Dans son dernier discours sur l’état de la Nation, le président Felix Tshisekedi Tshilombo a invité le gouvernement du Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge à « mettre le cap uniquement vers des actions à impacts concrets sur la vie des populations ». Devrait-on parler de « réveil tardif » après trois années d’exercice du pouvoir? D’aucuns ne manqueront pas de répondre par l’affirmative. D’autres, par contre, pourraient arguer que la coalition Fcc-Cach a « gêné » l’action du successeur de « Joseph Kabila » durant les deux premières années soit de janvier 2019 à décembre 2020.
Une chose parait sûre: le chef de l’Etat congolais semble avoir compris qu’il n’aura plus droit à l’erreur au cours des deux années restant. Il a désormais en face de lui une opinion publique exigeante. Une opinion publique qui ne se satisfait plus de promesses. Elle veut des actes. Une opinion publique qui digère mal de voir des gouvernants afficher une arrogante opulence tout en invoquant l’insuffisance de moyens pour procurer à la population des satisfactions minimales au niveau de besoins sociaux de base: eau courante, électricité, infrastructures sanitaires. Sans omettre la scolarité des enfants et l’emploi.
Sans vouloir réécrire l’Histoire, on ne pourrait s’empêcher de poser des questions sur l’opportunité du « Programme de 100 jours ». Les maisons préfabriquées étaient-elles prioritaires par rapport à la distribution d’eau courante et de l’électricité? Les viaducs ou sauts de moutons étaient-ils prioritaires? Que dire du projet de développement de 145 Territoires du pays?
Au cours de l’année 2022, le président « Felix » aura en face de lui non seulement une opinion publique demandeuse de « mieux-être » mais surtout d’une opposition féroce. Une opposition décidée de lui « pourrir » la fin de son quinquennat. On le sait, les gouvernants sont jugés sur leurs réalisations. Les opposants, eux, sont évalués sur la pertinence du discours.
Une accumulation d’erreurs de communication au sein du parti présidentiel a fini par redonner un regain de vitalité au « clan kabiliste ». Les « communicateurs » du Fcc-Pprd qui rasaient les murs ont trouvé du grain à moudre dans les « matinées politiques » animées par le secrétaire général de l’UDPS. Chaque jour, ces « communicateurs » prennent d’assaut les studios des différents médias diffusés sur l’incontournable YouTube. Les « communicants » étiquetés « Union sacrée de la Nation » affichent une certaine apathie. C’est à croire qu’ils dorment sur leurs lauriers. Une certitude: les Martin Fayulu, Moïse Katumbi et les « supplétifs » de « Joseph Kabila » seront en embuscade. Ils seront à l’affût de la moindre faille. C’est de bonne guerre!
Au cours de cette année 2022, le débat devrait se porter sur les sujets ayant occupé l’actualité politique au cours de l’année 2021. A savoir notamment: l’Etat de siège, le déploiement des troupes ougandaises dans le Territoire de Beni, la cohésion au sein de l’Union sacrée de la Nation, le RAM (Registre des appareils mobiles), le dossier Minembwe. Sans oublier l’Etat de droit et la lutte contre la corruption. La liste est loin d’être exhaustive.
En invitant le gouvernement à orienter son travail vers des « actions à impacts concrets sur la vie de la population », le Président de la République a compris – osons l’espérer – l’urgence de renouer avec la fonction sociale de tout pouvoir politique: résoudre par voie de décision les problèmes de vie collective.
A tort ou à raison, il est reproché au chef de l’Etat congolais une certaine tendance à l’indécision. Procès d’intention? Pendant ce temps, les caudataires du « fermier de Kingakati » disent à qui voudrait les entendre que « le peuple congolais réclame Joseph Kabila ». « Un autre Congo est possible », lance de son côté, Moïse Katumbi Chapwe, président d’Ensemble pour la République…
On ne pourrait conclure cet éditorial sans faire remarquer que la course à « l’hégémonie mondiale » ne manquera pas d’avoir une certaine influence sur les consultations politiques à venir au Congo-Kinshasa. La Chine et la Russie font désormais tandem. Elles sont décidées à « détrôner » l’hyperpuissance américaine. L’Union Européenne pourrait arbitrer cette course au pouvoir aux conséquences imprévisibles en Afrique noire…
Baudouin Amba Wetshi