notamment: « les origines, 1876 à 1885; les années dites normales, de 1885 à 1891-92; et la période où le système du pillage organisé fut décrété et mis en vigueur, 1891-92 à nos jours » (R. Claparède, 1909). Après l’autorisation d’annexion de l’E.I.C. à la Belgique (le 12/12/1906), la signature du Traité de cession / reprise (28/11/1907), l’adoption du Traité et de l’Acte additionnel au Traité de cession de l’E.I.C. (25/03/1908), il a fallu procéder à la Ratification des lois de reprise (18/10/1908) pour parler du Congo belge.

Le système du pillage organisé dont parlait Claparède en 1909 s’est poursuivi en dépit du remplacement du Blanc par le Noir à la tête du pays et de changements d’appellations lui imposées par ses dirigeants (République du Congo en 1960, Zaïre en 1973 et République démocratique du Congo en 1997).

Avant d’indiquer la voie de sortie des crises multiformes et récurrentes de notre pays, proposée par le Conseil National de Transition Citoyenne, nous nous proposons (1) de relever certains faits historiques saillants, (2) de rappeler l’inefficacité des élections organisées depuis la veille de l’indépendance à conduire le pays au développement humain et économique, à le prémunir contre les crises multiformes et à l’éloigner du spectre actuel de la balkanisation.

  1. LES FAITS HISTORIQUES

1.1. « Au Nom de Dieu Tout-Puissant »

C’est cette formule d’invocation divine que débute le texte de l’Acte de Berlin avant la désignation des souverains participants et les noms des plénipotentiaires. Cette formule met au défi les dignitaires ecclésiastiques d’honorer Dieu par leur écoute et leur parole prophétique, s’ils sont Ses serviteurs. Elle met au défi tous les leaders politiques et de la société civile, pour privilégier le bien commun, afin de réaliser les desseins divins du Congo pour le bien-être des Congolais et pour l’avenir l’humanité.

Si le discours d’ouverture du Prince de Bismarck, le 15 novembre 1884, limite les objectifs de la « Conférence africaine » à « la liberté du commerce dans le bassin du Congo et de ses embouchures », la réplique immédiate du Sir Ed. Malet, le Plénipotentiaire de la Grande Bretagne, en étendit le programme aux préoccupations humaines: « Si l’exploitation des marchés du Congo est désirable, le bien-être des indigènes ne doit être négligé. Ceux-ci perdront plus qu’ils gagneront, si la liberté du commerce, dépourvue du contrôle raisonnable, venait à dégénérer en licence… Je dois me rappeler que les indigènes ne sont pas représentés dans notre sein et que, cependant, les décisions de la Conférence auront pour eux une extrême gravité ».

Dieu Tout-Puissant utilise des hommes pour accomplir Ses desseins qui vont au-delà des projets des acteurs. Le tissu narratif biblique en regorge du début à la fin. Ce récit mentionne Cyrus, roi de Perse comme son « messie » dans l’histoire. Peuples nombreux, royaumes et empires ont vécu sur ce grand territoire dit Congo, mais aucun de nos ancêtres n’a pris part ni à la Conférence géographique internationale au Palais de Laeken (du 12 au 14 septembre 1876), ni à la création de l’Association internationale pour l’Afrique (le 14 septembre 1876, avec son drapeau: Etoile d’or sur fond bleu), ni à la transformation sournoise de celle-ci en Association internationale du Congo, ni à la création de l’Etat Indépendant du Congo.

Ayant utilisé des hommes, Dieu a donné ainsi cet immense et riche territoire bien délimité aux peuples congolais afin d’en faire un paradis pour la Communauté qu’ils constituent. Il est de leur devoir de permettre au Congo de répondre à sa vocation régionale (africaine) et planétaire. C’est par leurs sueurs, sangs et larmes que s’est forgé leur attachement à la Nation congolaise et c’est aussi par ces liquides de la vie qu’ils doivent défendre leur héritage.

1.2. Acte de naissance du Congo comme source d’inspiration

Une analyse objective et positive de l’histoire du pays depuis l’Acte final de la Conférence de Berlin (26 février 1885) qui a réuni les représentants de 14 puissances et qui avait pour objet de régler pacifiquement les litiges relatifs aux conquêtes coloniales en Afrique, devrait nous conduire à un nouveau paradigme de sortie du cycle des crises multiformes et récurrentes au Congo.

L’Acte final de Berlin fixe les règles fondamentales de la gestion du pays comme suit:

  1. régler les conditions les plus favorables au développement du commerce et de la civilisation dans certaines régions de l’Afrique (développement économique);
  2. assurer à tous les peuples les avantages de la libre navigation sur les deux principaux fleuves africains qui se déversent dans l’océan Atlantique (liberté de circulation des personnes et de leurs biens);
  3. prévenir les malentendus et les contestations que pourraient soulever à l’avenir les prises de possession nouvelles sur les côtes de l’Afrique (intangibilité des frontières);
  4. accroître le bien-être moral et matériel des populations indigènes (développement humain).

L’article 9 de l’Acte final stipule que, conformément aux principes du droit des gens (droits humains), les Puissances (Gouvernements) qui exercent ou qui exerceront des droits de souveraineté (le pouvoir, l’autorité de l’Etat), ou une influence dans les territoires formant le bassin conventionnel du Congo, déclarent que ces territoires ne pourront servir ni de marché ni de voie de transit pour la traite des esclaves, de quelque race que ce soit. Chacune de ces Puissances s’y engage à employer tous les moyens en son pouvoir pour mettre fin à ce commerce et pour punir ceux qui s’en occupent.

Tous ces engagements pris par les participants à la Conférence de Berlin, « au nom de Dieu Tout-Puissant » pour la fondation du Congo, constituent une alliance de fait avec Dieu et un pacte fondamental sur la gestion du pays. Ils déterminent « la mission divine » du Congo non seulement pour son peuple, mais également pour l’Afrique et pour le monde entier. Le destin du Congo est planétaire.

La conjonction de ces facteurs fondateurs devrait conduire le peuple congolais et ses dirigeants à sortir des sentiers battus. Nous devons revenir à la source (aux origines). Car les déviations à ces règles pérennisent et accentuent les crises multiformes au Congo, mettent en danger l’environnement et la sécurité des Congolais, de l’Afrique et de toute la planète. Ces facteurs expliquent fondamentalement le sens des événements qui ont emmaillé l’histoire du Congo et de son peuple, notamment en ce qui concerne les modalités de successions d’Etats.

1.3. Etat Indépendant du Congo (1885-1908)

Suite aux négociations de ses représentants, l’Association internationale du Congo fut reconnue avec son drapeau par le Sénat américain le 10 avril et le 24 avril 1884 par le Département d’Etat en tant que « Etat indépendant et ami ». La deuxième puissance à emboîter le pas aux USA fut l’Allemagne le 8 novembre, donc avant même le début de la Conférence de Berlin.

Il a été observé que la succession des régimes politiques au Congo correspond chaque fois au non-respect du Pacte humanitaire et économique (ou commercial) qui lie le Congo à la Communauté Internationale. Léopold II lui-même s’est vu hanté par lui pour l’avoir ignoré, en mettant en place le régime de travail du portage et des corvées. Par voie de conséquence, le Congo lui avait été retiré et confié à l’Etat Belge pour cause humanitaire en 1908.

En effet, le Roi Léopold II fut assuré d’une reconnaissance internationale de ses droits sur le Congo en 1885 par les puissances participantes. Mais sous le contrôle de son administration, l’État indépendant du Congo vit l’application d’un régime de travail forcé. À partir de l’année 1900, des informations concernant les conditions de travail des Congolais dans l’État indépendant du Congo déclenchèrent une vague d’indignation et de protestation, au Royaume-Uni principalement, puis aux Etats-Unis et dans les pays scandinaves. En 1908, la pression de l’opinion publique et les actions diplomatiques conduisirent à la fin de la souveraineté de Léopold II et à l’annexion du Congo par la Belgique, d’où le Congo belge.

1.4. Congo Belge (1908-1960)

L’instauration du système du pillage organisé et mis en vigueur de 1891 à 1908 fut caractérisée par les violences et brimades inhumaines. Le tribut payé par l’homme fut très lourd. L’administration qui a succédé à celle du Roi souverain du Congo, a également trébuché par le non-respect des principes fondateurs du Congo. La Belgique, à son tour, s’est vue forcée d’octroyer, dans la précipitation, l’indépendance au Congo en 1960.

En effet, sur le plan social, l’administration coloniale a mis en place un système de recrutement des travailleurs forcés pour les plantations et pour les mines et a imposé même en 1926 la conscription générale. Or, la Charte coloniale du 18 octobre 1908 (Chapitre II, article 2) stipule que « nul ne peut être contraint de travailler pour le compte ou au profit de particuliers ou de sociétés ».

De nombreux travailleurs mouraient de fièvre à tiques, de grippe, de pneumonie, d’épuisement ou à la suite des éboulements, à tel point que ce système, qui succédait aux exactions de l’époque léopoldienne et à la Première Guerre mondiale, risquait de dépeupler de nombreuses régions.

Sans création de cadre propice d’un transfert réfléchi du Congo aux Congolais, la Belgique a également perdu la gestion du Congo en 1960.

  1. RÉGIMES ET ELECTIONS AU CONGO

2.1. La République du Congo (1960 – 1965)

Mandela nous apprend « qu’être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres ».

Dans ce labyrinthe de l’histoire du pays, une donne fondamentale a souvent été oubliée ou négligée. Il s’agit de la responsabilité des acteurs politiques congolais qui ont également joué un rôle, à des degrés divers, dans ce cycle des crises multiformes et récurrentes.

L’histoire contemporaine de la République Démocratique du Congo est émaillée de crises récurrentes depuis de nombreuses décennies, d’une succession d’agressions et de rebellions et d’un cycle permanent de violences politiques aux conséquences désastreuses. Les guerres, les mouvements sécessionnistes, ainsi que les divers conflits armés internes ont jalonné l’évolution du pays depuis son indépendance le 30 juin 1960.

2.2. Premières élections

L’unité affichée par les « pères de l’indépendance », exprimée notamment par leur exigence de la libération de l’un d’eux qui était en prison, Patrice E. Lumumba, et matérialisée par sa participation à la Table Ronde de Bruxelles, fut de courte durée.

Les premières élections organisées ont été remportées par les lumumbistes, et à la suite de la formation du gouvernement, cette unité a volé en éclats, plongeant la jeune nation congolaise dans une crise politique sans précédent, déclenchant au même moment un conflit qui embrasa tout le pays et le divisa à la suite des sécessions du Katanga et du Sud Kasaï.

L’immaturité des acteurs politiques de la période post indépendance avait plongé le Congo dans une crise humanitaire et politique sans précédent, avec morts d’hommes et viols impitoyables des femmes et des enfants.

La crise humanitaire finira par ouvrir une troisième voie, celle d’un coup de force du Colonel Mobutu, alors Chef d’Etat-major des armées, marquant ainsi une fin momentanée de la crise et des conflits.

Il eut fallu une ingérence étrangère pour cause humanitaire pour arrêter le carnage. C’est la première en date qui fixa le principe de la violation de la souveraineté de l’Etat, depuis la deuxième guerre mondiale et la création de l’Organisation des Nations-Unies (ONU).

C’est donc avec l’aide de la communauté internationale que la réunification du Congo sera effective, mettant ainsi fin aux conflits et rebellions entretenus par Tshombe au Katanga, Kalonji dans le sud Kasaï, Mulele dans le Kwilu et les Simba dans la Province Orientale avec Gizenga comme chef de file.

2.3. Deuxièmes élections

Les deuxièmes élections législatives, sénatoriales et provinciales ont eu lieu du 18 mars jusqu’au 30 avril 1965. Le scrutin a été remporté par la CONACO (Convention Nationale Congolaise), parti politique de Moïse Tshombe. Le 13 octobre 1965, lors de la séance solennelle d´ouverture de la session ordinaire du Parlement, le Président Joseph Kasa-Vubu chargea Évariste Kimba de former le gouvernement sans tenir compte de la majorité parlementaire obtenue dans les deux chambres par la CONACO lors des dernières élections.

Le 18 octobre, le Président Kasa-Vubu signa les ordonnances portant sur la nomination de Kimba comme Premier Ministre et sur la nomination des Ministres et les Secrétaires d’État. Le 14 novembre, le Parlement qui doit se prononcer sur l’investiture du Gouvernement est réuni en Congrès national et vote majoritairement contre l’équipe Kimba. Le 15 novembre, le Président Kasa-Vubu récidive et désigne à nouveau Kimba comme formateur. Le 24 novembre, homme de la Sureté belge et de la C.I.A., le chef de l’armée, Joseph D. Mobutu, profite de l’impasse politique pour prendre le pouvoir le 24 novembre 1965.

2.4. La République du Congo-Zaïre (1965-1997)

La hantise des principes fondateurs s’est poursuivie avec Mobutu. Après des graves abus du patrimoine zaïrois, les violations des droits humains et la grande crise humanitaire qui s’en était suivie, Mobutu est allé à sa perte.

Il sied de noter également que la dépossession, sans compensation, dans les années 70, des étrangers, essentiellement, Belges, Grecs, Indiens et Portugais (amis du Congo) de leurs biens pour les confier aux irresponsables et incompétents zaïrois, alors que ces derniers tenaient l’économie du Zaïre, avait lentement, mais sûrement contribué à la destruction du tissu économique et la déchéance socioculturelle.

Le discours du Maréchal à la tribune des Nations Unies contre Israël en 1973 et, plus tard, accusé d’avoir programmé les massacres des étudiants à Lubumbashi et des Chrétiens à Kinshasa, le pacte humanitaire semblait être violé et la communauté internationale l’avait lâché.

De 1990 à 1992, la Conférence nationale souveraine (CNS) qui avait réuni les délégués représentant toutes les couches de la population, toutes les régions et la diaspora, est restée jusqu’à ce jour comme la conférence la plus longue et la plus réfléchie de l’Afrique, mais dont les résolutions n’ont jamais été sérieusement appliquées.

Le but de la CNS était que les citoyens du Zaïre se mettent ensemble afin de discuter ou analyser la situation du pays, et qu’ensemble ils trouvent les solutions aux maux qui rongeaient le pays. Le but a bel et bien été atteint avec succès et des bases nouvelles avaient alors été jetées à travers les « Résolutions et les Acquis de la Conférence nationale souveraine ».

Malheureusement, toutes ces bonnes résolutions, qui inspiraient tout l’espoir du peuple zaïrois, n’ont pas pu être d’application. Pourtant, l’idée de la CNS était plus la prise de conscience, l’élaboration de la démocratie et de développement par les Zaïrois, pour les Zaïrois et fait au Zaïre.

Mais, cette fragile unité forgée contre Mobutu à la Conférence Nationale Souveraine n’a été qu’un rêve de courte durée, avant que le Maréchal Mobutu ne reprenne les poils de la bête et que les factions se forment dans l’opposition.

Le maréchal Mobutu sera renversé en 1997 par l’AFDL qui est une coalition faite, entre autres, des Rwandais et des Ougandais.

2.5. La République Démocratique du Congo (1997 – 2001)

La crise à l’Est du pays issue des réfugiés rwandais, la polémique née autour de l’existence des banyamulenges, et l’absence de consensus autour d’un leadership susceptible de conduire une transition crédible, etc. ont fini par sonner le glas de l’époque mobutienne.

Mais, face à la résistance de la population de Kinshasa/Tshangu, les Rwandais vont se retirer près de leur frontière, créant ainsi un morcellement de fait du Congo en clivage Est-Ouest. L’Est dirigé par le Rwanda par le truchement du RCD-GOMA, l’Ouganda, la Province Orientale et l’Equateur, soutenant respectivement le RCD-KML et le MLC de Bemba, et l’Ouest dirigé par Kabila et ses alliés angolais, namibiens et zimbabwéens.

Laurent Désiré Kabila, pour n’avoir pas compris la vocation commerciale du Congo et pour n’avoir pas su faire la médiation des intérêts des uns et des autres, a dû payer de son sang en 2001. Laissant derrière lui un grand cortège des morts, victimes des différentes guerres de ‘libération’, un pays déchiré et divisé, avec une population totalement désabusée et à la merci des bandits et autres criminels. Une population dont les attentes ont été déçues et l’espoir des lendemains meilleurs, s’est totalement effrité. Laurent Kabila est enfin succédé par « Joseph Kabila ».

2.6. Elections dans le système de Joseph Kabila (2001-2018)

S’ouvre alors l’ère des négociations à Sun City qui déboucheront sur la fameuse transition 1+4, et une grande mascarade de démocratie qui marquera l’ère des nouvelles tensions, avec les élections contestées en 2006 avec Jean-Pierre Bemba et le déclenchement des conflits à répétition, et en 2011 avec Etienne Tshisekedi. Il eut beaucoup des morts à ces deux occasions et une vraie chasse à l’homme.

Les multiples tueries signalées à l’Equateur ne seraient-elles pas la suite de 2006? Et le génocide des kasaïens ne serait-il pas la conséquence des élections gagnées par Tshisekedi en 2011?

En outre, ayant épuisé ses deux mandats constitutionnels, et se trouvant face à l’impossibilité de tripatouiller une seconde fois la Constitution, Kabila choisit essentiellement de se rabattre sur quatre fronts stratégiques, à savoir:

  • La mainmise sur le Pouvoir judiciaire: la mise en place de la Cour Constitutionnelle et l’éclatement de la Cour Suprême, pour créer enfin la Cour de Cassation en vue de réprimer les opposants en usant de l’appareil judiciaire. La Cour Constitutionnelle, avec les juges sélectionnés soigneusement par Kabila, se voit, dans la foulée confiée la tâche de légitimer ses ambitions de se succéder à lui-même.
  • La Stratégie du chaos: la dissémination des mercenaires et la création des milices de tout bord sur l’ensemble de la République pour entretenir délibérément un chaos, afin de justifier son maintien à tout prix au pouvoir. Il a, par ailleurs, mis en place un système de répression qui décime la population au quotidien tels que les massacres de Bundu dia Kongo dans le bas-fleuve, l’organisation du génocide des kasaïens et l’orchestration d’un autre génocide de peuple Nande dans le territoire de Béni.
  • La corruption: le débauchage des opposants pour anéantir toute dissension, le dédoublement des structures des partis politiques et des organisations de la société civile dont les mouvements citoyens tant à l’intérieur du pays que dans la diaspora congolaise.
  • La clochardisation de la population: malgré les potentialités énormes du pays, le peuple congolais survit dans la misère avec moins d’un dollar par jour. Le peuple est réduit à la recherche d’une satisfaction du ventre et a perdu tout le sens de valeurs humaines les plus élémentaires. Dès lors, les antivaleurs ont pris le dessus.

2.7. Le système est pire qu’un régime

Face au système Kabila, les leaders politiques de l’opposition paraissent divisés dans la mesure où l’inconstance, l’égoïsme et les ambitions personnelles qui caractérisent les acteurs politiques congolais depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, font d’eux plus des catalyseurs des conflits que des bâtisseurs de la destinée de la Nation.

Ceux qui semblent faire bloc dans certaines circonstances ou négociations sont toujours repartis en ordre dispersé. C’est l’absence de moralité, de conscience patriotique et de constance politique qui caractérisent certains leaders de la classe politique congolaise en général et l’opposition en particulier et qui tendent à pérenniser la crise congolaise et à enfoncer davantage le peuple congolais dans le gouffre.

Ayant compris qu’il perdrait facilement le pouvoir face aux intenses pressions nationales et internationales pour qu’il ne se représente pas aux élections, « Joseph Kabila » a fondé sa stratégie sur la construction d’un système pour s’assurer le contrôle permanent du Congo. Même s’il accédait au cahier des charges de l’opposition (troisième mandat, machine à voter, fichier électoral etc.), cette dernière n’a aucune garantie de remporter les élections face à son système.

Aussi légitimes et rationnelles que paraissent les revendications des leaders de l’opposition, leurs préalables aux élections constituent des conditions nécessaires, mais pas suffisantes pour garantir les résultats escomptés. Car elles ne vont pas suffisamment loin et perdent de vue un facteur majeur dans ce combat: le système à démanteler est pire qu’un régime à remplacer par un autre.

Voilà pourquoi nous lançons un appel aux leaders de l’opposition à sortir du sentier battu et de changer le fusil d’épaule, de changer de paradigme. En effet, faut-il le rappeler, Jean-Pierre Bemba et Etienne Tshisekedi, véritables vainqueurs aux élections présidentielles respectivement en 2006 et 2011, n’avaient pas en face d’eux la machine à voter mais un système. Le premier accepta « l’inacceptable » et le second fut confiné à sa résidence par la force, réclamant « l’imperium » jusqu’à sa disparition. En plus, la CENCO qui avait déployé plusieurs observateurs électoraux sur toute l’étendue du territoire national n’a pas voulu publier les conclusions de leurs rapports afin de connaître les résultats qui devraient être « conformes à la vérité et à la justice ».

  1. APPLICATION DE L’INGÉRENCE HUMANITAIRE ET L’ARTICLE 64

La crise multiforme que traverse le Congo nous oblige de prendre en compte et de revenir aux facteurs fondamentaux qui ont justifié la création de ce pays, dont les noms successifs depuis l’Etat Indépendant du Congo à la République Démocratique du Congo, n’ont pas touché à l’intangibilité de son territoire tel que défini dans le Traité de Berlin de 1885 qui est officiellement introduit par la solennelle invocation divine: « Au nom de Dieu Tout-Puissant ». Ces facteurs sont relatifs à la préoccupation humanitaire mettant fin à la réification (« chosification ») de l’être humain par la traite d’esclaves et à la préoccupation de l’ouverture du bassin du fleuve Congo aux affaires commerciales.

De ces deux facteurs fondateurs du pays, il résulte paradoxalement un cocktail explosif inattendu à la création de l’Etat Indépendant du Congo. Actuellement, ce cocktail est fait, d’une part, de la déshumanisation de la population congolaise et, d’autre part, de l’exploitation anarchique et du commerce illicite des ressources, relevant des méthodes mafieuses. Les deux facteurs fondateurs ont fait et défait tous les régimes qui se sont succédés dans la gestion de l’Etat congolais et doivent nous amener à une action vigoureuse au Congo d’aujourd’hui.

A ces deux facteurs s’ajoute un troisième concernant la sécurité du Congo et du reste du monde. Celle-ci est gravement menacée aujourd’hui par un autre cocktail explosif: l’extraction non sécurisée et la vente incontrôlée des minerais stratégiques à certains pays belliqueux, d’une part, et l’implantation clientéliste de l’islamisme facilitée par la paupérisation de la population et par l’introduction des populations et des agents islamistes, d’autre part, mettent gravement en danger la sécurité, non seulement du Congo, mais également celle de l’Afrique et du reste du monde.

Outre ces trois facteurs, les préoccupations écologiques d’ampleur planétaire ne sont pas à minimiser. En effet, les tourbières de la forêt équatoriale du bassin du fleuve Congo qui absorbent des tonnes de gaz carbonique de la planète entière, sont aujourd’hui menacées par le déboisement scandaleux et mafieux par des pirates du monde moderne.

La conjonction de ces facteurs devrait conduire le peuple congolais et les hommes et femmes de bonne volonté à agir hors des sentiers battus eu égard aux limites des gesticulations et atermoiements des politiciens au pouvoir et/ou dans l’opposition et de leurs parrains étrangers. Car ces limites pérennisent et exacerbent la crise multiforme au Congo, mettent en danger l’environnement et la sécurité de toute la planète. Seule une action vigoureuse d’ingérence humanitaire contribuera à la Renaissance du Congo pour le bien de ses populations et du monde entier.

Le système de Kabila repose son argumentaire sur le principe de droit international de l’inviolabilité de souveraineté nationale. Mais une seule cause peut justifier la destruction de ce système qui a tant tué, c’est l’humanitaire. Cette cause doit mobiliser et contraindre à l’action le peuple tout entier ainsi que les amis du Congo.

La justification d’une telle action proviendrait du fait que l’Etat congolais pour l’instant est un État voyou et même un non-Etat et que l’armée congolaise s’est écartée de sa mission de la défense du territoire et de la protection du peuple. Incapable d’accomplir sa mission, elle est convertie en outil de répression du peuple et en agent de protection des prédateurs. Et donc, on ne peut pas compter, ni sur les forces de sécurité que Kabila utilise comme une milice privée, ni sur l’armée pour la défense du territoire et la protection des populations.

Il sied, en outre, de se souvenir de la jurisprudence en la matière. Le Congo, en effet, avait été le point de départ de l’ingérence humanitaire au comble de sa crise des années 60. Les années 90 ont vu le retour d’un sursaut humanitaire pour la sauvegarde des vies en ex-Yougoslavie, Kosovo, Haïti, etc. Et même les Présidents tels Aristide d’Haïti, Charles Taylor du Liberia et tout récemment Yahya Jammeh de la Gambie ont été forcés à quitter le pouvoir et leur pays pour laisser libre voie au retour de la paix. L’avantage d’une telle approche au Congo donnerait des signaux clairs à Kabila que l’heure a sonné pour un changement réel. Le système Kabila est un obstacle à la paix et la stabilité, non seulement pour le Congo, mais il constitue également une menace pour la sécurité mondiale.

Sans vouloir remonter loin dans l’histoire, selon Jean-Sylvestre Mongrenier, Chercheur à l’Institut Thomas More et à l’Institut Français de Géopolitique (Université Paris VIII), « Sur le continent africain, la République Démocratique du Congo (RDC) est le territoire privilégié par la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) ».

Pour « contribuer à la stabilisation des conditions de sécurité et à améliorer la situation humanitaire », la Résolution 1484 du Conseil des Nations unies autorise la mise en place « d’une force intérimaire d’urgence à Bunia » placée sous le commandement français. Au 1er septembre 2003, la Mission de l’ONU en République Démocratique du Congo (la MONUSCO) a pris le relais de l’Union européenne.

En 2006, l’Eufor-RD Congo qui est une opération de soutien électoral, est menée avec l’aval du Conseil de sécurité des Nations unies sous la Résolution 1671 du 25 avril 2006. Cependant, selon Jean-Sylvestre Mongrenier, l’Afrique et ses « zones grises » sont susceptibles d’offrir des bases arrière à l’islamo-terrorisme et à d’autres pouvoirs de nuisance. Pour Jean-Sylvestre Mongrenier, « ces situations conflictuelles sont en effet propices à l’implantation et au développement de réseaux terroristes transnationaux et l’on n’a pas oublié les attentats commis par Al-Qaida à Mombasa (Kenya), en novembre 2002 ».

  1. MEURTRE DES EXPERTS DES NATIONS UNIES

Le dossier de l’assassinat de Michael Jesse Sharp (Américain) et Zaida Maria Catalan (Suédoise), deux experts de l’ONU retrouvés morts, décapités, à Bunkonde (Kassaï central) reste encore sans suite à ce jour.

Les preuves existent dans plusieurs rapports sur massacres au Kasaï, les massacres de Beni, les charniers de Maluku et ailleurs. Faut-il rappeler à la communauté internationale qu’elle était passive quand le génocide se perpétrait au Rwanda? Et celui-ci a emporté moins d’un million de vies. Or il y a au moins 12 millions des morts depuis que l’aventure des Kabilas a commencé au Congo. Pourquoi occulter les crimes contre l’humanité à charge de Kabila, de ses généraux et de tous ses agents?

CONCLUSION

La dignité humaine de la population congolaise, le développement socio-économique, le règne de l’ordre constitutionnel, la restauration de l’Etat du droit, de la paix et la sécurité en RD Congo constituent les conditions indispensables pour le développement de l’industrie mondiale, des technologies innovantes, de la sécurité de l’Afrique et du Monde, ainsi que de la protection de l’homme et de son environnement climatique par la préservation de la nature et des tourbières nécessaires à la planète entière.

Pour ce faire, la fin du système Kabila en place au Congo, par une action immédiate par l’ingérence humanitaire, est une exigence.

Par ailleurs, pour éviter que l’ingérence humanitaire n’en arrive à mettre en place des ovnis politiques ou politico-militaires répondant uniquement aux exigences de leurs parrains, il va falloir laisser le peuple participer à l’action au regard des prérogatives lui conférées par l’Article 64 de la Constitution.

C’est dans ce cadre que le peuple se doit d’agir en tant que son propre messie, le Messie collectif mu par une utopie-en-action. Car, sans utopie démocratique, il n’y a pas de démocratie ! Et celle-ci ne se résume pas par la tenue des élections lesquelles débouchent au Congo, sur des nouvelles crises multiformes.

C’est pourquoi, la Transition citoyenne que nous préconisons n’est pas une finalité en soi. Elle n’a pas non plus les élections comme finalité. Elle doit mettre en place une véritable urbanisation politique, fondement de la Renaissance du Congo dans ses frontières de 1885, en vue d’un autre système de gouvernance.

La Transition Citoyenne est la seule voie de sortie et la seule solution crédible du cycle des crises multiformes et récurrentes pour la République Démocratique du Congo.

Que Dieu Tout-Puissant reprenne Sa place en République Démocratique du Congo.

Fait à Bruxelles, le 1er décembre 2018

 

Pour le Comité de Coordination et de Suivi
Athanase MAPESSA – Coordonnateur
Alphonse KANYINDA – Secrétaire Général

 

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