Dans son speech adressé aux Zaïro-Congolais le 24 mars, Tshilombo wetu, alias Fatshi, avait annoncé la fermeture des frontières pas pour les marchandises mais uniquement pour les personnes physiques. Cette injonction du successeur du sénateur à vie, alias le fermier de Kingakati, est appliquée à la tête du client selon que tu es puissant ou misérable. Suivez!
Selon mon ami qui sait tout sur tout et presque tout sur rien sur les potins de Lipopo ya ba Nganga, l’autre appellation de Kin-la-Poubelle, la fermeture des frontières aux personnes physiques n’est pas respectée du tout. D’après lui, les agents de la RVA (Régie des voies aériennes) et leurs collègues de la DGM (Direction générale des migrations) ne font qu’à leurs têtes.
Dernièrement, croit savoir mon ami, Zoé Francis Mtwale, pardon, Zoé « Kabila » a été aperçu au moment où il prenait son avion à destination du pays de Madiba. C’était à l’aéroport de Ndjili. L’ami me lance une question: « Devines ce qui s’est passé le vendredi 17 avril au même aéroport de Ndjili? » « Je n’en sais absolument rien! », lui ai-je répondu brutalement en le priant d’ailler droit au but.
Après m’avoir invité à m’asseoir, l’ami qui sait décidément tout sur tout commence à me raconter une scène dont il a été témoin, vendredi, à l’aéroport international de Ndjili. « Venu rendre visite à un cousin qui bosse à la RVA, j’ai assisté à l’atterrissage d’un avion d’affaires d’un luxe inouïe », me dit-il. Voyant ma placidité, l’ami m’engueule littéralement: « On voit que tu n’es pas curieux du tout. Tu ne poses même pas la question de savoir d’où venait ce Jet et qui voyageaient à bord? » « D’où venait cet aéronef et qui étaient à bord », ai-je rétorqué sur un ton glacial. Silence.
Après une dizaine de minute mon ami qui a la prétention de savoir tout sur tout me raconte: « L’avion venait de Kigali via Goma. Il transportait des membres de la famille de Déo Rugwiza dont une certaine Claudine Rugwiza qui serait, en réalité, la coépouse du sénateur à vie, alias le fermier de Kingakati. L’inamovible patron des Douanes, Bwana Déo, qui était membre de l’AFDL/RCD est décédé le mercredi 15 avril, le même jour que l’Evêque Gérard Mulumba, le frère cadet de Tatu Etienne ».
Voyant mon absence de réaction, mon ami devient fou furieux: « Je suis sûr que tu n’as jamais entendu parler de Rugwiza qui a été à la tête de la DGDA pendant 15 ans… ». « Pendant quinze ans, comment est-ce possible? », lui ai-je demandé. L’ami d’aboyer littéralement: « Oui, quinze ans! D’ailleurs, les observateurs considèrent la désignation du successeur de Bwana Déo comme un test grandeur nature pour jauger la marge de manœuvre dont dispose Tshilombo wetu face au fermier de Kingakati, alias l’autorité immorale, pardon, l’autorité morale du FCC/PPRD ». Il ajoute: « Si un autre proche à Nkingu fioti et Azarias Ruberwa est nommé à la DGDA, nous sommes mal barrés! ».
Mon ami qui se prend pour une « encyclopédie vivante », me rappelle que Bwana Déo Rugwiza fait partie de ces Rwandais qui étaient venus, au début des années 60, poursuivre des études universitaires à Lovanium. Après leurs parcours académiques, ces Rwandais qui appartenaient pour la grande majorité d’entre eux à l’ethnie Tutsi étaient restés au Congo-Léopoldville. Raison: le pouvoir avait changé des mains chez eux. C’est le cas notamment Barthélémy Bisengimana, alias « BB », au destin fabuleux jusqu’à occuper le poste névralgique de directeur du Bureau du « PF » Seseskul.
L’ami de me souffler dans le creux de l’oreille ces mots: « Déo Rugwiza fait partie des Bisengimana’s boys ». « Pourquoi cet avion venait de Kigali? », lui ai-je questionné. Mon ami prend aussitôt un air sérieux et me dit: « Rugwiza et d’autres Banyarwanda, autoproclamés Banyamulenge, ressemblent à des joueurs de foot qui jouent un mi-temps au Congo-Zaïre et un autre mi-temps au Rwanda. Ils gagnent leur pain au Congo-Zaïre mais leurs femmes et enfants sont planqués au Rwanda, chez Nkingu fioti ». « Nkingu fioti, c’est quoi encore? », lui demandai-je! Après avoir esquissé un sourire en me faisant remarquer que je suis distrait, l’ami me dit: « C’est comme ça que nos Ngwashi du Grand Bandundu et nos Mpangi du Kongo Central appellent le despote rwandais ». J’ai pigé que c’est une allusion à la minceur du cou de ce dernier.
Mon ami qui est une très mauvaise langue dit que les hommes nommés par le fermier de Kingakati occupent encore des postes en vue à la RVA et à la DGM. « Voilà comment nos frères Tutsis nous remercient. Ils font toute leur carrière chez nous mais leur cœur reste au Rwanda ». Friand des choses de l’esprit, l’ami de citer Alexandre Dumas père: « Il y a des services si grands qu’on ne peut les payer que par l’ingratitude ».
Par Jean Robert Yuka ea Djema