Congo-K: La « guerre » des « prétendus » enfants de Mzee LD Kabila

Depuis le 13 mai, une vive agitation est perceptible à la ferme de Kingakati, la seconde résidence de « Joseph Kabila ». L’ex-Président est dans tous ses états. En cause, l’affaire Mukuna et surtout l’intervention, vendredi 15 mai, du nommé Ibrahim Kabila à l’émission « Bosolo na politik ». Ce jeune homme prétend, non sans pertinence, être un des « enfants biologiques » du défunt président Laurent-Désiré Kabila. Aussi, exige-t-il le test ADN afin de savoir qui est l’enfant de Mzee et qui ne l’est pas. Au lieu de s’arrêter là, il apporte bruyamment son soutien au mouvement « Eveil Patriotique » qu’anime l’évêque Pascal Mukuna dont un des thèmes favoris est la réouverture du procès sur l’assassinat le 16 janvier 2001 du président LD Kabila. Contre toute attente, « Kabila » a commandité l’enlèvement d’Ibrahim par des hommes armés non identifiés. La filiation à LD Kabila et la recherche de la vérité sur la disparition de Mzee seraient-elles devenues des questions de vie ou de mort?

Israël Mutombo (gauche) et Gilbert Bilady (droite)

Les internautes de la terre entière ont suivi, dès jeudi 21 mai, la « communication » faite par le vice-président de la chaîne de télévision kinoise Congowebtv, Gilbert Bilady. Celui-ci réagissait au point de presse tenu mardi par Israël Mutombo, l’animateur de l’émission « Bosolo ne politik » qui ne sera plus diffusée par le canal de ce média. Le numéro 2 de Congowebtv a justifié le bien-fondé de cette oukase.

Selon lui, lors du passage de Pascal Mukuna le 4 mai dernier à ladite émission – au lendemain de la diffusion sur les réseaux sociaux de la fameuse sextape -, les « services de sécurité » avaient contacté la direction de cette chaîne en exigeant l’interruption de la diffusion. « Nous avons résisté jusqu’au bout », a déclaré Gilbert Bilady.

Le 13 mai, Mukuna a été convoqué au parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe. Pendant qu’il était auditionné par l’avocat général Samy Bunduki, la machine à propagande du FCC/PPRD s’est mise en marche en alignant à l’extérieur quelques « jeunes dames », sans enthousiasme, qui portaient des masques. Chacune d’elles brandissait une feuille de papier A4 sur laquelle était écrit: « Mukuna, il mérite la prison »; « Mukuna faux pasteur »; « Mukuna un pasteur violeur ».

Sur les réseaux sociaux, on voit au même endroit une jeune dame, entourée notamment d’un avocat, s’adresser à la « presse ». Elle soutient faire partie de la « grande famille » de Mzee Kabila. A la question de préciser le lien de parenté, un petit sourire tient lieu de réponse. « Nous sommes venus porter plainte contre Pascal Mukuna afin qu’il nous donne (sic!) celui qui a tué Mzee », dit-elle. Il semble que c’est bien cette locutrice qui aurait incité le nommé Ibrahim Kabila à se faire inviter à « Bosolo na Politik ». Et ce au motif qu’il ait flairé la « manipulation » pour n’avoir reconnu aucun visage familier de la famille du défunt Président.

JOURNALISME DE CONNIVENCE?

Le vendredi 15 mai, l’invité attendu à « Bosolo na politik » dit s’appeler Ibrahim Kabila. A en croire le vice-président de cette chaîne, dès le matin, des « hommes lourdement armés en tenue civile » ont fait irruption au studio pour empêcher la réalisation de cette production. Après une « longue discussion » entre ces « visiteurs » et « Israël », l’émission a finalement démarrer. Pour Bilady, il ne fait l’ombre d’un doute que l’animateur de l’émission connaissait ces hommes armés.

Et d’ajouter avec indignation: « L’invité est arrivé sans savoir qu’il y avait un individu lourdement armé dans les coulisses pour lui ». Il faut bien reconnaître qu’un moment donné Israël Mutombo a troublé les spectateurs en posant des questions tendancieuses sur l’identité, le parcours. C’est à croire qu’il agissait sous la dictée de « quelqu’un ». Avait-il déjà reçu « copie » de la plainte émise par Mugalu? Sur les réseaux sociaux, certains internautes n’ont pas hésité de parler de « journalisme de connivence ».

LD Kabila (gauche) et Ibrahim Kabila (droite)

Lors de son intervention, Ibrahim a affirmé avec force qu’il est « le fils de Mzee » égratignant, au passage, Mugalu dont le rôle consistait, selon lui, « à détruire la famille de Mzee » alors qu’il « connaissait tous les enfants » du défunt Président. Il poursuit: « Dès que vous dites être fils de Mzee, Joseph Kabila vous fait arrêter avec son complice Mugalu ». « Tous ces gens comme Mugalu ont trahi Mzee et auront des comptes à rendre ».

« Enlevé » à la sortie du studio, Ibrahim aurait connu un sort incertain n’eut été le chahut fait par les conducteurs de moto-taxis, les fameux « Wewa ». D’après lui, ses « ravisseurs » avaient pour mission de le conduire à la ferme de Kingakati. Ils finiront par l’amener à l’Inspection provinciale de la police nationale pour la ville de Kinshasa, chez le général Sylvano Kasongo.

Pourquoi suis-je emmené à la police? Qui est le plaignant? A ces deux questions, un policier brandit un téléphone en direction d’Ibrahim. La plainte datée du 15 mai 2020 a été envoyée par WhatsApp. Le plaignant s’appelle Théodore Mugalu wa Mahingu, ancien chef de la maison civile du chef d’Etat d’alors. « C’est devant moi que les policiers sont allés imprimer le texte », raconte-t-il.

L’objet de la plainte déposé auprès du général Kasongo surprend: « Plainte à charge du criminel Ibrahim Bakenda, alias Ibrahim Kabila ». La présomption d’innocence est méconnue.

Dès le premier paragraphe, Mugalu étonne davantage: « En ma qualité de chef de famille de Mzee LD Kabila (…), j’ai le devoir de porter plainte contre M. Ibrahim Bakenda, autoproclamé Ibrahim Kabila, pour calomnie, imputation dommageable, désertion de l’armée nationale (…), port d’armes illicites, nombreux crimes à mains armées à Lubumbashi et à Kasumbalesa, ainsi que faux et usage de faux ».

Dès le 18 mai, le substitut du procureur près le tribunal de grande instance de Kinshasa, Gilbert Mwamba Mwamba réagit et convoque Mugalu le mardi 19 mai à 13h00 « pour une communication relative à l’instruction du dossier judiciaire RMP.15.103/PRO 21/020/MG ouvert à charge de l’inculpé Ibrahim Kabila Tuaric, sur votre plainte ».

Théodore Mugalu

Il importe de faire quelques observations. Primo: en traitant la plainte de Mugalu avec célérité, le magistrat Gilbert Mwamba Mwamba vient de confirmer l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire par des caciques du FCC/PPRD. Secundo: dans sa plainte, Mugalu, natif de Kongolo, s’est affublé du titre usurpé de « chef de la famille de Mzee » – LD Kabila est originaire d’Ankoro, à Manono – sans démontrer le lien de parenté encore moins l’acte qui lui confère cette qualité. Notons qu’il y a près de 400 kilomètres qui sépare Manono de Kongolo, dans la province de Tanganyika. Enfin: En dehors des griefs tels que la « calomnie » et « l’imputation dommageable » qui sont discutables, on se demande bien si Mugalu n’a pas confondu la plainte avec la dénonciation. Ibrahim, lui, attend toujours la confrontation avec son accusateur.

Lundi 18 mai, Ibrahim Kabila, via ses avocats Innocent Mulamba et Patient Mputu du cabinet Kupa et associés, a, à son tour, porté plainte contre l’ancien chef de la maison civile de « Kabila » pour: association de malfaiteurs, tentative d’assassinat, arrestation arbitraire, extorsion et enlèvement. « Qu’après son arrestation, ces hommes lui ont ravi une somme de $ 10.000, montre homme, chaussures, téléphone et d’autres documents qu’il possédait », peut-on lire.

Cinq jours après le dépôt de cette dernière plainte, Ibrahim attend toujours une hypothétique convocation du parquet. Les caciques du FCC/PPRD seraient sans doute des « intouchables ». Sur les réseaux sociaux, la machine de propagande et de manipulation du « clan kabiliste » est à nouveau en marche. Des vidéos sont enregistrées. Dans l’une, on voit le demi-frère de Mzee. Nom: Dieudonné Kasongo. Celui-ci est tiré de sa médiocre condition pour contester la filiation d’Ibrahim à Mzee. Dans une autre, une certaine « Da Getou Kabila » fait de même. Selon elle, Ibrahim s’appelle plutôt « Alain ». « Il conduisait des camions de Mama Kibawa, la soeur ainée de Mzee », souligne-t-elle. Combien a pu coûter ces « témoignages sur commandes »?

Jusqu’à quand la fratrie « Kabila » en l’occurrence « Joseph », « Jaynet » et « Zoé » comprendront que les autres enfants de LD Kabila ont droit à une existence paisible? Jusqu’à quand vont-ils continuer à faire la « guerre » à tout prétendant à une quelconque filiation avec Mzee? Quid des biens laissés par le défunt? « Les Congolais n’ont pas oublié que le général-président Joseph Kabila est une énigme. Il a été proclamé ‘Mulubakat à 100%’ à la veille de l’élection présidentielle de 2006 par le Grand Chef des Luba du Katanga Kasongo Nyembo », résume un confrère lushois.

 

B.A.W.

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