Deux années après l’élection de Donald J. Trump à la Maison-Blanche, un nouvel ambassadeur des Etats-Unis a été nommé, en juin 2018, pour succéder à James C. Swan. Il s’agit de Michaël A. Hammer. Diplomate de carrière, ancien ambassadeur au Chili, ce dernier a remis, mardi 30 octobre, les copies figurées de ses lettres de créance au ministre congolais des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu. Spécialiste des questions de défense, Hammer foule le sol congolais au moment où le peuple de ce pays retient son souffle à moins de deux mois de la tenue de l’élection présidentielle. Un scrutin qui devait être convoqué en septembre 2016. Il a été reporté à deux reprises par la volonté de « Joseph Kabila » dont le dernier mandat a expiré le 19 décembre 2016.
Nommé en juin dernier par le président Donald J. Trump, l’ambassadeur Mike Hammer a été reçu mardi par le chef de la diplomatie congolaise, Léonard She Okitundu. C’est une entrevue purement protocolaire qui marque le premier pas avant l’audience solennelle pour la présentation des lettres de créance au chef de l’Etat. Ce n’est qu’après cette dernière formalité que le diplomate aura l’ « onction » en tant que représentant officiel du pays d’envoi.
A l’issue de son entretien avec Okitundu, le diplomate a confié à la presse sa disponibilité à œuvrer au « renforcement des relations » entre les deux pays en soulignant, au passage, que sa mission va consister « d’améliorer davantage » les relations diplomatiques historiques entre Kinshasa et Washington. Et ce, dans plusieurs domaines d’intérêt commun.
Selon une dépêche de l’Agence congolaise de presse (ACP), l’ambassadeur Hammer a promis, dès son entrée officielle en fonction, de se pencher sur le secteur de santé en général et la maladie à virus Ebola en particulier. Selon lui, les Etats-Unis ont prévu un soutien financier d’un import de 311 millions de dollars américains pour le système de santé congolais. Le diplomate qui amorce son premier contact avec le continent noir a dit son espoir de connaitre le grand pays qu’est le Congo avec sa musique et son football. « J’espère que j’aurai l’opportunité de connaître tout cela », a-t-il souligné.
Prédécesseur de Mike Hammer, l’ancien ambassadeur américain James C. Swan – qui a fait ses adieux au moment où les Kabilistes fredonnaient le slogan « Wumela » (traduction: demeures à ton poste) – avait créé l’événement un certain 23 juin 2016 en s’adressant au peuple congolais ainsi qu’au personnel politique non seulement en français mais aussi en… lingala. C’était à l’occasion de la commémoration du 240ème anniversaire de la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis.
Un mois auparavant, soit le 11 mai 2016, la Cour constitutionnelle avait « autoriser » au président sortant « Joseph Kabila » à rester en fonction jusqu’à l’installation du nouveau président élu. L’initiateur de cette requête n’était autre que le futur « dauphin » en l’occurrence Emmanuel Ramazani Shadary. Celui-ci était à l’époque secrétaire général adjoint du parti kabiliste, Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD).
« WUMELA »
L’ambassadeur Swan prit les kabilistes au mot avec les slogans « Wumela » et autre « On ne prend pas la retraite à 45 ans ».
Jetant un regard rétrospectif sur l’Histoire des Etats-Unis, le diplomate rappela que le président Thomas Jefferson, âgé alors de 33 ans, a procédé, après deux mandats, à « la première passation de pouvoir pacifique d’un parti à un autre dans une république moderne ».
Par cet exemple, James Swan voulait attirer l’attention des professionnels congolais de la politique sur le fait que le président Jefferson a respecté la tradition d’une présidence à deux mandats établie par le tout premier président américain, George Washington.
Le diplomate s’est inquiété, dans la foulée, du verrouillage des espaces de liberté avant de déplorer l’intimidation et le harcèlement de citoyens qui développent un discours « politiquement incorrect ». Pour lui, il ne peut y avoir de « démocratie durable » sans débat contradictoire.
Avant de terminer son speech en français, l’ambassadeur Swan a pris son courage avec ses deux mains en s’adressant à l’assistance en lingala durant plus ou moins trois minutes. Bien qu’il a foulé le sol zaïro-congolais à la fin de l’année 1996, « Joseph Kabila » ne s’est jamais prêté à un tel exercice. Une attitude perçue par la majorité de Congolais comme un refus de s’intégrer dans le pays d’adoption qui lui a tout donné.
Le speech de l’ambassadeur Swan n’était pas sans rappeler un communiqué au ton délibérément comminatoire publié en 1996 par un autre ambassadeur américain. Il s’agit de Daniel H. Simpson. C’était au plus fort moment du bras de fer Mobutu-Tshisekedi. L’ambassadeur Hammer est arrivé à un moment une question cruciale taraude les esprits: Que va-t-il se passer dans le cas où les consultations électorales n’auraient pas lieu le 23 décembre prochain?
B.A.W.