Est-ce une trêve? Est-ce un repli tactique? En tout cas, les « modérés » semblaient avoir pris un certain ascendant, dimanche 28 juin, sur les « jusqu’au-boutistes » et autres « caudataires » qui rampent derrière « Joseph Kabila ». La veille, les « durs » de la mouvance kabiliste étaient vent debout. Ils se disaient prêts à appeler à une sorte de « guerre sainte ». En cause, l’interpellation du ministre de la Justice, Célestin Tunda Ya Kasende, par des policiers chargés d’exécuter un « mandat d’amener » émis par le procureur général près la Cour de cassation. Il est suspecté d’avoir commis un « faux ».
Contre toute attente, le très falot Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba s’est fendu, samedi 27 juin, d’un communiqué lu par son chargé de la communication et porte-parole. A la lecture, on est stupéfait par des propos outranciers de la part d’un vieux routier de la politique. Secrétaire permanent du PPRD, Emmanuel Ramazani Shadary, lui, exigeait sur RFI que les kabilistes gouvernent le pays dans le cadre d’une « cohabitation ».
Dimanche 28 juin, la mouvance kabiliste dite « Front commun pour le Congo » a réuni ce qu’elle appelle la « conférence des présidents ». L’ordre du jour n’a porté que sur un seul point: « analyse froide » des événements politiques survenus au cours de ces dernières semaines.
Dans son mot introductif, Néhémie Mwilanya Wilondja, coordonnateur du Fcc/Pprd, s’est empressé d’inviter les participants à procéder à une évaluation du chemin parcouru par la coalition depuis le 24 janvier 2019. La finalité est de « tirer les conséquences qui s’imposent ». Il semble que l’opinion sera fixée dans les jours à venir. Devrait-on parler de reculade?
« ARRESTATION ARBITRAIRE ET SAUVAGE »
En attendant, « Néhémie » n’a pas trouvé des mots assez durs pour fustiger l’interpellation du ministre de la Justice, Célestin Tunda Ya Kasende. Pour lui, on assiste à une « désacralisation » des institutions et autres organes politiques détenus par des personnalités étiquetées Fcc/Pprd.
Selon Mwilanya, le Fcc/Pprd condamne fermement cette « arrestation arbitraire et sauvage ». Après avoir utilisé le « nous » pour condamner le sort réservé à Tunda, le coordonnateur de la mouvance kabiliste changea de fusil d’épaule en revenant à la première personne du singulier. « Je ne sais pas si les gens peuvent encore se ressaisir pour respecter les institutions et la Constitution dans tout ce qu’il y a comme façon de procéder ».
FELIX TSHISEKEDI MÉPRISÉ PAR LE FCC
Au cours de cette « conférence des présidents » de la mouvance kabiliste, le coordonnateur du Fcc/Pprd qui est juriste de formation n’a pas osé contextualiser le problème. C’est à croire qu’il a redouté d’effleurer l’élément déclencheur de l’interpellation du ministre Tunda Ya Kasende. Oubli? Mauvaise foi?
Il n’est pas sans intérêt de rappeler que dans son communiqué quelque peu « va-t-en-guerre » publié samedi 27 juin sous la signature de son porte-parole « à la suite de l’arrestation arbitraire » du ministre Tunda, le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba s’est longuement attardé sur les déboires judiciaires de ce membre du gouvernement. Pire, il s’est cru en droit de demander – sur un ton de sommation – au chef de l’Etat de saisir le Conseil supérieur de la magistrature pour sanctionner les magistrats « qui ont procédé à l’arrestation arbitraire du ministre de la Justice ». Ici aussi, pas un mot sur la cause profonde de la problématique.
Depuis la passation du pouvoir dite « pacifique » entre « Joseph Kabila » et Felix Tshisekedi, les kabilistes avaient la conviction que celui-ci allait se plier à leurs quatre volontés. Au motif, disaient-ils qu’ils lui ont « donné le pouvoir ».
Les premières « attaques » contre « Fatshi » ont fusé durant les sept mois de la formation du gouvernement. Il était reproché au nouveau chef de l’Etat de faire traîner la mise sur pied de l’exécutif. Qui oubliera les quolibets d’un certain Henri Magie wa Lufetu dont la mission était manifestement de ridiculiser « Felix » ? L’acte reproché au ministre de la Justice est révélateur de ce dédain ambiant.
LE FCC/PPRD A PERDU L’OPINION
L’opinion attendait ce dimanche 28 juin que le Fcc/Pprd aille jusqu’au bout de sa logique claironnée depuis quelques jours en annonçant la fin de la coalition avec le Cach. Et de lever l’option pour une « cohabitation ». « Le Fcc a compris que les conséquences seront désastreuses pour tous, commente un analyste. Le Cach ne doit pas baisser la garde. Il doit rester vigilant ».
Sur son compte Twitter, le Pprd Patrick Nkanga Bekonda, qui semble se ranger dans le camp des « modérés » écrit: « La stabilité de l’Etat vaut plus que les vues militantes du Pprd, de l’Udps, cach ou encore du Fcc ».
Le coordonnateur du Fcc/Pprd qui fait partie des « faucons » fait penser à un ancien homme politique belge – Achille Van Acker pour ne pas le citer – à qui on attribue cette phrase: « J’agis et je réfléchis ».
Néhémie Mwilanya Wilondja feint d’ignorer que la mouvance kabiliste et son « autorité morale » ont perdu l’opinion. Le rejet unanime des trois propositions de lois initiées par les députés Aubin Minaku et Sakata en témoigne. Un peu d’humilité et de sagesse ne ferait pas de mal…
B.A.W.